Un week-end comme celui-là, Joffrey De Narda va le « garder longtemps en mémoire » ! Dimanche dernier sur le circuit de Navarra, le pilote du Sébastien Loeb Racing a remporté la première victoire de sa carrière en Porsche Carrera Cup France, devenant au passage le plus jeune vainqueur de la coupe française. Mais, il s’est aussi retrouvé au centre d’un sacré buzz, après avoir vu la Porsche de Jules Gounon venir se poser sur le toit de la sienne, dans un accident aussi improbable que spectaculaire.
Quelques jours plus tard, le jeune Mosellan de 20 ans est à peine remis de ses émotions. Le succès conquis le dimanche après-midi continue de lui procurer un sentiment « extraordinaire ». Néanmoins, c’est surtout la manière dont il est allé le chercher, après l’accident survenu le matin même, qui le comble. « Je me suis battu. J’ai montré que j’étais capable de gagner et capable de me relever. Cela faisait deux ans que je multiplie les efforts pour cela. Cela aurait pu arriver plus tôt. Mais là, c’est un grand bonheur », insiste-t-il. L’histoire est tellement belle.
Elle aurait pourtant pu virer au cauchemar. « Bien sûr, on n’arrête pas de m’appeler, de me parler de la photo (des deux Porsche se chevauchant, ndlr). Moi, je préfère souligner l’action qui l’amène. Cela aurait pu mal finir. Si la voiture (de Jules Gounon) enfonce le pare-brise… », lance-t-il. « Je ne veux pas dramatiser, cela s’est bien fini ». Il n’empêche que, sur le moment, « quand la voiture s’est arrêtée au-dessus de moi, j’ai craint l’effet de compression. Je me disais que ma voiture était capable de résister, mais en même temps, je n’en savais rien. Quand je sors de l’habitacle, je cours, car je ne suis pas trop rassuré », raconte-t-il.
Dans les instants qui suivent, tout va s’emballer. Le pilote du Sébastien Loeb Racing est d’abord pris en charge par les secouristes, qui le conduisent à l’infirmerie du circuit, en compagnie de Jules Gounon. Puis, une fois les rapides examens terminés, Joffrey jette un œil sur son smartphone : « La course n’était pas encore terminée que la photo de notre accrochage s’affichait déjà de partout sur les réseaux sociaux ».
« Cette victoire est révélatrice de mon parcours »
Loin de cette agitation, le jeune homme n’a pourtant qu’une idée en tête : prendre le départ de la troisième course du meeting, disputée l’après-midi même. Et la gagner. « L’accident ne m’a pas affecté. Je ne pensais qu’à la course suivante. Peut-être parce que je n’ai que 20 ans, je ne m’attarde pas sur ce genre de choses. Je fais un sport à risque, mais j’aime ça. J’aime les sensations fortes, je suis habitué à cela. Dans la foulée, l’accident, je n’y pense plus ».
De fait, explique-t-il, « ma préparation n’a pas été différente de d’habitude. J’y allais pour gagner, pour tout donner. Mais, je ne sais pas pourquoi, pendant la course, j’ai senti que j’allais l’emporter. C’est pour cela que je remonte aussi fort sur Steven (Palette, ndlr) et que je continue d’attaquer même après l’avoir doublé. Je voulais vraiment gagner, dans le but aussi de me rattraper de mon week-end, car j’étais parti troisième dans la course 2 et sans l’accident j’aurais pu faire un résultat. ».
L’accident aurait-il créé un déclic ? « C’est possible, en convient l’intéressé. Le fait que la voiture ne soit pas trop abîmée, que moi j’aille bien… Cela m’a peut-être amené le petit truc qu’il manquait jusqu’à présent. En tout cas, cela faisait plusieurs week-ends que j’étais toujours présents aux avant-postes, en course ou en qualifs, comme à Spa où je signe la super pole. A Magny-Cours, je termine 2e et 3e. Je n’avais pas eu de chance jusque-là. Mais, je n’ai rien lâché, j’ai toujours su me relever. Finalement, cette victoire est révélatrice de mon parcours ».
Quant au buzz suscité par l’image des deux Porsche l’une sur l’autre, « il vaut mieux en rigoler maintenant, conclut-il. La photo est quand même impressionnante. Je me demande toujours comment cela a pu arriver ! Et puis, cela m’a fait un peu de publicité. C’est passé sur TF1, sur Canal+ et même la BBC. Cela me restera. Comme une signature ».