Champion de France F3 en 2002 et vainqueur du GP de Macao la même année devant Heikki Kovalainen, Tristan Gommendy a débuté aux 24 Heures du Mans en 2003 au volant d’une Dome officielle où il a remporté deux distinctions avec le Prix Jean Rondeau et le Rookie de l’année. Après un passage en GP2 Series, direction les Etats-Unis avec le Champ Car avant de rejoindre la Superleague Formula durant quatre saisons.
Le Francilien revient en Endurance en 2013 chez Signatech-Alpine aux 24 Heures du Mans pour un one-shot. Place cette saison à un programme complet en European Le Mans Series chez Thiriet by TDS Racing. Vainqueur du premier rendez-vous à Silverstone en compagnie de Ludo Badey et Pierre Thiriet, Tristan s’est offert la pole aux 24 Heures du Mans sur la toute nouvelle Ligier JS P2. De quoi se refaire un nom dans le monde du sport automobile. Le titre ELMS est toujours possible et ses belles performances 2014 lui permettent d’entrevoir un bel avenir, avec pourquoi pas un retour dans la catégorie reine, après avoir testé une Audi il y a quelques années.
Quel est ton bilan personnel avant d’entamer le rendez-vous du Paul Ricard ?
« Après une saison partielle en 2013, la catégorie LM P1 était compliquée cette année. De plus, le LM P2 est sportivement intéressant. Les teams pour jouer devant sont plutôt rares et Thiriet by TDS Racing a été le premier à vouloir me faire confiance. Le feeling est passé de suite avec Xavier (Combet) et Jacques (Morello). Tout s’est enchaîné en seulement deux semaines. Avec Jacques, nous avons le même discours technique. TDS a la franchise d’être réellement en sport auto et de ne pas faire de politique. Leur philosophie, c’est la course. Les discussions sont ouvertes aussi bien sur le positif que le négatif. Tout le monde travaille sur soi-même. »
Passer de la Morgan LM P2 à la Ligier JS P2 a été facile ?
« Ce n’est jamais facile de changer de monture en cours de saison. Il y avait le doute du timing à propos de la Ligier car les 24 Heures du Mans arrivaient à grands pas. De toute façon, j’étais prêt à venir chez TDS. J’ai découvert la Morgan lors de la première course avec beaucoup d’incertitudes. On a su équilibrer l’auto en étant dans le coup dès le début des essais. Notre victoire n’était pas volée. J’ai roulé avec la philosophie d’un pilote de monoplace. Le niveau en ELMS est relevé et on ne peut pas se relâcher. »
L’entente avec Pierre et Ludo est parfaite ?
« L’osmose entre les trois est très bonne. Je suis un peu l’élément modérateur des trois (rires). L’ambiance est bonne mais ils savent faire la part des choses. Pierre et Ludo sont travailleurs et intelligents. Les échanges sont toujours très ouverts. Il est toujours possible de trouver un compromis pour aider l’autre en cas de problème. L’émulation est bonne. »
La suite en ELMS a été plus compliquée…
« Nous n’avons pas eu de chance à Imola avec quelques soucis de fiabilité. Cette victoire était pour nous. L’abandon au Red Bull Ring coûte cher sur le plan comptable. »
Le Mans a donné satisfaction avec une Ligier toute neuve ? Surpris de la pole et du résultat ?
« C’était une belle aventure humaine. L’équipe a reçu l’auto peu de temps avant la Journée Test avec un petit roulage à Magny-Cours. Le Thiriet by TDS Racing a fait du très bon travail dans le temps imparti. Entre la Journée Test et le début de la semaine mancelle, le team a bien fait évoluer la Ligier en collaboration avec Onroak Automotive. A trois, le roulage passe très vite. Lors des premiers essais qualificatifs, nous n’avions aucune idée de ce que nous pouvions faire. Il a fallu gérer le trafic et les neutralisations.
« Le jeudi, on commençait à perdre patience. On sentait que le potentiel était là. Le team m’a passé le message : « fais ce que tu peux ! ». Je me revois partir en piste sans trop savoir où nous allions figurer. Au bout de deux tours, on me dit que je suis P1. J’y croyais à peine. Beaucoup ont pensé que l’on a caché notre jeu alors qu’on était à bloc. Je suis très content de cette pole un peu particulière. J’étais satisfait pour moi mais surtout pour l’équipe. Tout le monde a travaillé main dans la main. On a navigué quatre jours dans le noir. C’était un peu comme une victoire. Jacques Nicolet était heureux, tout comme Guy Ligier. Rien que cette qualification était une aventure humaine. »
La victoire en course était possible ?
« Nous avons connu quelques pépins mineurs. Avant le départ, on aurait signé pour cette deuxième place. L’auto a tenu et on savait qu’il fallait être dans le rythme des trois premiers pour bien figurer. Je prends la Ligier P3 et je la ramène P1 avec 30s d’avance. Nous prenons une pénalité et on perd la course pour une poignée de secondes. L’équipe et les pilotes ne peuvent rien se reprocher. Le travail a été fait. On a toujours été devant même si on aurait aimé l’emporter dès la première course de la Ligier. »
Place maintenant à l’ELMS avec un titre à aller décrocher…
« Il nous reste deux meetings pour briller. Au Red Bull Ring, Pierre a fait un relais de folie en résistant à la pression de Pierre Ragues tout en ne tombant pas dans les pièges de Nelson Pancia. Ludo a été très solide et régulier en piste. Sportivement parlant, on jouait le podium. Les pilotes n’y sont pour rien dans l’abandon, de même que l’équipe. On ne peut rien y faire. Le job est là et le travail sera le même ce week-end au Paul Ricard. Il faut gagner les deux prochaines courses. »
Déjà des plans pour 2015 ? Un retour en LM P1 est possible ?
« Si Thiriet by TDS Racing a la volonté de me garder mais aussi la possibilité, je serai ravi de poursuivre à leurs côtés. Ce serait une hérésie d’aller ailleurs. J’ai vu par le passé que c’était positif de faire une deuxième année avec le même team. Les choses sont rodées. Pour ce qui est du P1, chaque pilote a l’objectif d’y arriver. Si je n’essaie pas, ce serait une faute professionnelle de ma part. Je veux faire mon sport et en vivre. Je suis agréablement surpris de l’accueil des équipes de la catégorie reine. Tout reste ouvert pour aller en LM P1… »