SRO a souvent innové en termes de courses GT. Stéphane Ratel et son équipe ont amené des GT en Chine à Zhuhai du temps du BPR. Quelques années plus tard, SRO a fait connaître Dubai aux équipes GT avant d’aller en Argentine à San Luis, sans oublier les rues de Bucarest. C’est maintenant en Azerbaïdjan que SRO pose ses valises pour la finale FIA GT Series. La saison prochaine, le championnat FIA GT Series laissera place au Blancpain GT Sprint et la Blancpain Endurance Series se poursuivra avec un calendrier faisant dans la stabilité. SRO prend donc en main ses deux championnats GT majeurs. C’est donc un Stéphane Ratel heureux qui nous a accueilli à Baku.
Stéphane, quel est votre première impression sur ce Baku World Challenge ?
« C’est un bel événement dans un bel endroit. La ville de Baku est spectaculaire. La scène est très belle et le tracé tout aussi beau. Tous les ingrédients sont donc réunis pour avoir un meeting de qualité. La grille est au rendez-vous et il est impossible de savoir qui va l’emporter. Je pense sincèrement que c’est notre plus belle grille de départ depuis 2010. Il y a 20 autos en Pro-Cup et pas des moindres car toutes sont au même niveau. On avait besoin d’un tel meeting pour la finale. C’est pour nous une belle saison et je suis content de tout le travail effectué par toute mon équipe. »
Le FIA GT Series a donné satisfaction ?
« Il y a eu une baisse des engagés au cours de la saison mais cela tient à la nature du championnat. Les équipes ont tendance à être moins fidèles lorsque c’est du sprint. Ce n’est pas qu’elles ne veulent pas prendre part à un championnat complet mais les pilotes n’ont pas forcément un contrat sur l’ensemble de la saison. Les gens viennent pour faire des résultats. Certes, nous avons perdu quelques autos en vol mais l’objectif est rempli après une année 2012 assez difficile. Nous terminons sur une note positive à Baku. »
L’objectif est que Baku accueille la finale chaque année ?
« Dans ma carrière, j’ai connu beaucoup d’évènements de premier choix et SRO a souvent été en pointe sur le sujet. J’étais parti pour que ces belles épreuves durent dans le temps. Ce fut le cas à Bucarest, San Luis ou Dubai. Malheureusement, cela n’a pas fonctionné pour des raisons qui me sont étrangères. Il faut espérer qu’un jour Baku soit ancré comme un Macau. Ce n’est pas trop loin de l’Europe et c’est accessible. De plus, il y a un bon soutien pour les équipes. J’espère que ce rendez-vous deviendra un classique sachant que l’on espère bien que le GT va continuer sa croissance en Asie. A l’époque, nous voulions que Dubai devienne un rendez-vous incontournable mais la crise est passée par là. Baku est un « petit » Dubai. »
Parlons Blancpain Endurance Series. Le bilan est là aussi positif avec une grille qui se tient…
« On a atteint un zénith mais il faut être réaliste. Nous sommes un peu victimes de notre succès. On nous a reproché d’avoir trop d’autos et nous avons refusé de mettre des barrières. Pourquoi accepter telle équipe et pas telle autre. La sélection se doit d’être naturelle et je pense que ce sera le cas en 2014. L’objectif est d’avoir un peu moins d’autos en Blancpain Endurance Series et un peu plus en Blancpain GT Sprint. Le chiffre parfait serait 50 en Endurance et entre 26 et 30 en Sprint. »
Le mariage avec la FIA est consommé ?
« Ce n’est pas un divorce car nous entretenons toujours de très bonne relations. On peut par exemple avoir une BOP scientifique FIA et l’adapter à nos championnats selon les séries, les pneus ou les circuits. L’idée est là. Il nous a déjà fallu convaincre notre partenaire Blancpain de lancer ce nouveau championnat et ce n’était pas garanti. Les discussions ont débuté cet été. Il a aussi fallu avoir l’aval des constructeurs et trouver les promoteurs pour les circuits. Le feu vert a été donné et les conditions financières sont favorables. De plus, les primes accordées aux équipes en Sprint sont un atout supplémentaire. Ce n’est pas possible de mettre en place le même schéma en Endurance où il faut payer les circuits plus typés F1. La différence est juste économique. On a la chance d’avoir de beaux évènements et il est logique d’en rémunérer les acteurs. Pour ce qui est du plateau, c’est encore trop tôt pour avoir des confirmations mais l’engouement est bien réel. »
Le format des meetings sera le même qu’en FIA GT Series ?
« Oui avec deux courses d’une heure par meeting. La seule vraie différence est que nous aurons un podium pour la Course qualificative. C’est important pour les partenaires. En revanche, il n’y aura aucun changement sur le plan comptable. Le principe des qualifications sera lui aussi revu avec une Q3 et non plus une Superpole. La moitié de la grille sera acceptée en Q3. J’adore ce format de meetings depuis le World GT1 en 2010. Les courses sont toutes disputées. Il faut continuer de développer le concept. Nous revenons quelque peu aux origines du GT3 qui date de 2006. »
A-t-il été question de ne faire qu’un championnat Endurance ?
« Avoir seulement cinq courses par an n’est pas suffisant pour faire vivre une équipe. SRO ne peut pas vivre uniquement avec un seul championnat. C’est vital pour nous d’avoir deux séries de premier plan sans oublier le British GT qui connaît un franc succès. Cette saison voit l’arrivée de Dodge et Bentley. Callaway va aussi venir en GT3. Quel championnat ne rêverait pas d’avoir Bentley ? Bien sûr j’espère avoir un jour Jaguar. »
Êtes-vous craintif quant au futur de la catégorie GT badgée ACO ?
« Chez SRO, on ne change pas une formule qui gagne. Si la FIA et l’ACO poursuivent avec les GTE, alors c’est formidable. Tout est une question de prix. Une GT3 coûte en moyenne 350 000 euros et avec une GTE on arrive à 600 000 euros. Le concept du GT3, tout le monde le connaît. On ne veut pas tuer notre concept. Il ne faut pas oublier que nous avons une catégorie G3 pour les homologations nationales. Aujourd’hui, le GT3+ existe déjà avec le GTE. Chacun son créneau. Il y a la compétition pour les constructeurs et celle pour les clients. Après on peut discuter sur le nom des catégories. Je me suis brûlé les doigts avec les constructeurs et c’est terminé. Le Mans fonctionne, le FIA WEC fonctionne. Chacun son domaine. »
Avec un championnat Blancpain Trofeo en Asie et aux Etats-Unis, peux-t-on voir une série GT3 badgée SRO sur ces continents ?
« Cela fait partie de nos réflexions pour l’avenir. Chaque chose en son temps. Les courses GT se développement en Asie et le marché américain est déjà bien encombré. Il n’est pas question pour moi de revoir un Championnat du Monde. Ce serait impossible pour les équipes privées d’aller aux quatre coins du monde. C’est déjà compliqué pour les équipes soutenues par les constructeurs. J’ai vécu cette situation et je sais combien c’est difficile… »