La Blancpain GT Series innove ce week-end au Nürburgring en faisant meeting commun avec le Truck GP. De quoi amener un nouveau public sur des courses GT. Jamais à court d’idées, Stéphane Ratel essaie une nouvelle fois de sortir des sentiers battus. Dans quelques semaines, le patron de SRO Motorsports Group dévoilera les plans 2017 dans le cadre des Total 24 Heures de Spa avec quelques nouveautés à la clé. En attendant, le maître du GT a fait le point avec nous sur la bonne santé de ses championnats en donnant quelques pistes pour l’avenir.
Stéphane Ratel est un promoteur heureux ?
“Nous vivons une saison exceptionnelle où tous nos championnats fonctionnent parfaitement. 2016 est une année bénie pour SRO. La Blancpain GT Series se porte à merveille avec Sprint et Endurance qui sont très forts. Le British GT reste l’un des plus beaux championnats nationaux, le GT4 ne cesse de croître avec un nouveau record d’engagés à Spa le week-end prochain. L’Intercontinental GT Challenge est aussi sur la bonne voie avec quatre constructeurs présents dès la première année.”
Il faut s’attendre à des nouveautés pour 2017 ?
“Tout sera annoncé aux Total 24 Heures de Spa. Il y aura des évolutions, pas de révolution. Je me concentre sur un projet avec le Pirelli World Challenge et nous dévoilerons une date supplémentaire de l’Intercontinental GT Challenge.”
Ce meeting du Nürburgring avec le Truck GP permet de capter un nouveau public ?
“Nous verrons le résultat à l’issue du week-end. Nous sommes les coordinateurs des équipes. C’est pour nous quelque chose nouveau avec les contraintes qui vont avec. C’est un environnement différent qui permet de montrer des GT à un public différent. Depuis plus de 20 ans que je viens ici pour un meeting SRO, c’est la première fois que la foule sera présente. L’unique fois où j’avais vécu pareil phénomène remonte à l’époque où nous organisions l’ADAC GT Masters en marge des 24 Heures du Nürburgring.”
Les Total 24 Heures de Spa se présentent bien ?
“La grille s’annonce stable à celle des années précédentes avec le retour d’un public de plus en plus nombreux. La prévente des billets est en très nette augmentation. Laurent (Gaudin) et toute son équipe font un travail fantastique. L’épreuve continue de grandir au fil du temps avec une affluence en hausse. Avec une grille comprise entre 60 et 70 autos, nous sommes satisfaits.”
Il manque tout de même quelques marques pour la gagne, notamment Ferrari et Porsche…
“D’une façon plus générale, il ne manque pour la victoire que les marques présentes en GTE, à savoir Aston Martin, Corvette, Ferrari et Porsche. Ces quatre marques préfèrent investir en GTE. Il y a Le Mans pour les GTE, Spa et le Nürburgring pour les GT3. J’ai longtemps espéré qu’elles nous rejoignent plus officiellement mais ça tarde à venir. C’est plus sur des décisions de principe que sur un plan financier. Nous avons déjà Audi, BMW, Bentley, Lamborghini, Nissan, McLaren et Mercedes en lice pour la victoire. Certes, on peut toujours rêver plus.”
Maintenant que le Groupe National est relancé, à quand les GT4 aux 24 Heures de Spa ?
“On serait très content si le Groupe National connaissait à nouveau le succès. Nous n’avons rien inventé , c’est juste un nouveau départ. Pour ce qui est des GT4, tant que le plateau GT3 se tient, il est inutile de changer les choses.”
La réunion de la semaine passée concernant le GT4 en France a été bien accueillie ?
“Disons qu’elle a été positive. C’est compliqué de crier victoire sur une réunion de 30 minutes. Je reste persuadé que la formule est bonne pour la France sachant que nous ne sommes qu’au début du processus.”
Sachant que d’autres marques sont attendues pour 2018, n’est ce pas une année trop tôt ?
“C’est une année trop tôt mais il vaut mieux combler le handicap en attendant 2018. Ce projet me donne l’opportunité de revenir sur des circuits français qui ont fait des investissements comme Magny-Cours et Dijon. Le Championnat de France GT s’est très bien porté à une époque. La France est un peu le mal de l’Europe. Le climat fiscal et politique n’incite pas les entrepreneurs à investir en sport automobile. Pourtant, ils sont l’épine dorsale mais ils n’ont pas envie de fanfaronner sur les circuits.”
Le problème en France va bien au-delà du sport ?
“Après la crise financière de 2008, le British GT était tombé à 11 autos. A la différence de la France, le format n’a pas changé. Il a juste fallu attendre que l’orage passe. On a tenu le British GT car la British F3 était forte. L’erreur de de la France a été de changer les formats et l’arrivée des LM P3 n’a rien arrangé. Jusque-là, le souci était essentiellement économique. Ces dernières années, on a eu droit à quelques changements pour le moins ubuesques. Les teams qui soutenaient le championnat se sont tournés vers la Blancpain GT Series avec un modèle économique à la clé : une petite aide des constructeurs, des pilotes qui amènent un budget et des gentlemen.”
L’avantage des championnats Blancpain est de drainer assez large…
“Dans l’éventail Blancpain, il y a un produit pour tous les cas de figure. Nous sommes dans tous les secteurs du jeu.”
A terme, le GT4 pourrait connaître le même succès que le GT3 ?
“Déjà, je ne vois pas le GT4 remplacer le GT3. Le GT4 s’inscrit plus dans un marché typé TCR. La catégorie est faite pour des pilotes que n’avons pas actuellement, ce qui permet d’attirer une nouvelle clientèle. Le GT4 se situe au niveau du TCR en termes de prix et de performance. Cela va de la Ginetta à la McLaren avec un ticket d’entrée raisonnable. On attend de nouveaux constructeurs car c’est logique pour eux d’avoir un panel assez large. Je pense que la compétition-client va encore se développer.”
A quand une catégorie hybride en GT ?
“J’attends qu’elles arrivent. Nous maîtrisons assez bien le principe de la BOP. Il ne faut pas oublier que nous faisons des championnats de voitures de production. Pour le moment, les hybrides sont en majorité des Ultracars. La GT de monsieur tout le monde n’est pas encore prête pour l’hybride.”
L’Intercontinental GT Challenge va se développer ?
“C’est pour moi une divine surprise d’avoir quatre marques dès la première année. J’espère en avoir une ou deux plus l’année prochaine avec une course en plus et une supplémentaire dans deux ans.”
Quel est votre rêve ?
” (rires). On a toujours des rêves. Retourner à San Luis et recréer une catégorie GT1. Imaginez une course avec des Pagani Zonda, McLaren P1 GTR, LaFerrari, Porsche 918 Spyder, Aston Martin Vulcan, Lamborghini Veneno ou Koenigsegg sur un tracé comme San Luis.”
Les GT1 vont pourtant revivre…
“L’idée est de faire rouler tout ce qui est GT1, de 1995 à 1998 puis de 2001 à 2011. Ces autos existent et elles ne demandent qu’à rouler. Cela colle très bien avec le plateau Ultracar.”
Ce championnat World GT1 fait beaucoup de nostalgiques…
“A commencer par moi… Tout était magnifique : les autos, les teams, les circuits, la sonorité, le look. C’était pour moi un rêve éveillé à Abu Dhabi en 2010 avec ces 24 GT1. J’ai encore en souvenir Sao Paulo où le public massé dans les tribunes se levait à chaque passage de l’équipage brésilien. Nous sommes allés dans le Parc Olympique à Pékin, à Abu Dhabi, en Argentine, etc… C’était un vrai Championnat du Monde. Ce n’était pas quelque chose pour faire semblant mais c’était une autre époque…”