Porsche s’attaque à ses troisièmes 24 Heures du Mans avec sa 919 Hybrid. Avec 17 victoires dans la Sarthe, la marque allemande compte bien défendre son titre face à Audi et Toyota. Les 6 Heures de Spa ont montré que la course pouvait réserver bien des surprises. Le Mans sera quatre fois plus long qu’une manche FIA WEC traditionnelle.
Fin stratège, Andreas Seidl (team principal) peut s’appuyer sur Stephen Mitas (Australie), Pascal Zurlinden (France), Kyle Wilson-Clarke (Angleterre) et Jeromy Moore (Australie). Le camp allemand a mis en place différentes situations pour répondre à la question « qu’est ce qui se passerait si… ». Un seul objectif chez Porsche : prendre la bonne décision au bon moment.
Le ravitaillement…
Sur le circuit long de 13,629 km, les deux Porsche 919 Hybrid couvriront un maximum de 14 tours avec un réservoir plein de 62,5 litres. A un moment de la course, Porsche ne remplira pas totalement le réservoir des 919 Hybrid. Les stratèges ont besoin de bien penser le moment le plus approprié. Si la course se déroule sans incident, ce splash se déroulera sur la fin. Cependant, tout changement de météo peut entraîner une modification du timing avec un arrêt avancé ou combiné à un passage aux gommes pluie. Un programme de simulation est constamment alimenté par Pascal Zurlinden, ingénieur stratège. Tout est étudié : données des Porsche, observation de la concurrence et suivi météorologique.
Le changement de pneu…
La courbe de performance peut aider à faire gagner une course mais peut aussi la faire perdre. La dégradation doit toujours être surveillée par les experts Michelin. Parfois, le caoutchouc peut avoir un pic plus bas avant de remonter. Dans le même temps, la voiture s’allège au fil des tours, ce qui peut prolonger la durée de vie des pneus. « Lors des 24 Heures du Mans 2015, la distance la plus longue parcourue avec les mêmes gommes était de 54 tours, ce qui donne trois ravitaillements sans changer de gommes. Si on tient compte de la marge la plus haute et la plus basse, les pneus ont perdu environ 1,6 secondes par tour La différence de poids entre un réservoir plein et un vide est de 44 kg, ce qui équivaut à environ 2 secondes par tour. »
La Porsche 919 Hybrid victorieuse en 2015 a ravitaillé à 30 reprises avec un arrêt de 51,3 secondes pour le plus rapide (carburant) et de 1.13.9 mn pour un arrêt complet (carburant, pneus, changement de pilote).
Les pilotes…
« Tous nos pilotes sont expérimentés et ils sont tous capables d’aligner un quadruple relais de nuit, soit 54 tours » poursuit Seidl. « Cependant, nous devons garder un œil sur les temps de conduite. » Chaque pilote doit passer un minimum de 6 heures en piste, sans dépasser 4 heures consécutives sur 6 avec un total de 14 heures à respecter. « Nous essayons de donner aux pilotes des périodes de repos optimales, ce qui nous permet d’avoir un maximum de souplesse jusqu’à la fin. »
L’accident…
Une course de 24 heures se passe rarement sans grain de sable sur la piste, si bien que les ingénieurs doivent toujours avoir un plan de secours. Un logiciel de simulation contribue à donner de précieux conseils à l’équipe, comme de savoir s’il faut faire ravitailler l’auto en cas de neutralisation. Le programme calcule les conséquences stratégiques d’un arrêt possible. Si une voiture connaît un contact, la pression des pneus est surveillée, de même que les données aérodynamiques. Le pilote est amené à donner son sentiment sur le fonctionnement de l’auto. Une « Battle Room », où siège Pascal Zurlinden, permet de revoir une action au ralenti afin de vérifier si un arrêt est nécessaire.
L’équipe…
Les Porsche 919 Hybrid ont passé 95 minutes et 36 secondes dans les stands l’année passée contre plus de 130 minutes à la seconde équipe qui alignait trois autos. « Juste la chorégraphie des arrêts est une science en soi » a déclaré Amiel Lindesay, ingénieur en chef. « Les règlements sur le nombre de personnes à travailler sur les autos est plus strict cette année. Les détails ont été répertoriés sur 11 pages. A titre d’exemple, seules deux personnes sont autorisées à travailler sur le ravitaillements en carburant, la voiture devant être montée sur les vérins. Une roue pèse 19,9 kg, ce qui fait que les mécaniciens doivent être costauds, rapides et résistants au stress. Pour eux aussi, la pression est énorme. »