FIA World Endurance Championship

Toyota Gazoo Racing : Gros plan sur le spécialiste du “lifing”

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Après les mécaniciens dédiés aux pièces composites, les chauffeurs des camions et l’ingénieur météo de l’équipe TOYOTA GAZOO Racing, partons à la rencontre de Rüdi, le spécialiste du « lifing » soit la gestion de la durée de vie des pièces de la TS040 HYBRID…

Depuis quand travaillez-vous chez TMG ?

“J’ai commencé à travailler pour TOYOTA en 1992. A mes débuts, je travaillais au magasin de pièces puis j’ai eu la possibilité de changer pour aller sur le rallye et plus spécialement sur les essais dédiés au développement. Après cette période, l’équipe s’est engagée en Formule 1 et j’ai commencé à occuper le poste que j’occupe toujours aujourd’hui, responsable du « lifing », ce qui consiste à opérer un contrôle strict sur la durée de vie d’une pièce. C’est un travail complexe et très exigeant.”

En quoi consiste exactement le « lifing » ?

“Le « lifing » est très important. Il faut en permanence surveiller et contrôler la durée de vie de certaines pièces. La plupart des pièces ont une durée de vie limitée dans le temps et, naturellement, il est exclu qu’une de ces pièces puisse se casser brutalement. Ainsi, il faut gérer leur durée de vie tout en s’assurant qu’elles soient remplacées à temps. La plupart des pièces exigent cette gestion, c’est ce dont je m’occupe sur les deux voitures. Certaines de ces pièces sont essentielles en termes de sécurité et ne peuvent en aucun cas résister à une saison entière, c’est pourquoi je dois garder un œil de façon permanente et stricte sur leur durée de vie. Elles doivent être contrôlées très régulièrement. Après une course ou un test, quand nous sommes de retour à l’atelier, je fais un rapport et le transmet aux différents services concernés. Les différents services renvoient leurs recommandations en mentionnant les pièces qui doivent être changées. Chaque nouvelle épreuve me permet de créer un nouvel événement dans mon système de données et j’y stocke toutes les informations recueillies auprès des différents services et auprès du chef mécanicien de chaque voiture.”

Ce travail nécessite une très bonne connaissance de toutes les pièces de la voiture ?

“Oui, il est nécessaire d’avoir une bonne vue d’ensemble des différentes pièces détachées. Il est préférable de connaitre autant que possible la voiture afin d’être plus efficace et de pouvoir réagir rapidement. Il y a environ 950 pièces dans la voiture qui nécessitent la surveillance de leur durée de vie. Même si j’en ai une bonne connaissance, je peux aussi obtenir de l’aide auprès de l’usine et de certains de nos services.

En marge de cela, je suis aussi responsable des différentes pièces qui composent le châssis. Par exemple, sur un week-end de course, je dois vérifier que nous emportons tout ce dont nous avons besoin. Concernant le châssis proprement dit, j’ai environ 200 pièces différentes à gérer.”

Où êtes-vous installé pour gérer les pièces ? Avez-vous besoin d’être sur le circuit ?

“Pendant un week-end de course, je dois être sur le circuit, au plus près de l’équipe, voilà pourquoi je suis installé dans le camion de pièces détachées. Je réunis toutes les informations disponibles que j’introduis dans le système de données. Entre les courses, le travail est assez semblable mais s’effectue depuis le bureau, le recueil d’informations se fait auprès des ingénieurs, des chefs mécaniciens et du département R&D, puis tout cela est enregistré dans le système. Bien sûr, la plupart du temps je dois aussi rédiger des rapports sur ce que nous avons changé, ce que nous devons changer et ce qui devra être changé dans un futur proche. C’est une assez lourde responsabilité car si la durée de vie d’une pièce est dépassée, les conséquences peuvent être terribles. C’est avant tout un travail où il faut être très organisé.”

Utilisez-vous un logiciel spécifique pour gérer la durée de vie des pièces ?

“Oui, je dispose d’un programme informatique spécifique pour suivre le lifing. Un programme que je peux aussi utiliser en mode simulation. Ce système de données très spécifique est aussi utilisé dans la maintenance des avions ou des hélicoptères. Certaines grandes compagnies aériennes ont exactement le même logiciel de maintenance pour la gestion de la durée de vie des pièces de leurs avions. Comme j’ai été formé pour travailler sur ce système si particulier, je pourrais aussi travailler sur le même sujet dans le domaine aéronautique.”

Y a t-il une grosse différence entre la Formule 1 et l’endurance à propos de votre travail ?

“Pas vraiment. Le procédé et le processus sont les mêmes pour contrôler la durée de vie des pièces. La principale différence est leur durée de vie, plus courte en Formule 1 qu’en endurance. Mais de façon générale, le travail est le même.”

Pendant la course proprement dite, quel est votre rôle ?

“Pendant la course, je m’occupe du ravitaillement de la voiture # 1. Lors d’un arrêt au stand, mon rôle est de faire le plein de la voiture, en suivant les instructions de l’ingénieur de piste pour la quantité d’essence à embarquer. Il peut demander un ravitaillement complet, soit le plein ou un « splash », c’est-à-dire un ravitaillement très court, seulement deux ou trois secondes. En fonction du nombre de tours en course restants, du nombre de relais prévus et des conditions de piste, la quantité d’essence à ravitailler n’est pas indiquée en litres, mais en secondes. Par exemple, l’ingénieur de piste va demander un ravitaillement de 10, 15 ou 20 secondes. Sur la buse de ravitaillement, une horloge permet d’être aussi précis que possible. Bien que la gestion des pièces soit toujours la priorité, c’est très sympa de travailler sur la voiture pendant les courses, cela permet d’être au cœur de l’action.”

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