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Volkswagen Group : Piëch out, Winterhorn in… Et maintenant ?

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Le départ soudain de Ferdinand Piëch de la présidence du conseil de surveillance du Groupe Volkswagen laisse craindre des changements dans l’organigramme de l’un des plus grands constructeurs mondiaux. La photo de groupe entre la famille Piëch et Winterhorn prise chaque année aux 24 Heures du Mans ne devrait donc pas se reproduire en juin prochain. Dans l’attente d’un nouveau président, l’intérim sera assuré par Berthold Huber. Martin Winterkorn (président du directoire), l’allié d’hier devenu l’ennemi d’aujourd’hui, pourrait bien prendre les commandes du conseil de surveillance en 2016. Matthias Müller, président du directoire de Porsche, pourrait succéder à Martin Winterkorn. Malgré son « éviction », Piëch restera toujours influent grâce aux 51% de droits de vote de la famille Piëch/Porsche au sein de Volkswagen sachant que Wolfgang Porsche, cousin de Piëch, s’est rallié à Winterkorn, de même que les représentants des salariés et du Land de Basse-Saxe. Lorsque Piëch a pris les commandes du directoire du groupe en 1993, VW perdait de l’argent. Neuf ans plus tard, la perte représentant l’équivalent d’un milliard d’euros s’était transformée en un bénéfice de 2,6 milliards avec une forte croissance autour des 12 marques de Volkswagen Group : Volkswagen Passenger Cars, Audi, Seat, Skoda, Bentley, Bugatti, Lamborghini, Porsche, Ducati, Volkswagen Commercial Vehicles, Scania et Man.

 Ferdinand Piëch, le progrès par la technique…

 Ferdinand Piëch est l’homme du « Vorsprung durch Technik », le slogan cher à Audi depuis bien des années. Dès son premier emploi chez Porsche, il a apporté sa patte en attachant une grande importance aux moindres détails. Il voulait développer les voitures de course les plus légères. C’est lui qui est à l’origine des disques de freins en béryllium et des pièces en titane sur les Porsche qui ont atomisé la concurrence en courses de côte durant des années. Le moteur douze cylindres de 560 cv de la Porsche 917, c’est lui aussi, la Porsche 917/10 turbo en CanAm, également. Son passage chez Audi se solde par l’avènement des transmissions intégrales quattro avec quatre titres mondiaux en rallye, sans oublier les succès en DTM. Le nom de Ferdinand Piëch est associé au sport automobile chez Audi. Son passage chez Volkswagen s’est traduit par une refonte de la marque qui comptait 28 modèles lors de son arrivée pour en compter 65 moins de dix ans plus tard. Le rachat de Bentley, Bugatti et Lamborghini, c’est aussi Piëch.

 On doit en grande partie les nombreuses saisons d’Audi Sport en Endurance, notamment les débuts du diesel en LM P1. Le Dr Wolfgang Ullrich, patron d’Audi Sport, se souvient : « Lorsque nous avons informé nos fournisseurs sur le projet diesel, ils nous ont demandé si nous ne voulions pas passer notre chemin. C’était un gros risque. Nous le savions, mais si Audi n’avait pu réussir cet exploit de pionnier, qui aurait pu ? » Ferdinand Piëch a beaucoup œuvré au programme Endurance de la marque aux quatre anneaux.

 Martin Winterkorn, né lui aussi en 1947, a moins l’étiquette de passionné de sport automobile. Cinquante-huitième personne la plus influente dans le monde d’après le classement Forbes (2014), Winterkorn a longtemps été couvé par Piëch mais l’idylle a tourné à l’affrontement ces derniers temps depuis que ce dernier a retiré tout son soutien au président du directoire. « Piëch a unilatéralement plongé l’entreprise dans les pires turbulences possibles » confiait il y a quelques jours un représentant des salariés.

 Quid des programmes sportifs ?

 Si pour le moment Volkswagen Group doit régler ses soucis en interne, ces changements vont-ils impacter les différents programmes sportifs ? La question de la Formule 1 raisonne depuis longtemps mais tant que Piëch était aux commandes, la réponse était niet. Le Board va-t-il laisser se battre deux marques du groupe entre elles en LM P1 ? L’appel de la F1 sera-t-il plus fort ? Certes, la F1 n’est pas au mieux se sa forme mais elle reste la discipline reine. Mercedes se dit ravi des retombées même si elles ne sont pas quantifiables en termes de ventes. La F1 est diffusée dans 200 pays pour une couverture de 31 000 heures. Les pays les plus assidus sont dans l’ordre Espagne, Italie, France, Angleterre, Allemagne, Japon, Russie, Brésil, Amérique, Chine. Le site officiel F1.com est en augmentation de 24% pour dépasser les 50 millions de visiteurs uniques.

 Reste aussi le cas Stefano Domenicali dont la fonction inscrite sur la porte de son bureau est business manager. Recruté par Audi pour un emploi assez vague, l’ancien homme fort de Ferrari F1 est aussi chargé par la FIA de s’occuper de la commission Monoplace avec comme mission de mettre en place un vrai organigramme allant de la F4 à la F1.

 Il n’y a pas de raison apparente pour que ces changements à la tête du groupe mettent en péril les nombreux programmes sportifs à court terme mais quand il s’agit de faire des coupes franches sur le plan financier, les membres du Board peuvent être intraitables. On l’a vu chez Peugeot dans le passé. Dépenser des centaines de millions d’euros c’est bien, mais pour en rapporter combien… L’équation est claire ! Le Dr Wolfgang Ullrich a sans conteste des arguments imparables pour aller défendre ses projets, mais qu’en sera-t-il lorsqu’il sera parti, d’autant plus qu’il était certainement plus facile d’aller défendre la chose devant un vrai passionné de sport automobile comme l’est Ferdinand Piëch.

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