Sur le Championnat de France FFSA GT, la course du jour ressemble rarement à celle de la veille. C’est ce qui en fait toute sa beauté, mais aussi toute sa difficulté. Romain Monti, qui découvre la compétition – ou presque, a pu le vérifier ce week-end. Après une course 1 bien maitrisée le samedi, la course 2 s’est terminée sur un tête-à-queue de son coéquipier Valentin Simonet, à moins de dix minutes du terme. Forcément un peu frustrant pour le pilote de l’Audi/Saintéloc n°24.
« C’est une occasion ratée. J’étais parti 13e sur la grille car je n’avais pas pu effectuer un seul tour sans gêne en qualifs, en raison de la pluie et des deux drapeaux rouges. Malgré cela, j’étais bien remonté. Ensuite, Pierre Sancinena roule bien. Il écope d’un stop and go, mais on arrive à rester dans la bataille, à la 6e place. Valentin confirme alors dans le 3e relais, avant malheureusement d’être victime de cet accident en voulant trop bien faire ».
Difficile dans ces conditions de parler de week-end réussi pour le trio du team stéphanois ? Et pourtant, c’est bien de cela dont il s’agit. Car, résume Romain, « pour la première fois, on a été en mesure d’aller se battre avec les meilleurs. Sur la course 2, sans cet incident et sans le stop and go, on est dans le rythme pour le podium, comme la veille. C’est un peu nouveau et si on ne peut pas se satisfaire de la conclusion du dimanche, cela nous redonne confiance, clairement ».
Il s’est bel et bien passé quelque chose ce week-end pour les trois jeunes pilotes. Comme un tournant. Samedi, la course 1 s’était chargée de le prouver de la plus belle des manières. Jusqu’au bout, et malgré une pénalité en début de course, l’Audi n°24 s’est retrouvée au cœur d’une incroyable lutte pour le podium, regroupant les six voitures de tête en une poignée de secondes. Résultat final, une 5e place, son meilleur classement de la saison, mais surtout la fierté, pour Romain, d’avoir résisté aux multiples attaques de Nelson Panciatici (Ferrari/Duqueine n°36).
« On sait que l’on peut viser le podium désormais »
Après un début d’année plutôt compliqué, la thèse d’une montée progressive en puissance semble donc en passe d’être validée. Beaucoup l’espérait au sein du team, à commencer par les pilotes eux-mêmes bien sûr, mais encore faillait-il que cela prenne forme pour un équipage à la jeunesse atypique. « On a 24 ans de moyenne d’âge à nous trois, c’est d’ailleurs pour cela que la voiture porte le n°24. Il y a aussi une référence aux courses de 24 Heures, de celles que l’on rêve tous les trois de faire un jour », rappelle Romain, qui a fêté ses 24 ans le 30 décembre dernier et ne manque pas d’ambitions pour l’avenir.
En attendant de les assouvir, lui comme ses coéquipiers ne cessent donc de progresser. Et cela se voit. « Valentin et Pierre n’avaient jamais roulé sur en Championnat de France. Ils ne connaissaient pas non plus la voiture. Moi à peine mieux puisque j’avais fait deux courses en GT, l’an passé. On progresse constamment depuis l’ouverture à Lédenon, même si on s’en était plutôt pas mal sorti là-bas sur le circuit le plus technique de la saison (8e). A Spa, début juin, j’ai tourné à moins de 2’20 au tour, j’étais très satisfait de ma performance », confie-t-il.
Et d’expliquer : « Ce qui change, au fur et à mesure, c’est la connaissance de la voiture. J’appréhende moins de monter à bord, car je connais son comportement désormais. Cela me permet de mieux déterminer le set-up et d’être performant dès le début du week-end. Un autre paramètre favorable réside dans la présence avec nous, lors de chaque course, d’un pilote officiel Audi (qui roule sur l’Audi/Saintéloc n°23). On échange les datas, les vidéos et cela me permet aussi de me comparer ».
De fait, son objectif de se « rapprocher à moyen terme des pilotes Gold » semble aujourd’hui en bonne voie. « Ce n’est que ma sixième saison dans le sport auto. Je ne peux pas encore rivaliser avec des Ayari ou des Beltoise qui roulent depuis vingt ans et arrivent à sortir le chrono quand il le faut. Mais j’y aspire. C’est aussi pour cela que je suis content d’effectuer une saison complète sur le Championnat de France GT, l’épreuve nationale la plus relevée d’Europe ». Y briller pourrait, il en est convaincu, ouvrir des portes à Romain Monti, « me permettre de me rapprocher des constructeurs », puis de « passer professionnel », son but de toujours.
Le tout frais diplômé d’un master en finances sait donc ce qui lui reste à faire, dès la prochaine manche à Magny-Cours (29-30 août). « Magny-Cours est un circuit que nous connaissons bien et qui, comme le Val de Vienne, devrait plutôt nous convenir. Tout le positif qu’on retire de ce week-end s’avère de bon augure. Si on met tout bout à bout, on sait qu’on peut viser un podium désormais ». Et si cela n’intervient pas cette saison, Romain espère remettre ça l’an prochain. « On aimerait bien continuer tous les trois ensemble. Une année pour apprendre, une année pour jouer la tête, en quelque sorte ». C’est tout le mal que l’on peut leur souhaiter.