On a connu le poids, le handicap temps et maintenant la Balance de Performance. Ces trois lettres BOP restent le cauchemar de beaucoup. Stéphane Ratel, président de SRO, a coutume de dire que si tout le monde se plaint de la BOP, c’est qu’elle est plutôt bonne. Avec près de 15 marques en GT3, des architectures différentes, des moteurs atmosphériques et turbocompressés, l’exercice est pour le moins compliqué. Pourtant, le travail de Claude Surmont, le Mr BOP de SRO, est unanimement reconnu, d’autant plus que la Commission technique SRO a réparti les différents circuits utilisés en quatre groupes : peu d’appui (haute vitesse), appui moyen (haute vitesse), beaucoup d’appui (vitesse moyenne), appui moyen (basse vitesse). Si cette saison la BOP n’est guère contestée en GT3, c’est loin d’être le cas en GTE où les grincements n’ont cessé tout au long de la saison.
Nous sommes allés questionner Fred Makowiecki qui fait partie des pilotes qui ont tout connu : le poids en FIA-GT, le handicap temps en FIA-GT3, le poids en SUPER GT et la BOP traditionnelle en GTE. « Le poids a évolué selon les championnats » nous a indiqué le pilote officiel Porsche. « En FIA GT, on pouvait avoir jusqu’à 100 kg en fonction des résultats. Si on perdait, le poids ne diminuait pas. Il y a eu la période GT1 avec le poids sachant que si on ne terminait pas dans le tiercé de tête, on perdait une partie de ce poids. Le handicap-temps est incompréhensible pour le public et les partenaires. En SUPER GT, on cumule du poids en fonction des points au championnat. On perd la moitié du poids lors de l’avant dernier meeting pour rouler sans poids lors de la finale. C’est selon moi la meilleure solution dans un championnat réservé aux constructeurs où il n’y a pas de BOP. Au Japon, il est possible de faire du développement en cours de saison. Au final, c’est le meilleur qui gagne. La nouvelle réglementation devait permettre de réduire les écarts et les différences n’ont jamais été aussi importantes. » Les constructeurs rusent d’ingéniosité pour ne pas tout montrer.
« Il faut un cadre bien défini » poursuit Fred Mako. « A chaque fois qu’il y a eu une auto exotique, les problèmes sont arrivés. C’était le cas de la Maserati MC12 et maintenant de la Ford GT. Pour la MC12, le seul delta restait les pneumatiques quand la 550 Maranello roulait en Michelin et la MC12 en Pirelli. A iso pneu, ce n’était pas possible de rivaliser. »
Jérôme Policand, dont le Team AKKA-ASP exploite des Mercedes-AMG GT3, est satisfait du système mis en place en GT3 : « Quand j’arrive sur une course, je veux la gagner. C’est plus compliqué avec du poids. Si on gagne une course et que le poids augmente en conséquence, comment vais-je expliquer à mes partenaires qui feront le déplacement lors de la course suivante que je ne peux rien jouer. Une BOP n’est jamais optimale mais le système actuel permet de faire quelque chose. »
Le sentiment est identique du côté du Belgian Audi Club Team WRT. « On a débattu de ces questions depuis bien longtemps » nous a confié Pierre Dieudonné, directeur sportif de l’équipe belge. « Ce que nous avons fonctionne, alors pourquoi changer. Tout le monde a essayé les différentes formules. D’un point de vue éthique, le poids est le plus choquant. On ne met pas 1 kg dans les chaussures de Bolt pour qu’il aille moins vite. La base du GT3 est d’avoir des autos qui soient proches en performance. Ce qu’on a aujourd’hui fonctionne. La BOP en fonction des circuits a bien aidé même si le 100% parfait n’existe pas. SRO a mis en place un système dont personne ne se plaint. »
Bas Leinders, ancien pilote et qui défend maintenant les intérêts de McLaren GT, se montre lui aussi plutôt positif sur le système en place : « On ne peut pas crier au scandale. Bien entendu, certains circuits ne conviennent pas à notre auto. Peut-être que le Hungaroring n’était pas un circuit classé C (vitesse moyenne, beaucoup d’appui). Ce qui est sûr, c’est que le poids n’est pas la solution. Avec le système actuel, il y a la possibilité de briller sur chaque meeting. »
« Le poids est dangereux » nous a déclaré Renaud Dufour, directeur technique de HTP Motorsport. « Le handicap-temps est impossible à expliquer. D’une façon générale, la BOP actuelle donne une chance à tout le monde. Des autos sont avantagées sur certains tracés, d’autres tirent leur épingle du jeu sur d’autres. La BOP est bien gérée. Une équipe n’achète pas une auto en fonction d’une BOP. »
La Balance de Performance fait partie du paysage GT depuis bien des années et tous les systèmes ont plus ou moins été essayés…