VdeV

Une année faste pour Vincent Capillaire avec VdeV, ELMS et Le Mans

24H du Mans 2014
0 Flares Twitter 0 Facebook 0 0 Flares ×

Vincent Capillaire a connu une année faste, avec un double programme V de V et ELMS/24H. Il décroche le titre pilotes dans le Challenge Protos VdeV Endurance Series à bord d’une Norma M20 FC du team TFT (4 victoires), une quatrième place au championnat European Le Mans Series (4 courses sur 5), sur une ORECA 03R du Sébastien Loeb Racing avec un podium à Imola et une victoire lors de la dernière manche à Estoril, et une première participation aux 24 Heures du Mans avec cette même ORECA Nissan du Sébastien Loeb Racing, récompensée par une quatrième place en LMP2, la huitième au général en compagnie de René Rast et Jan Charouz.  

Vincent, ce titre en VdeV Endurance Series, c’est un peu une revanche sur l’année dernière ?

« Un peu. En 2013, on termine vice-champion à égalité de points, battu pour quelques secondes dans la dernière course pour un problème de pot d’échappement, mon ami David Zollinger l’emportant au nombre de victoires. Mais c’était déjà un bon résultat (6 poles, 6 podiums). Partie remise en 2014, en repartant avec la même équipe, le même constructeur. On remporte le titre cette année, de belle manière avec quatre victoires, un podium et deux quatrièmes places. Une saison très solide malgré les changements de coéquipiers. Ce n’est pas toujours évident d’être dans l’incertitude à quelques jours d’une épreuve, puis de reconstruire – les procédures, les changements de pilotes, les baquets. …-. Mais on s’est accroché et le travail a payé. Sur le plus humain, ça a été vraiment une très belle saison, avec mon équipe, TFT, Tony Pereira, le patron de TFT, les mécaniciens, des relations de grande qualité. Sur le plan technique, il n’y a rien à démontrer, la performance a toujours été là, la #6 remporte le titre Gentleman et nos 3 voitures ont terminé toutes les courses, ce qui est fantastique. »

Norma8b

Pour revenir sur ces changements de coéquipier, William Cavailhes a arrêté pour des raisons professionnelles ?

« Oui, à mon grand regret. Il a fait quatre courses avec moi puis a eu ensuite des gros dossiers sur les bras qui l’ont empêché de poursuivre la saison. Je voulais vraiment partager ce titre avec lui… Frédéric Gelin a eu pour sa part un souci de santé, donc 10 jours avant Motorland, je me retrouvais sans coéquipier. On a rebondi avec Alain Ferté et Philippe Illiano. »

Alain Ferté, ce n’a pas été la plus mauvaise affaire…

« Excellente affaire tu veux dire, à tout point de vue. Trois courses, trois victoires, et il termine même quatrième du championnat avec les coefficients. C’est un gars extra. Philippe Illiano aussi a été très bien, c’est un excellent gentleman qui a rendu la fin de saison possible, c’est sur lui qu’a reposé cette fin de saison. Alain, est incroyable, à 59 ans je ne pense pas beaucoup de garçons qui le suivent en piste … Rapide, efficace, top. »

Votre association et vos succès ont d’ailleurs fait quelques jaloux…

GN2C0521

« Oui, c’est vrai. Je souhaitais rester dans l’esprit Pro/Am du V de V, en roulant avec Philippe. notamment. Je roule avec des gentlemen depuis 2 ans, et rouler avec deux Elite pour terminer, ce n’était pas vraiment mon idée, mais il y a eu des impératifs… Philippe n’a pas pu finir la saison, si je n’y allais pas comme ça, je n’y allais pas. Puis le règlement le permettait. »

L’an prochain, deux pilotes Elite, ce ne sera plus possible…

« Non, c’est vrai. On ne pourra pas rouler avec deux Elite uniquement. S’il y a un pilote Elite, il faudra obligatoirement un gentleman dans l’auto. D’ailleurs, c’est moi qui ai demandé cette modification. Il faut conserver cette notion Pro/Am, en V de V comme c’est le cas aux 24H (en GT et LM P2). Ces disciplines fonctionnent aussi grâce à ces passionnés qui ont des moyens et une bonne démarche. Ils s’associent à des pilotes rapides pour progresser. La symbiose entre des pilotes rapides et des pilotes qui ont des possibilités financières, font que ça fonctionne. »

Tu peux me parler un peu de TFT ?

« TFT, c’est une excellente équipe, sur la plan technique et sur le plan humain. Tony gère deux parties : d’une part l’équipe de course, engagée en VdeV Endurance Series et en NASCAR Whelen Euro Series (champion 2012 et 2013 avec Ander Vilariño), et d’autre part une partie formation « l’Ecole de la Performance », qui assure la formation de mécaniciens, un cursus post-ingénieur, sur les voitures de compétition, les motos, les moteurs. Et sur le plan humain, il règne une véritable osmose. C’est un bonheur de rouler avec eux. »

Combien de Norma M20 FC en 2014 pour TFT ?

« Il y avait trois Norma, on envisage peut-être d’en avoir une quatrième en 2015 et on reste avec Norma avec qui j’ai un lien assez proche et avec qui j’aime beaucoup travailler. Je dois vraiment donner un grand merci à Norbert Santos car il a forcément contribué à ces résultats et à ce titre. J’ai vraiment eu à cœur de défendre les couleurs du constructeur comme celles de l’équipe, donc un grand merci à Norbert et à TFT. »

GN2C8218

Sur la piste, est-ce que tu as constaté des différences entre les Norma et les Tatuus ou les Ligier ? Y avait-il  des circuits correspondant mieux aux unes ou aux autres ?

« Sans parler de circuits, je dirais qu’il y a différences dans certains virages.  La Tatuus a maintenant été fiabilisée, elle est parfaitement dans le coup dans la durée et en termes de performances. Ils ont fait de bons résultats et ils terminent avec un podium à Estoril, une belle récompense pour Extrême Limite. La Ligier a également fait d’énormes progrès. Dans certaines portions, notamment les virages lents, la Ligier est bien, en terme de motricité aussi. Après, la Norma conserve peut-être un avantage sur la partie aéro, mais c’est vraiment un beau boulot de fait de la part d’Onroak et de Ligier qui a été réalisé. L’auto est dans le coup aujourd’hui. C’est vraiment sympa d’avoir cette bataille entre les constructeurs. Il est question d’autres autos, comme la Gibson, … 2015 s’annonce très disputé.”

Estoril, ça doit te faire des beaux souvenirs, entre le titre VdeV et la victoire en European Le Mans Series ?

MOTORSPORT : EUROPEAN LE MANS SERIES - 4 HOURS OF ESTORIL  (PRT) ROUND 5 10/18-19/2014

« Oui, ça permet de terminer la saison sur du positif. On arrive titré en V de V mais on avait  à cœur de garder le rythme. Super boulot de l’équipe une nouvelle fois avec une excellente stratégie. En ELMS, on accusait un petit manque de performances pneus en début de saison mais on a fait le choix de rester fidèle à Michelin. On savait qu’on pouvait bien travailler ensemble. Avec un podium déjà à Imola on a montré qu’on pouvait avoir des résultats et à Estoril, si on a vu qu’on n’était pas en mesure de jouer la qualif, on savait que dans la durée les autres pneumatiques se dégradaient plus vite là où nous, on pourrait continuer sur le même rythme et faire des doubles relais. C’est ce qui a fait la différence. Deux changements de pneus en moins, et on gagne, avec en plus un nouveau coéquipier, C’était vraiment une très belle récompense pour le Sébastien Loeb Racing. La saison n’a pas toujours été simple, mais cette victoire récompense un super travail d’équipe. »

MOTORSPORT : EUROPEAN LE MANS SERIES - 4 HOURS OF ESTORIL  (PRT) ROUND 5 10/18-19/2014

C’est vrai que tu as souvent changé d’équipiers, que ce soit en VdeV ou en ELMS…

« J’arrive à dix coéquipiers différents sur l’année ! Après Jan Charouz, René Rast, Arthur Pic et Andrea Roda, on accueillait Jimmy Eriksson à Estoril. Je le savais rapide pour suivre ses résultats en GP3 (et 1 titre en F3 Allemagne). Maintenant il était débutant en endurance. Du coup, dès que Jimmy est arrivé, je l’ai amené dans le  camion, j’ai mis ma casquette de coach et je l’ai briefé. Il a parfaitement fait le job. Il n’a fait aucune erreur, bon rythme, bonne gestion du trafic. On avait passé du temps sur les vidéos pour étudier un maximum de cas de figure (où dépasser, quelle auto,…); ça a porté ses fruits. Il avait déjà roulé dans des grosses voitures, donc ce n’est pas la puissance qui était un problème pour lui, mais plutôt l’endurance dans toute sa dimension. Super boulot de sa part. »

MOTORSPORT : EUROPEAN LE MANS SERIES - 4 HOURS OF ESTORIL  (PRT) ROUND 5 10/18-19/2014

Au niveau des châssis, as-tu constaté des différences entre les voitures ?

« On a vu que la Ligier avait un très bon niveau de performances dès ses débuts, aux 24 Heures. Maintenant on a vu que les « anciennes » étaient toujours là, que ce soit la Zytek ou l’ORECA. Certaines avaient des qualités par endroits, d’autres ailleurs…Il ne faut donc pas encore enterrer la Zytek ou l’ORECA. La Morgan était bien aussi, je pense que c’est assez équilibré, après il y a des choix de pneus, des choix de stratégie. Même au niveau des motorisations, c’était assez proche. Le Judd a beaucoup progressé, ça promet de belles perspectives l’année prochaine face au Nissan, avec en plus des nouvelles autos. »

Cette année, les 24 Heures du Mans, c’était pour toi un peu la cerise sur le gâteau ?

 MOTORSPORT : FIA WEC 24 HOURS OF LE MANS - LE MANS (FRA) 06/14-15/2014

« Exactement, un Graal…  si important pour moi, atteint grâce à de très nombreuses personnes et à un énorme investissement d’énergies depuis de longs mois pour ne pas dire des années. Tout a été possible grâce à la dynamique SO24! et ses personnes clés.

24 Heures du Mans 2014

C’est totalement grâce à cette dynamique que j’ai pu réaliser ce triple objectif: un objectif sportif bien sûr; un objectif professionnel puisque je bosse à 100% dans le sport auto; et un objectif de vie, je suis né au Mans, je vie au Mans et je travaille beaucoup au Mans toute l’année. C’est vraiment bien d’avoir été au départ, c’est très bien d’avoir été à l’arrivée, et parfait avec un bon résultat. J’avais une équipe extra, des supers coéquipiers, des mécanos ultra déterminés, un staff en béton qui n’a rien lâché et une auto fiable et robuste. »

Très près du podium même, avec cette quatrième place en LMP2…

« Les gens nous disent, vous étiez près du podium, et je leur dis, non, non, on est surtout parti de loin, et on est remonté à la quatrième place. C’est comme ça que je vois les choses. René Rast et moi, nous faisions nos premières 24 Heures, c’est la première fois que l’équipe s’engageait aux 24 Heures, donc huitièmes au classement général et quatrièmes en LMP2, c’est vraiment bien. Sur le plan humain, j’avais cet atout de ne pas courir « seul » puisque derrière moi il y avait une véritable vague orange avec toute cette dynamique SO24! qui m’a porté fort. On a reçu 1800 personnes dans la semaine, avec beaucoup de partenaires présents. On avait une tribune, et quand on passait, ils faisaient une ola, une vague orange, c’était fantastique. A aucun moment je ne me suis senti seul dans l’auto. « 

DSC_5831

Vous formiez un équipage très homogène…

« Au top! Essais et qualifs un peu difficiles, mais ce qui comptait c’était la course, dimanche 15h. J’avais confiance dans notre package châssis, moteur, pneus, équipe, coéquipiers. On a fait un super boulot jusqu’au damier. Il y a eu des moments magiques, des moments difficiles…Pour ma part, sur un relais de nuit, on a eu un souci d’équilibrage de pneus dans des valeurs hors normes, je me demandais qui allait lâcher entre l’auto et moi… du genre à perdre la vision au-delà de 150-180 km/h tellement ça vibrait, c’était un petit peu compliqué, alors à 300 je ne te raconte pas. Je voulais changer le set mais on m’a dit non, non continue, le rythme est bon. Klien est derrière toi, il ne remonte pas. Du coup triple relais, on a pu tenir le rythme, sans faire d’erreur. On aurait perdu plus de temps en changeant de pneumatiques…

58 1ER RELAIS credit TADEAS PRAGA

Mon premier relais également, ça a été un beau baptême du feu. On partait sur un double relais comme René pour commencer, avant les triples,… je suis resté 3h40 dans l’auto (près de 5 relais)! Il y a eu des petites averses, des safety, ça séchait, à nouveau ça retombait,… bref, connaissant l’état de la piste, mieux valait que je reste dans l’auto. Le rythme était bon, on a pas fait d’erreur. Merci à l’équipe pour sa confiance. »

Le package du Mans était très différent de celui de l’ELMS ?

« Oui. On arrivait avec un nouveau package aéro, de nouveaux pneus. Puis Le Mans, on raisonne V Max, stabilité, on a besoin de décharger l’auto, éliminer tout phénomène de pompage,… L’équilibre mécanique est sensiblement le même, adapté à la balance aéro et aux nouveau éléments (pneus/package aéro). Objectif trouver le bon compromis entre les lignes droites et les portions sinueuses, les virages Porsche, à mon avis le plus beau passage du circuit. On ne s’en est pas mal sorti. »

juliesueur_lm2014_course_071

Est-ce qu’il y a un pilote qui t’a particulièrement impressionné en LMP2 ?

« C’est dur à dire…Un Olivier Pla, pour moi, fait partie des meilleurs du plateau, LMP1 et LMP2 confondus. Dommage que leur course se soit écourtée. J’espère qu’il aura de bonnes nouvelles pour 2015. Il n’a rien à envier à aucun pilote. Sinon un Matt McMurry, à 16 ans qui boucle ses 1ères 24 Heures! »

Ton rôle de coach en dehors des courses, ça t’apporte beaucoup (NDLR Vincent est diplômé instructeur d’état et Entraîneur diplômé d’état – BP JEPS / DE JEPS et officie avec l’ACO sur le Circuit Bugatti, ce qui explique sa présence dans un stand aux côtés de la mythique Porsche GT1) ?

IMGP9107

« Il y a bien sûr une réciprocité. L’entraîneur apporte au pilote et forcément le pilote à l’entraîneur –je n’aime pas trop le terme de coach.  C’est un atout de travailler quotidiennement dans le sport auto, sur différents circuits, avec différentes autos, d’encadrer différents pilotes. Tu dois en permanence développer une réflexion sur le pilotage, et toute l’approche d’un pilote que ce soit sur le plan technique, physique ou mental. Les résultats de mes élèves ou mes résultats valident le fonctionnement de mes méthodes. La compétition est une sorte de vitrine de mes compétences. La course m’apporte une expertise pour encadrer mes pilotes.»       

Parlons un peu du programme 2015…

«En 2015, tout d’abord, je reste pilote So24! dont je continue à porter les couleurs avec une grande fierté. Je compte repartir en V de V pour défendre le titre. Je prends énormément de plaisir dans ce championnat, parfaite antichambre de l’endurance à haut niveau. On attend la catégorisation des pilotes pour former les équipages. J’ai également un objectif LM P2, avec probablement l’European Le Mans Series et les 24 Heures. On y travaille depuis plusieurs semaines. Les bons résultats 2014 ont ouvert de très bonnes discussions…

MOTORSPORT : FIA WEC 24 HOURS OF LE MANS - LE MANS (FRA) 06/14-15/2014

L’an prochain pour Le Mans, pour un équipage manceau, ça va être difficile pour l’instant. Un Séb Bourdais ce serait top dans l’auto, mais il est pris (IndyCar à Toronto). On travaille avec So24!, peut-être que ça pourra se faire en 2016, avec trois pilotes manceaux dans la même auto. Cela dépendra aussi de la catégorisation de chaque pilote. A suivre. L’objectif est toujours de progresser, de faire mieux. J’ai eu la chance d’expérimenter beaucoup de choses différentes cette année, autos, conditions, équipes, coéquipiers, mise au point,… J’ai capitalisé de l’expérience. J’ai envie d’aller plus loin. J’ai les crocs pour 2015, … »

 

Publicité

0 Flares Twitter 0 Facebook 0 0 Flares ×

Publicité

Sur le même sujet