Si l’entreprise Courage Compétition n’est plus active depuis plusieurs années, Yves Courage n’en reste pas moins un acteur du sport automobile, via sa structure Courage Classic située dans le Technoparc du Circuit des 24 Heures du Mans. La restauration de véhicules historiques est actuellement la seule activité d’Yves Courage et son équipe, mais cela devrait changer sous peu. Courage Compétition ne va pas pour autant renaître de ses cendres mais l’homme qui a fait ses premiers pas aux 24 Heures du Mans en 1977 va revenir aux affaires sur les circuits. Né en 1948 au Mans, Yves Courage a dédié plus d’un quart de siècle au sport automobile. L’aventure Courage Compétition s’est arrêtée en 2007 suite au rachat par ORECA. Yves nous a gentiment reçu pour un long entretien afin d’évoquer sa vision des 24 Heures du Mans 2014, mais aussi son avenir.
Quel est votre regard sur la catégorie LM P1 ?
« Il est compliqué de sortir un pronostic fiable. Toyota fait du très bon travail et maîtrise parfaitement la technologie employée dans ses LM P1-H. Pour Porsche, le recul n’est pas suffisant pour avoir une idée précise. Audi, c’est un peu comme Porsche dans les années 80. Au bout du compte, ils finissent toujours sur la plus haute marche du podium. Dans le passé, chaque constructeur faisait selon les technologies existantes. De nos jours, c’est autre chose. On construit de vraies usines pour de tels programmes. Sur le plan technologique, la nouvelle réglementation est très intéressante. »
Il reste tout de même peu de place pour les équipes privées…
« Cela devient très compliqué de construire un châssis LM P1. Auparavant, il était possible d’avoir une LM P1 issue d’une LM P2 tout en étant compétitif et sans grosse modification. Maintenant, le coût d’une LM P1 est devenu énorme. Personnellement, je suis convaincu du bien-fondé de la catégorie LM P1-L. En revanche, ce n’est pas évident à ajuster car actuellement il n’y a qu’un seul concurrent, qui plus est assez loin des LM P1-H. »
La catégorie LM P2 reste l’une des solutions…
« Oui sauf que l’on ne peut plus faire d’évolutions sur les autos. Cependant, la formule fonctionne et cela nous donne des courses très serrées. Lors des premières années, celui qui terminait gagnait la course. Ce n’est plus le cas aujourd’hui avec des courses disputées jusqu’à l’arrivée. C’est une grosse satisfaction pour moi de voir que des châssis d’origine Courage roulent toujours, mais surtout gagnent toujours. Selon moi, la durée de vie moyenne d’une LM P2 était d’environ trois ans. »
L’arrivée de LM P2 fermées ouvre une nouvelle ère ?
« Il est clair que l’on va en voir de plus en plus, ce qui est un atout pour la sécurité. De plus, les LM P2 fermées sont de jolies autos mais cela rend le développement aéro plus compliqué à mettre au point. Il y a de plus en plus de petits détails sur les autos. Le toit doit contribuer à faire fonctionner le dessous de la voiture. Je pense que 2015 va être intéressant avec de nouvelles autos. »
A quand un retour d’Yves Courage sur les circuits ?
« Nous travaillons toujours sur différents projets. Le monde a changé et cela devient de plus en plus compliqué. Notre objectif était de revenir en LM P1 mais sans l’appui d’un constructeur, c’est tout bonnement impossible. Nous discutons avec des gens avec qui nous voulons amener un vrai projet. »
L’idée est de revenir en tant que constructeur ?
« Il nous faut tout d’abord démarrer un programme afin de remettre une équipe en route. Il ne faut surtout pas négliger les équipes d’exploitation. On doit empiler pierre par pierre. L’idée est de développer une équipe autour de cela. Il y a neuf chances sur dix pour que cela ne soit pas en prototype et ce qui est certain, c’est que ce ne sera pas sous le nom Courage Compétition. Il faut reconstruire les choses et cela pourrait passer par une bonne équipe GT3 avec du Pro-Am. Comme je l’ai dit, il y a plusieurs projets en cours, dont un lié à un constructeur. On a beaucoup travaillé pour trouver des partenaires. Pour nous, ce n’est qu’une première étape avant un retour au Mans. »
Les 24 Heures du Mans restent un objectif ?
« L’idée est de trouver un partenaire pour revenir au Mans. Il faut faire ses preuves ailleurs avant ce retour. »
Ce retour en compétition est prévu pour 2015 ?
« Dès 2014, l’objectif étant de préparer 2015. »
Quid du LM P3 ?
« On regarde de près mais comme tout le monde, nous sommes dans l’attente du règlement. On sait comment fabriquer et pour quel coût. Les LM P3 seront plus des LM P2- que des CN+. La philosophie de cette nouvelle catégorie me plaît bien. C’est à l’image de ce que j’ai connu à l’époque avec les Formule Renault lorsque les châssis carbone sont arrivés. »
Les photos de Courage Classic sont ici