Lancé il y a seulement deux ans, le Duqueine Engineering a vite pris de l’ampleur dans le paysage du sport automobile national. La scène française étant quasiment réduite à néant, l’écurie dirigée par Yann Belhomme brille à l’international en European Le Mans Series où deux Ligier JS P3 sont de la partie. Duqueine Engineering pensait bien repartir d’Autriche avec les 25 points de la victoire pour les 3D, à savoir David Droux, David Hallyday et Dino Lunardi. Il aura manqué un rien lors d’un ravitaillement pour que le trio passe finalement de la 1ère à la 2ème place quelques heures après l’arrivée. Ce contretemps ne va que renforcer l’envie de briller sur les trois manches restantes. A mi-saison, Yann Belhomme dresse le bilan des débuts du team en LM P3.

C’est forcément la déception qui prime en repartant du Red Bull Ring ?

« Le premier sentiment après ce meeting du Red Bull Ring est bien sûr la déception. Nous sommes des compétiteurs et perdre une victoire pour moins d’une seconde est forcément rageant. Nos trois pilotes le méritaient vraiment et nous sommes désolés pour eux. En prenant du recul, il faut retenir le positif avec ce premier podium en ELMS et la deuxième place au championnat de la #19, qui permet de conserver de sérieux espoirs pour la suite de la saison. C’est notre première année en ELMS et se battre pour la victoire en course comme au championnat reste une belle satisfaction. Le week-end a été plus compliqué pour la #20 dont l’équipage a connu un remaniement avec l’arrivée d’Antonin Borga. C’est un trio qui dispose de très peu d’expérience sur ce genre de voitures et leur progression continue comme on a pu le voir avec l’excellent double relais d’Eric Clément qui a réalisé de très bons chronos. Lonni Martins et Christophe Hamon découvraient, eux, la R.S.01 et tout s’est très bien passé. Avec un peu plus de repères, ils pourront très vite se montrer performants. Nous sommes très heureux de la confiance de Renault Sport dont nous exploitions une des autos ce week-end en faisant rouler Diego Mejia et Ben Anderson. C’est enrichissant de faire la connaissance de pilotes venus d’autres horizons et travailler avec le département course d’une marque aussi importante dans le sport auto que Renault est une forme de reconnaissance pour tout le travail accompli par Duqueine Engineering. Les vacances vont être courtes et nous aurions préféré partir avec une victoire… C’est le sport, on va se remettre au travail pour revenir plus forts au Castellet. »

Aucun regret à être passé en LM P3 ?

« Pas le moindre. La catégorie LM P3 est intéressante à plusieurs niveaux. Il y a un vrai enthousiasme de toute l’équipe pour ce programme LM P3. Pour la petite histoire, les débuts de Gilles (Duqueine) dans l’auto ont été compliqués à Nogaro. Il avait la possibilité de revenir en GT mais vu que c’est quelqu’un qui aime les challenges, il n’a pas abdiqué. Gilles a beaucoup roulé en essais et si on lui demandait de rouler à nouveau en GT3, il refuserait. Une LM P3 demande un temps d’adaptation car le pilote dispose de moins d’artifices que dans une GT3. Pour résumer, il faut de la patience et du courage. Le coût mécanique est moindre mais il faut plus de personnel. Avec le programme Renault Sport R.S.01, le staff Duqueine Engineering est de 22 personnes sur les circuits. »

Vous faites partie des équipes qui ont le plus roulé durant l’hiver. Forcément un avantage…

« Sans les essais hivernaux, le début de saison aurait été plus compliqué. La Ligier JS P3 est assez facile à prendre en mains. C’est tout de même plus compliqué pour aller chercher le dernier dixième. C’est le cas dans tous les sports. En Blancpain GT Series, on roule face à des constructeurs déguisés. Ici, tout le monde est logé à la même enseigne. Il n’y a pas d’histoire de BOP. Le package technique est bon. Le travail se fait avec l’équipe et les pilotes. »

Devant l’arrêt du Championnat de France GT/Protos, il a fallu trouver une alternative pour les pilotes ?

« Nous avons trouvé une solution pour Christophe Hamon et Lonni Martins avec un programme en Renault Sport Trophy. Le souci est que nous arrivons en cours de saison parmi des équipes très affûtées. Nous avions avec nous Aurélien Comte qui est un pilote fantastique. On cherche ce qu’on peut lui faire faire. Il y a aussi Valentin Simonet, Pierre Sancinena et Sébastien Dumez. On ne sait pas quoi leur proposer à ce jour. Le challenge de la France était intéressant. Maintenant, que peux-t-on attendre d’un Championnat de France ? »

Le team reste ouvert au GT4 ?

« Si nous avons de la demande et que le programme est bien ficelé, pourquoi pas… On va suivre l’évolution des choses. »

On peut voir les Ligier JS P3 sur d’autres courses ?

« Tout est ouvert. L’idée serait d’aligner la troisième auto en ELMS au Paul Ricard avec Gilles dans le baquet. Pour le reste, la VdeV Endurance Series et les 12 Heures d’Abu Dhabi sont dans le viseur. »

Comment se passe l’arrivée en Renault Sport Trophy ?

« Nous faisons rouler deux Renault Sport R.S.01, dont une en exploitation. Le championnat est bien organisé et l’auto enchante les pilotes. Le produit est bon car c’est une alternative entre LM P3 et GT. »

Un passage en LM P2 dès 2017 fait partie des réflexions ?

« Combien d’années ART Grand Prix a roulé en F3 avant de passer en GP2 Series ? Il n’est pas prévu d’avoir un programme LM P2 la saison prochaine. Je tourne autour des autos, je regarde, je rêve (rires). Le LM P2 est à la fois un rêve et une cible. Chez Duqueine Engineering, on veut s’employer à faire les choses du mieux possible et ne pas aller trop vite. On solidifie, on construit les murs en largeur avant de construire en hauteur. »

Le centre de formation à Alès est lancé ?

« Il est ouvert et a accueilli ses premiers pilotes. Il permet de lancer de jeunes pilotes avec tout un panel en place : simulateur, Formule Renault, LM P3, R.S.01. »