Premier rendez-vous manqué pour Benoît Tréluyer, Marcel Fässler et André Lotterer à l’occasion de la manche inaugurale du Championnat du Monde d’Endurance FIA (WEC) organisée à Silverstone le week-end dernier (19/20 avril). Toutefois, les trois équipiers Audi Sport quittent l’Angleterre au terme d’une épreuve riche en enseignements et porteuse d’espoir. À Spa, théâtre de la prochaine épreuve du WEC, le trio aura une revanche à prendre !
Dimanche à Silverstone. Quatre-vingt quatorzième tour de course. Benoît Tréluyer cravache pour remonter sur la Porsche de Brendon Hartley alors en troisième position. Le début de course n’a pas été des plus faciles pour le Français et ses équipiers Marcel Fässler et André Lotterer. Ayant pris le départ, ce dernier s’est vu contraint de défier les éléments en pneus slicks. Des conditions qui ont poussé l’Allemand à la faute et fait perdre un peu de temps à l’Audi n°2. À l’amorce du virage de Copse, comme il l’a toujours fait lors des tours précédents, Benoît mord le vibreur pour s’engouffrer dans la courbe rapide. Sauf que cette fois-ci, la manœuvre le propulse dans la barrière de sécurité.
« Normalement, s’interroge-t-il après coup, il y a du grip ! À priori, j’ai commis une faute mais, pour en être certain, nous allons éplucher les données. Lors de mon relais, les conditions de piste étaient difficiles, mais pas autant que celles affrontées par André.
Quand on regarde la vidéo, on voit bien que je suis sur le vibreur, mais lors des autres tours cela n’avait pas eu d’influence sur l’équilibre de l’auto. Je ne cherche pas à me couvrir, mais cela me paraît un peu étrange. Il y a 98% de chance que ce soit de ma faute, mais il faut vérifier les 2% qui restent ! »
Après avoir heurté les glissières, Benoît a fait tout son possible – et même plus – pour ramener la voiture au stand. Un geste d’un grand courage qui est allé droit au cœur des fans.
« J’ai beaucoup apprécié les nombreux messages sur Twitter, mais je n’ai fait que mon devoir, souffle-t-il. J’ai tout mis en œuvre pour reprendre la piste mais, au bout d’un moment, j’ai dû me rendre à l’évidence. Ce ne fut pas facile de renoncer car je voulais vraiment aller au bout de cette course. Quand je me suis rendu compte que je ne pouvais plus diriger la voiture, j’ai jeté l’éponge, la mort dans l’âme ! Si mon comportement a réjoui les supporters, j’en suis heureux et les remercie de leur soutien. Dans un moment comme celui là, c’est énorme ! C’est une source de motivation supplémentaire, non seulement pour moi, mais aussi pour toute l’équipe Audi Sport. »
Une écurie qui n’aura pas été récompensée de son audace lors de cette manche d’ouverture du Championnat du Monde d’Endurance FIA. Rester en pneus slicks au plus fort de l’averse aurait été des plus payants si la pluie avait cessé. Malheureusement, l’accalmie n’est jamais venue. Lucas di Grassi est parti à la faute au volant de la n°1, tandis qu’André Lotterer, sur la n°2, s’est sorti sans dommage d’une excursion hors piste dont il n’était pas responsable. Benoît, de son côté, n’a pas connu pareille chance.
« Je suis vraiment désolé pour l’écurie car la performance était là, regrette-t-il. Le championnat qui s’ouvre a l’air prometteur. Les trois constructeurs présents ont effectué un travail remarquable. Malgré des philosophies et des options techniques différentes, on les retrouve aux trois premières places sur la grille. Quant au début de course, il s’est révélé particulièrement intense. Évidemment, nous aurions pu nous passer des conditions météo difficiles pour ce premier rendez-vous. Après tout, nous – c’est à dire les constructeurs et la FIA – ne maîtrisons pas encore à 100% tout ce qui se passe. »
Aussi décevante pour Tréluyer et Audi soit elle, cette entrée en matière n’en est pas moins porteuse de grands espoirs.
« Nous étions en train de combler une partie de notre retard quand je suis sorti, souligne Benoît. Lors de mon relais, j’avais pu repasser la Toyota n°7, et nous visions le podium. Nous allons désormais mettre à profit les deux semaines qui nous séparent de la deuxième manche à Spa-Francorchamps pour tirer les enseignements de Silverstone. Avec tout ce qui s’est passé ce week-end, les mécaniciens ne vont pas avoir trop de temps pour embrasser leurs proches et j’en suis désolé pour eux. Mais nous sommes tous portés par la même envie… » Celle de retrouver la plus haute marche du podium !