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Romain Dumas : “Le Mans a été un élément déclencheur dans ma carrière”

Porsche Team: Romain Dumas
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Quand vous allez voir Romain Dumas, vous savez à quel moment vous arrivez mais jamais quand vous repartez tant le personnage est attachant et enclin à la discussion. Alors espérer discuter tranquillement avec lui en pleine séance de dédicaces dans le cadre de la Fête de l’ACO où il était l’invité relève du domaine du miracle. Entre les photos à signer de Pikes peak, du rallye, du Dakar ou de l’Endurance, le public est venu en masse pour converser avec le vainqueur des 24 Heures du Mans 2010, apprécier la Norma de Pikes Peak et sa Porsche de rallye, toutes deux présentes au sein du village du Circuit Bugatti. Pour Romain Dumas, tout a débuté au Mans il y a maintenant 20 ans. Le pilote officiel Porsche, licencié ACO, est revenu avec nous sur l’importance du Mans dans sa carrière.

Comment t’es-tu retrouvé à passer du Gard à la Sarthe ?

“De part ma famille, j’avais tout pour rouler en rallye. A l’époque, je roulais en karting dans la ligue de ma région et j’ai gagné une bourse qui me permettait de participer au Volant Elf. J’avais le choix entre le Paul Ricard et Le Mans. Je n’étais jamais sorti de ma région et plus par curiosité j’ai choisi Le Mans. J’avais 16 ans et je n’avais jamais touché un volant. La demi-finale se déroulait fin août et tout le monde allait s’entraîner. Ma mère avait une Volkswagen Golf GTI et je suis parti dans les Cévennes avec mon père pour apprendre à rouler. Je suis arrivé en finale contre des sacrés clients : Tréluyer, Cochet, Bourdais, Gabillon, Ludovic Simon ou Arnaud Sarrazin. C’était une finale de folie mais j’ai gagné le volant. Vu que le volant m’était payé, j’ai donc opté pour le circuit.

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“C’est à ce moment que La Filière Elf a ouvert ses portes au Mans. Quinze jours après la finale, je suis arrivé au Lycée Le Mans Sud où j’étais en colocation avec Ben Tréluyer et Fred Gabillon. Tout le monde rentrait chez soi le week-end, sauf moi qui habitait trop loin. J’allais donc dormir dans un hôtel près de la gare. Les débuts n’ont pas été facile car je passais du soleil à une météo bien plus pluvieuse (rires) et je n’avais pas de famille sur place. La première année de Formule Campus était offerte et La Filière sélectionnait un pilote pour gravir les échelons. J’ai fait trois ans au Mans de la Seconde à la Terminale en roulant successivement en Formule Campus puis deux saisons en Formule Renault.”

A cette époque, tu visais déjà les 24 Heures du Mans ?

“Je ne connaissais les 24 Heures que grâce à la famille Alméras qui est de Montpellier. J’ai découvert cette course que lorsque je suis venu étudier au Mans. Je suis venu seul aux 24 Heures du Mans en dormant dans une tribune pour en profiter au maximum. Je venais également voir les essais qui se déroulaient sur le Bugatti.  J’ai vite eu envie d’y participer mais on ne prenait que des “vieux”. Seul Henri Pescarolo faisait confiance à des jeunes. J’ai essayé d’y prendre part en 2000 mais je n’avais pas le budget.”

Tout a débuté en 2001. Un grand moment ?

“Cette année-là, je roulais au Japon chez Toyota qui avait Yokohama comme partenaire. J’ai pris la liste des engagés GT2 car il m’a semblé que ce serait plus facile. Yokohama m’a alors dit qu’une Porsche allait rouler avec leurs gommes et avec l’aide d’Erik Comas, j’ai suivi cette voie pour rejoindre Freisinger sans participer aux essais préliminaires. Sauf qu’il y a eu un hic car Manfred Freisinger ne me connaissait pas et il croyait avoir signé Sébastien Dumez. Je vais le voir en arrivant au Mans en lui disant : “bonjour, je suis Romain Dumas et je vais piloter pour vous.” Sa réponse m’a surpris : “ça m’étonnerait car j’attends Sébastien Dumez.” En fait, il a confondu Dumas et Dumez. Il a fallu que Kaneko, qui travaillait avec Freisinger, lui fasse comprendre que c’était bien moi. Gunnar Jeannette faisait partie de l’équipage et j’avais amené Philippe Haezebrouck. Je n’avais jamais piloté de Porsche, jamais roulé sur le grand circuit et jamais testé les gommes Yokohama. J’avais réalisé le 5ème temps mais Jeannette a sorti la voiture à quelques minutes de la fin de séance. L’auto a été réparée in extremis car nous avons dû faire l’impasse sur le warm up. La pluie est arrivée au 2ème tour et nous étions tous sur des oeufs. J’ai creusé l’écart et au bout d’une heure, j’avais un tour d’avance sur tout le monde. Nous avons terminé à la 2ème place après une sortie de piste de Jeannette.”

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Le passage au Mans a été important dans ta carrière ?

“On peut dire que Le Mans a été un élément déclencheur surtout que j’y ai roulé contre des pilotes avec qui je me bats encore maintenant. Je me souviens avoir croisé le fer avec Marcel Fässler qui lors de ma première course en Campus m’avait sorti sous la pluie au virage du Garage Vert. J’étais allé lui dire ma façon de penser (rires). Marcel, c’est vraiment un mec bien qui n’a pas changé.”

Il y a eu les 24 Heures Karting…

“J’y ai participé à deux reprises en 1995 et 1996, dont une fois avec le numéro 18 où je roulais avec des pompiers. Le résultat n’avait pas été à la hauteur de nos espérances, alors quand j’ai vu que cette année j’avais le #18, je me suis dit que ça allait être compliqué (rires)”.

Depuis 2001, Romain Dumas n’a manqué aucune édition des 24 Heures du Mans en roulant successivement pour Freisinger Motorsport, Team Nasamax, IMSA Performance Matmut, Pescarolo Sport, Audi Sport Team Joest, Porsche Team Manthey et Porsche Team. Il compte une victoire au général, une en GTE-Pro et six podiums.

En fin de semaine, Romain va prendre part en famille aux 25 Heures Fun Cup avant de poursuivre la saison FIA WEC sur la Porsche 919 Hybrid #18 qu’il partage avec Marc Lieb et Neel Jani. Quelques rallyes seront encore au menu d’ici la fin de l’année. Pikes Peak lui trotte encore dans la tête et il ne serait pas étonnant de l’y retrouver avec un nouveau projet. En remontant le paddock à ses côtés alors que les Superkart étaient en piste, il nous lance : “Tiens j’aimerais bien essayer ce genre de karting.” Ecléctique, Romain Dumas ?

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