Les temps forts des 6 Heures de Silverstone ont été multiples. Entre l’arrivée de Porsche, la présence de Mark Webber, la déroute des Audi, le doublé des Toyota, la malchance de la Porsche #91, des Aston Martin Vantage invisibles, un plateau LM P2 faible, le lancement d’une application FIA WEC qui a fait débat, un public nombreux, des Porsche 919 hybrid au rendez-vous et une course arrêtée avant la fin, on ne peut pas dire que le week-end britannique a été de tout repos.

Pour cette troisième saison du Championnat du Monde d’Endurance, le plateau devait être initialement composé de 31 autos, mais l’absence des deux ORECA 03 du Millennium Racing conjuguée à celles du Strakka Racing et de Lotus a fait chuter la grille à 27 autos. Malgré ces défections, la course n’a pas été dénuée d’intérêt. On attendait des débitmètres défaillants en LM P1-H mais le souci pour les pilotes est venu de Dame Météo. Le Toyota Racing a construit sa victoire sur un bon choix de pneus, là où Audi a bu la tasse avec deux stands fermés avant même la seconde partie de course. Un comble pour la marque allemande qui n’avait plus connu pareille mésaventure depuis fin 2011. Pire que la déception de n’avoir marqué aucun point dans le Northamptonshire, Audi doit maintenant reconstruire deux R18 e-tron quattro, ce qui n’est pas sans poser problème car on ne reconstruit pas une telle auto bardée de technologie en une nuit. Audi Sport pourrait même se laisser tenter par l’utilisation des châssis de développement.

Cette défaillance a profité à Toyota qui a rendu une copie parfaite, tout comme Porsche Team qui peut être satisfait de sa troisième place malgré l’abandon de sa seconde 919 Hybrid. Ce retour de Porsche a fait déplacer les spectateurs en masse, tous voulant voir en priorité Mark Webber. La queue devant le box Porsche lors de l’Autograph Session a permis de montrer que la présence de l’Australien était un vrai atout pour le championnat.

Les premiers tours de course ont été pour le moins intenses et passionné avec des pilotes allant à la limite du contact. A ce moment, la réglementation LM P1 2014 était bien loin de l’esprit des spectateurs et des journalistes, tous rivés devant l’action. Les conditions de piste n’ont pas permis que ce match à six dure dans le temps mais on se réjouit déjà du départ des 24 Heures du Mans avec six autos roues dans roues, et on l’espère des Rebellion R-One qui pourront suivre à distance respectable les usines.

Malgré un plateau réduit, la catégorie LM P2 n’a pas été tranquille. KCMG a fait jeu égal avec G-Drive Racing une bonne partie de la course. Dommage pour SMP Racing qui n’a pu rivaliser avec la concurrence en Angleterre. Pourtant, le team russe s’est préparé au mieux pour cette campagne mondiale. On ne peut pas dire que Sergey Zlobin et ses compères prennent cet engagement à la légère. On espère que les 6 Heures de Spa vont leur permettre de revenir dans le match. Pour le reste, c’est le calme plat pour le moment. Avec un plateau ELMS en hausse, la catégorie LM P2 ne fait plus recette en FIA WEC : budgets élevés, visibilité axée sur les LM P1. Le Millennium Racing compte bien faire son retour dès que possible. Le Strakka Racing ayant jeté l’éponge jusqu’au Mans, on est en droit de se demander si les Britanniques ne feraient pas mieux de se concentrer sur un programme européen avec la toute nouvelle Strakka-Dome S103 avant d’attaquer le FIA WEC en 2015. Les deux bonnes surprises de Silverstone ont été Tsugio Matsuda et Julien Canal, les deux tournant dans un très bon rythme.

On prend les mêmes et on recommence en GTE-Pro avec deux Ferrari face à deux Porsche et deux Aston Martin. Dominatrices l’année passée avec une Vantage GTE bardée de dérogations, le début de saison 2014 est plus compliqué avec une V8 Vantage GTE qui n’a guère vu le jour malgré une troisième place finale. Les Porsche 911 RSR ont nettement dominé le meeting britannique avec comme seul adversaire la Ferrari/AF Corse des duettistes Bruni/Vilander. La Porsche #92 ne doit sa victoire qu’au ravitaillement de la #91 quelques minutes seulement avant l’interruption de course. Les Rigon/Calado et Parente/Griffin vont devoir se cracher dans les mains pour venir jouer les trouble-fêtes sachant que le RAM Racing sera absent à Spa-Francorchamps. Manquer une manche européenne par manque de budget est inquiétant pour les courses post Le Mans où il va falloir aller aux quatre coins du monde.

Si la classe GTE-Am a connu bien des discussions l’an passé du fait d’une catégorisation de pilotes qui n’a guère ravi les équipes en place, tout est maintenant réuni pour de belles bagarres. AF Corse a dégainé en débit de course avant qu’Aston Martin Racing ne prenne finalement le dessus. La classe GTE-Am promet d’être indécise toute la saison.

Du côté des points positifs, signalons tout de même que Porsche Team s’est quelque peu détendu après la paranoïa du Prologue. Mark Webber, véritable star du week-end, a bien joué le jeu des nombreux fans qui l’attendaient devant la structure Porsche. Saluons aussi l’initiative d’Audi Sport qui a décalé son point presse pour permettre aux journalistes de suivre l’European Le Mans Series. Un double meeting n’est pas évident à suivre surtout avec des paddocks différents. On nous a souvent posé la question de savoir pourquoi les deux plateaux ne cohabitaient pour n’avoir qu’une seule course. Sur le papier, cette idée est alléchante mais compliquée à mettre en place avec des pilotes roulant en GTC dans le championnat européen pas forcément prêts à se faire tourner autour par des LM P1 surpuissantes.

Du côté des points négatifs, l’arrivée d’un constructeur supplémentaire en LM P1 fait que les médias ont tendance à délaisser les autres catégories. On a pu s’en rendre compte lors de la conférence de presse d’après-course où il y a eu un vrai rush sur les pilotes de LM P1 où ne sont restés que trois médias pour les autres catégories, dont deux français. Dommage…