Faire un résumé des 6 Heures de Spa revient à regarder la course du début à la fin tant les rebondissements ont été nombreux. D’une, la météo n’a certainement jamais été aussi chaude dans les Ardennes belges depuis que le FIA WEC s’y rend. De deux, les constructeurs LM P1 n’ont pas été épargnés par les soucis. De trois, il aura fallu attendre les derniers tours pour connaître le vainqueur LM P2. De quatre, l’abandon de la Ferrari leader du GTE-Pro à 8 minutes du terme était inattendu. Une fois que l’on a dit tout ça, on peut dire que Loïc Duval, Lucas di Grassi et Oliver Jarvis ont décroché leur premier succès depuis qu’ils sont réunis. L’Audi R18 #8 a été la seule LM P1 à ne pas connaître d’alerte même si les six autos de la catégorie sont rentrées au moins une fois dans leur box. Spa marque le 16ème succès d’Audi en FIA WEC et le 106ème d’un prototype de la marque aux quatre anneaux.
Du bon et du moins bon pour Audi Sport Team Joest…
“Nous avons connu notre lot de malchance en 2015″ confessait Loïc Duval à l’arrivée. “Nous avons été plus chanceux ce week-end et on ne s’en plaindra pas. Certes, nous ne sommes pas où nous voulions être en termes de performance et on doit encore travailler avant Le Mans.”
On a cru un moment que la #8 allait subir le même sort que la concurrence lorsque l’auto a été rentrée dans son stand sous régime de neutralisation. “Nous avons eu l’opportunité de jeter un coup d’oeil sur la carrosserie et l’opportunité est venue de le faire sans perdre de temps” soulignait Oliver Jarvis. “La décision a été prise de la faire dans cette circonstance. Nous avions une auto fiable et c’est que l’on demande à une voiture d’endurance. Il fallait ramener la monture sans encombre et c’est ce qui a été fait.” Pour Lucas di Grassi qui disputait sa 20ème course en FIA WEC, les 6 Heures de Spa 2016 sont synonyme de premier succès : “Je ne suis pas prêt de l’oublier. La course a été très dure. Je suis très fier du travail de l’équipe et de mes coéquipiers. Notre auto a été la seule LM P1 à ne pas connaître de soucis.” Lucas di Grassi a été l’auteur d’une tentative de dépassement sur la Toyota de Buemi assez osée en passant dans l’herbe.
Le sort s’est acharné comme jamais sur Tréluyer/Lotterer/Fässler. Un passage trop appuyé sur un vibreur a obligé l’équipe à changer le plancher de la #7 qui a pu reprendre la piste très loin. Il a fallu revenir plus tard au stand pour nettoyer les conduits puis remplacer la face avant suite à un contact. Marcel Fässler a écopé d’un drive through peu de temps après pour la collision avec l’Alpine n°36. Un contact avec une pile de pneus en fin de course a occasionné quelques dégâts sur l’Audi R18 #7 qui a tout même pu franchir la ligne d’arrivée en 5ème position, ce qui donne quelques précieux points à l’équipage.
Porsche Team revient de loin…
Avec une première ligne 100% Porsche, on pouvait s’attendre à un cavalier seul des 919 Hybrid mais une course d’endurance peut réserver à la fois de bonnes surprises ainsi que des mauvaises. Brendon Hartley a mené assez nettement la première heure de course sans connaître la moindre alerte au volant de la #1. La suite n’aura pas été aussi tranquille. En roulant sur des débris, Timo Bernhard a crevé, ce qui a causé quelques dommages à la carrosserie. Mark Webber a relayé l’Allemand avant de crever lui aussi. C’est ensuite la boîte de vitesses qui a fait des siennes. La #1 est restée longuement dans son stand avant de reprendre la piste pour boucler les 70% de la distance parcourue par les vainqueurs afin de marquer quelques précieux points. Mission réussie avec la 27ème et dernière place.
Vainqueurs sur tapis vert à Silverstone, Neel Jani, Romain Dumas et Marc Lieb ont connu eux aussi une course agitée, le système hybride faisant des siennes dès le 6ème tour. “L’ingénieur m’a fait passer le message qu’il en serait ainsi jusqu’à l’arrivée” nous confiait Marc Lieb à l’arrivée. “En roulant parfois à 10 secondes des chronos, cette deuxième place est bonne à prendre.” Neel Jani ne peut que constater la folie de cette course : “Vu la course folle à laquelle nous venons d’assister, les 24 Heures du Mans s’annoncent intéressantes.” Pour Romain Dumas, il va encore falloir travailler : “Après 6 tours, nous avions peu de points et les 18 points récupérés aujourd’hui sont importants. Il nous reste moins d’un mois pour travailler.”
Course à oublier pour Toyota Gazoo Racing…
Les Toyota TS050 HYBRID ont soufflé le chaud et le froid à Spa. La #5 et la #6 ont montré de belles choses dans une configuration ‘high downforce’ contrairement à la concurrence qui a opté pour le package ‘low downforce’. Sur la #5, Sébastien Buemi a bouclé la première heure aux commandes. On a fait le choix de faire un double relais avec les gommes Michelin en début de course. Nakajima/Buemi/Davidson ont mené jusqu’à la 5ème heure mais le moteur fini par rendre l’âme. “Nous avons sous-estimé la piste à Silverstone et nous avons plus d’appuis ici” confiait Sébastien Buemi à l’issue de son relais. “On pensait que ce serait plus facile de doubler les relais avec les pneus plus tard dans la course. Il est clair que nous serons encore mieux aux 24 Heures du Mans.” Toyota Gazoo Racing a tout de même ressorti sa monture pour un dernier tour bouclé en mode électrique afin de prendre quelques points.
La voiture soeur de Mike Conway, Kamui Kobayashi et Stéphane Sarrazin avait elle aussi un bon coup à jouer mais l’électronique a endommagé le moteur, d’où un abandon. Conway a vite été retardé suite à un drive through pour un contact avec une BR01.
Et de deux pour Rebellion Racing…
Avec six LM P1 en piste, le moindre souci peut permettre à une LM P1 privée de s’illustrer et le Rebellion Racing n’a pas raté le coche pour s’offrir un deuxième podium en deux courses, à nouveau avec Alexandre Imperatori, Dominik Kraihamer et Matheo Tuscher. Course parfaite pour la Rebellion R-One #13, exception faite d’une pénalité pour un contact avec une LM P2. Avec quatre tours de retard sous le damier sur l’Audi victorieuse, le Rebellion Racing profite des déboires des LM P1 de pointe et ce podium n’est pas volé. Les deux R-One ont terminé dans le top 5, devant l’Audi #7 et la CLM P1/01 du ByKolles Racing. Les pilotes de la 13 prennent au passage la deuxième place du championnat pilotes. Cerise sur le gateau, si Rebellion figurait au championnat constructeur, l’équipe suisse en occuperait la deuxième place également !
Place au Mans…
Vu les soucis rencontrés depuis le début de saison sur un format de 6 heures, on n’ose pas imaginer ce qui pourrait se passer aux 24 Heures du Mans avec deux LM P1 chez chaque constructeur. Le moindre problème pourra se payer cash et nous ne sommes pas à l’abri d’une surprise, comme une LM P1 privée sur le podium voire une LM P2. On ne peut rien exclure. Les constructeurs ont beau boucler sans souci des simulations de 30 heures, c’est uniquement la course qui rend son verdict…
Le classement de la course est ici