Une page de l’Endurance américaine va se tourner ce samedi au Petit Le Mans avec la 171ème et dernière course des fameux DP (Daytona Prototype). Six autos étaient en piste aux 24 Heures de Daytona 2003 et elles sont encore quatre en Georgie cette semaine (Action Express Racing x2, VisitFlorida.com, Wayne Taylor Racing). Malgré un look assez spécial au milieu des années 2000, l’aspect visuel des prototypes américains a bien évolué au fil du temps. Il n’a jamais été question de les voir hors des Etats-Unis et surtout pas aux 24 Heures du Mans, les DP étant tout de même assez éloignées des standards européens. Pourtant, l’IMSA a réussi a équilibrer les DP face aux LMP2.
Pas moins de 103 châssis ont été produits en 14 ans avec 47 Riley (37 MkXI, 10 MkXXVI), 15 Crawford, 8 Coyote, 7 Doran, 6 Dallara, 4 Multimatic, 3 Lola, 3 Picchio et 2 Chase. Christian Fittipaldi est le seul pilote du plateau Petit Le Mans 2016 à avoir disputé la première et la dernière course des DP. Scott Sharp et Ozz Negri étaient déjà là en 2003, mais ils seront cette année sur une LM P2. Le Chip Ganassi Racing s’est imposé à 46 reprises, dont 44 fois avec Scott Pruett.
« Dans mes nombreuses années de WSC, GTP, Group C ou Group 5, c’est probablement la voiture de course la plus fonctionnelle sur laquelle j’ai été impliqué » a déclaré Mark Raffauf, qui a aidé au lancement de la plate-forme DP en GRAND-AM et qui travaille maintenant pour l’IMSA. « C’est aussi la voiture de course la plus dure sur laquelle j’ai été impliqué comme la plus fiable. » De six autos en 2003, le plateau est vite monté pour atteindre 30 autos au départ des 24 Heures de Daytona 2006.
« Aussi bien Jordan que moi avons fait notre palmarès en DP et c’est là que nous avons passé la majeure partie de notre carrière » a déclaré Ricky Taylor à Sportscar365. « C’est triste pour nous de les voir partir. Sur ce sujet, nous sommes de grands sentimentaux. Dans ma carrière, je n’ai pas piloté une tonne d’autos. C’est juste une voiture très agréable à piloter. Vous avez de belles sensations derrière le volant. » Le Wayne Taylor Racing a décroché 33 succès avec des DP.
Le sentiment de nostalgie est le même chez Michael Shank qui fête ses 250 départs sur un prototype : « Je suis très concerné par le sujet car le DP a fait mon équipe. Lorsque le concept est sorti en 2003, une équipe comme la mienne pouvait venir battre Penske, ce que nous avons réussi à faire. C’était la beauté de la catégorie. A cette époque, il était plus difficile de faire quoi que ce soit en ALMS parce que les autos étaient tellement chères. Avec le DP, vous pouviez avoir du succès au plus haut niveau. Je lui dois tout. Vous pouvez dire qu’il est laid ou lent, mais il a sauvé mon équipe de course. »
Double champion IMSA en titre chez Action Express Racing, Joao Barbosa regrette lui aussi la fin des DP : « C’est triste de voir la fin de cette ère prototype. C’est une auto qu’il fallait piloter. Vous pouvez aller sur les vibreurs, vous pouvez avoir des touchettes, mais vous pouvez toujours rouler sur un rythme élevé. C’est quelque chose qui va manquer l’année prochaine avec les nouvelles autos qui sont plus fragiles. Il faudra donc piloter différemment. »
Les Américains auront toujours une touche d’originalité l’an prochain avec les DPi basées sur les LM P2. « Il y a beaucoup de choses qui sont différentes de 2003 » concède Mark Raffauf. « Mais le concept de DP est ce que va être le DPi. Le concept est similaire, avec quatre châssis, tous faits plus ou moins de la même façon, avec différents moteurs et des éléments de carrosserie stylisés. Selon moi, ça ne meurt pas du tout. C’est juste que la chose s’est déplacée dans le temps. L’idée est toujours là et je pense qu’elle sera encore meilleure. »
Nous avons découvert en réel les DP aux 24 Heures de Daytona 2009 et on doit bien que l’on a été surpris par ces prototypes américains si éloignés de ce que l’on connaissait en Europe. Chaque année, c’était un plaisir pour nous d’aller en Floride voir un produit exotique que l’on voyait qu’une fois l’année. Quand on parlait aux pilotes européens de savoir si les DP pouvaient rouler au Mans, on nous regardait avec des grands yeux ouverts. Beaucoup trouvaient que les DP étaient lents, trop lents, et surtout pas très sécuritaires. En 2017, nous irons à Daytona sans ce petit goût d’originalité malgré la présence de DPi…