Véritable pilote touche à tout, Stéphane Sarrazin fait partie des pilotes liés aux 24 Heures du Mans depuis de nombreuses années. Si ses débuts dans la Sarthe s’étaient soldés par un abandon en 2001, le natif d’Alès s’est bien rattrapé avec quatre podiums au général mais aucun sur la plus haute marche. Avec Kazuki Nakajima et Alex Wurz, l’équipage de la Toyota TS040 HYBRID est bien armé pour aller chercher ce succès tant attendu. Entretien…

 Impatient de prendre le volant ?

 « La pression monte petit à petit, et tous les pilotes ont hâte de rouler. Je suis serein et très en forme. Le début de saison du Toyota Racing a été positif. Le feeling avec l’auto est bon. TMG est surprenant sur le plan technique. On sent la démarche Formule 1. Pascal Vasselon est quelqu’un de pointu, qui fait dans le détail du détail. Tous les secteurs sont maîtrisés. Quand tu vas à Cologne, tu comprends très vite les choses. Cependant, il faut tenir la distance le jour J. »

 Selon toi, l’équipe a franchi un nouveau cap cette année ?

 « Clairement ! La nouvelle réglementation permet de mieux équilibrer les choses entre les différents constructeurs. Depuis Silverstone, tout le monde est groupé. Les quatre roues motrices nous ont donné un bon coup de boost. Toyota a clairement une avance sur le plan de l’hybride. »

 Toyota est en quelque sorte à l’origine de l’hybride…

 « C’est le premier constructeur a avoir proposé un modèle de série abouti en hybride. L’expérience de la série a servi pour la compétition. Pour une fois, on parle de transfert technologique de la piste à la route. Cela colle avec le marché actuel. »

Toyota Racing n’a jamais été aussi armé pour gagner ?

 « Déjà, fin 2013, nous étions dans le coup. Avec la TS040 HYBRID, on s’attendait à être dans le match. Cependant, Audi reste le favori logique. Ils ont tellement la maîtrise de cette course. Au bout du compte, ils gagnent ! Il faut que ça change… On a prouvé qu’on était là. Les simulations se sont bien passées mais tout sera remis à zéro samedi à 15 heures. Si tu veux gagner Le Mans, il faut juste mettre du carburant et changer les pneus. Nous avons réuni ces paramètres en 2013 mais nous n’avons pas gagné. C’est cela aussi ce qui fait Le Mans. »

 N’est-ce pas frustrant de devoir composer avec la consommation ?

 « C’est toujours un peu frustrant pour le pilote mais si l’équivalence est bonne, la frustration se dissipe vite. C’est une nouvelle approche et cela fait partie du système. Personnellement, je ne calcule plus et je n’y pense plus. »

Et les 1000 chevaux ?

 « (sourire). C’est tout bonnement hallucinant. C’est le pied total. Il est dommage que ce coup de boost ne dure pas plus longtemps. Si on pouvait en profiter plus longtemps, on dépasserait sans problème les 400 km/h sans les chicanes.”

 L’arrivée des Slow Zone est une bonne idée ?

 « Nous avons bien parlé du sujet lors du briefing. Tout était clair et carré. Il faut maintenant voir ce que cela va donner en pratique, notamment que des pilotes ne freinent pas dès l’annonce de cette slow zone. Les gentlemen sont souvent critiqués, mais sans eux, pas de 24 Heures du Mans. Ils font partie de l’échiquier. En tant que pilote, il faut parfois prendre son mal en patience. L’Endurance, c’est le trafic ! En revanche, pourquoi pas mettre en place un briefing particulier pour Le Mans. Cela permettrait d’aborder les différents sujets d’une façon plus pointue.»