Dire que le cru 2014 de la Porsche Carrera Cup France est l’un des meilleurs de ces dernières années n’est pas usurpé. Il aura fallu attendre la toute dernière manche de la saison pour connaître les différents champions, sans compter que Côme Ledogar s’est rajouté un stress supplémentaire en anticipant le départ des deux courses disputées au Paul Ricard. Il aura fallu deux folles remontées pour aller chercher la couronne. Pourtant, c’est bien le pensionnaire du Martinet by Alméras qui est reparti avec la couronne. Le Lyonnais succède ainsi à Gaël Castelli pour cette première année réservée aux nouvelles Porsche 991 Cup où tout le monde s’est battu à coups de millièmes.

Patrick Pilet vous le dira, la Porsche Carrera Cup France est un championnat où il faut absolument jouer la régularité pour tirer son épingle du jeu. Ils n’ont été que trois à marquer des points sur les 12 courses de la saison avec Côme Ledogar, Maxime Jousse (Sébastien Loeb Racing) et Gaël Castelli (Larbre Compétition), les trois terminant dans le quarté de tête au championnat. Il n’y a que Tom Dillmann (Harting by RT) qui est venu s’immiscer au 3^ème rang. Malheureusement pour lui, les trois abandons ont pesé lourd dans la balance. A l’arrivée, le pilote GP2 Series accuse un retard de 45 points sur le champion.

Vice-champion 2012, déjà au sein de la structure de Philippe Alméras, Côme Ledogar a fait le pari du changement à l’intersaison après une année passée chez Sébastien Loeb Racing. En n’alignant qu’une seule auto en « A », Philippe Alméras a pu concentrer toutes ses forces sur son poulain. Avec six pole à son actif, le nouveau champion a fait preuve d’une belle maturité en étant capable de se sortir des pires situations. Le protégé de Philippe Dumas peut maintenant voir plus haut après trois années passées en Cup française où il n’a plus rien à prouver. Un passage en Porsche Supercup ou GT pourrait tout à fait lui convenir. C’est du moins tout le mal qu’on lui souhaite. Sa saison 2014 est forcément positive : « Tout au long de la saison nous avons pu nous construire une petite avance, une sorte de joker et en fait, heureusement car ce joker nous a bien servi aujourd’hui… Nous avons été réguliers toutes la saison et malgré cette petite erreur, nous sommes en mesure de décrocher le titre. Merci à toute l’équipe et à nos partenaires. Félicitations à Max ! Nous nous sommes battus toute l’année ensemble. Les choses se sont dessinées après le deuxième meeting et jusqu’à la dernière course mais ça n’a pas été facile surtout psychologiquement aujourd’hui. Tom est aussi sur le podium final du championnat et j’ai envie de lui dire bravo. Ce fut une belle saison du début à la fin ! »

Maxime Jousse a tenu le titre 2014 du bout des doigts durant quelques minutes suite à la pénalité de Ledogar lors de l’ultime manche de l’année, mais le natif de Roquebrune-sur-Argens n’avait pas besoin de ça pour montrer qu’il a été un farouche concurrent toute la saison : « Je ne suis pas passé loin du titre, c’est vrai, mais en restant lucide, je me doutais bien que Côme tenterait tout pour revenir et marquer les points nécessaires pour être titré. Je ne me faisais pas trop d’illusions. Je tiens à le féliciter car ce titre est mérité. Quand l’adversaire ne fait pas d’erreur, il devient difficile de le battre, surtout quand on est proches. Avec trois victoires au compteur, le bilan n’est pas si mauvais et cette position de vice- champion fait du bien à tout le monde. » L’unique point marqué à Nogaro dans la course 2 a mis à mal ses espoirs de titre sachant qu’il échoue à 5 longueurs du champion 2014. Valeur sûre du championnat, Max Jousse peut lui aussi entrevoir autre chose en GT ou ailleurs après deux places de vice-champion.

Confirmé peu de temps avant le début de saison, Tom Dillmann ne peut pas être considéré comme la surprise de l’année car cela fait bien longtemps que l’on connaît son talent. Ses trois résultats blancs ne lui ont pas permis de rafler la mise, mais ses prestations ne resteront certainement pas sans lendemain : « Cette victoire vient conclure une très belle saison avec deux équipes RMS et Racing Technology que je tiens à remercier. Mon regret sera de ne pas avoir pu me battre au championnat jusqu’au bout en raison d’abandons sur problèmes techniques mais en terme de performance, nous étions au rendez-vous. Cette victoire sur la dernière course me fait très plaisir et me permet d’offrir à Racing Technology un succès. Je suis globalement satisfait de ma saison. » Bernard Jubin a eu le nez creux de l’enrôler avant que Sylvain Noël ne poursuive le travail. Si certains voient en Tom Dillmann un futur pilote officiel Porsche, ils sont nombreux à pouvoir le revendiquer autour de la planète. Le lauréat 2014 du Porsche Scholarship International sera connu en fin de semaine à Austin.

Que dire de la prestation de Gaël Castelli si ce n’est qu’il a été une nouvelle fois au rendez-vous en se hissant sur le podium final avec une belle régularité même s’il n’a remporté aucune course. En faisant le choix de Larbre Compétition, le champion 2013 pouvait s’assurer de l’expertise de Jack Leconte. La bonne surprise de ce cru 2014 est certainement Jimmy Antunes. Pour ses débuts dans la discipline, le Suisse a rejoint les rangs du team IMSA Performance Matmut, de retour pour l’occasion en Cup. En terminant la saison comme il l’a débuté, c’est-à-dire avec un score vierge, Jimmy Antunes a lâché de gros points. Malgré tout, cela ne l’a pas empêché de décrocher le classement Jeunes Talents « Rookies ».

Le reste du plateau a été plus irrégulier avec tout de même une belle combativité, à commencer par Lonni Martins (Racing Technology), qui a marqué des points sur chaque course, exception faite de la course 2 d’Imola. Dès les essais officiels de pré-saison, l’homme à abattre s’appelait Nicolas Armindo. L’ancien champion de la Porsche Carrera Cup Deutschland connaît parfaitement la musique malgré les débuts de la nouvelle auto, si bien qu’il faisait peur à la concurrence. Pourtant, la réussite n’aura pas été au rendez-vous sur chaque meeting malgré un succès au Mans. Steven Palette (Yvan Muller Racing), Vincent Beltoise (Racing Technology), Nicolas Marroc (@LoebRacing), Joffrey De Narda (@LoebRacing), Alexandre Cougnaud (Racing Technology) et Romain Monti (Yvan Muller Racing) ont connu des hauts et des bas. Une mention spéciale tout de même à Joffrey De Narda, benjamin du cru 2014, qui peut être satisfait de sa prestation. Saison à oublier pour Sacha Bottemanne (Sébastien Loeb Raing) avec neuf résultats vierges, alors que Antoine Lepesqueux (Larbre Compétition) a passé son année à progresser pour ses débuts hors karting.

Christophe Lapierre (Sébastien Loeb Racing) pouvait espérer faire la passe de trois titres de rang en « B », mais le meeting de Nogaro a été cauchemardesque pour le natif du Porsche Autosport Lapierre : « Je connais bien les règles de la Porsche Carrera Cup et je sais qu’un abandon coute très cher dans la balance pour le championnat, alors avec deux abandons, cela devient carrément mission impossible. Je retiendrai de cette saison des points positifs, les cinq victoires, et un point négatif, une boulette sur la course d’ouverture au Mans mais j’avais surtout une super équipe et un super équipier en la personne de Roar. Le niveau est toujours aussi relevé et au classement général de la Cup, nous avons de beaux champions ! »

Avec six pole à son actif, l’un des ténors de la discipline a toute de même donné le change en piste face à une concurrence acharnée, à commencer par Jean Glorieux. Le pilote Speed Lover peut être caractérisé comme « la force tranquille ». Régularité et rapidité ont été au rendez-vous avec un titre amplement mérité : « Cette saison m’a permis de faire de très belles courses et je vais être honnête, je ne sais pas trop quoi dire par rapport à ce titre. Bien sûr, cela me fait extrêmement plaisir mais j’ai pris les manches comme elles venaient en essayant de prendre un maximum de plaisir au volant. Finalement, au bout du chemin, il y a le titre et c’est une bonne surprise ! »

En arrivant de la Porsche Supercup, il était écrit que Roar Lindland allait être sous surveillance. Le Norvégien a découvert la majorité des circuits sans démériter avec un seul abandon à la clé : « J’ai vécu une saison vraiment intéressante qui m’a permis de découvrir et apprendre de nombreuses pistes. De ce point de vue, ce fut très positif. Je découvrais aussi la Porsche Carrera Cup France et je suis un peu surpris du niveau chez les Gentlemen. Il a fallu vraiment se battre à chaque course pour espérer bien figurer. Mon objectif était de terminer chaque épreuve pour marquer des points et finalement, la deuxième place du championnat, ce n’est pas si mal ! » Il lui aura manqué 21 points.

Après une pige l’an passé au Paul Ricard, Christophe Hamon (Racing Technology) a franchi le pas d’une saison complète et bien lui en a pris. Le rookie est certainement la révélation de l’année en « B » en marquant des points sur 11 des 12 courses. Ce sera certainement l’un des hommes à surveiller en 2015 s’il rempile. N’oublions pas non plus Laurent Pasquali (IMSA Performance Matmut), qui pouvait lui aussi nourrir des ambitions de titre sans un arrêt prématuré à deux meetings de la fin. En disputant une saison partielle, Oleksander Gaidai (Tsunami RT) ne pouvait espérer l’emporter.

Après deux titres Equipes, le Sébastien Loeb Racing a subi la domination du team IMSA Performance Matmut pour 14 points. L’équipe rouennaise a mené sa saison de main de maître avec ses trois pilotes. Fort du titre Pilotes, le Martinet by Alméras termine sur la 3^ème marche, devant @LoebRacing, Larbre Compétition, Yvan Muller Racing, Racing Technology et le Graff qui n’a pris part qu’à un seul meeting.