Pilote officiel Porsche depuis 2008, Patrick Pilet a écumé les pelotons monoplace en passant de la Formule Renault à la 3.5 jusqu’en 2006. Changement de cap en 2007 avec la Porsche Carrera Cup France où il décroche le titre dès sa première saison. Repéré par le constructeur, il passe pilote Porsche Motorsport l’année suivante et fait depuis cette date les beaux jours de la marque allemande en GT. Parrain de la Porsche Carrera Cup France, le Gersois transmet toute sa connaissance de la marque allemande aux jeunes recrues. Rapide, disponible, toujours souriant, Patrick Pilet va de nouveau rouler en Championnat du Monde d’Endurance cette saison pour le compte du Porsche Team Manthey.

L’année 2014 a plutôt bien débuté pour lui avec une victoire aux 24 Heures de Daytona dans la catégorie GTLM, mais la suite a été plus compliquée avec des 12 Heures de Sebring ruinées après un contact avec une PC en délicatesse sur la piste. En fin de semaine, on retrouvera Patrick Pilet au Prologue FIA WEC qui servira de préparation au Championnat du Monde d’Endurance. Avant cela, le champion 2007 de la Porsche Carrera Cup France était présent au Paul Ricard pour couver les jeunes recrues de la Cup. L’occasion de revenir avec lui  autour d’un café sur ses 12 Heures de Sebring, mais aussi sur son rôle de parrain et sur sa saison FIA WEC qui va débuter le mois prochain à Silverstone.

 On te sent très impliqué par ton rôle de parrain en Porsche Carrera Cup France. Quel est ton premier regard sur le cru 2014 ?

 « La photo de groupe parle d’elle-même quand on regarde le plateau global. La série a rarement connu un tel niveau. Il y a la qualité mais aussi la quantité. La crédibilité du championnat augmente avec des équipes étrangères qui arrivent. Porsche France, Alex Gibot et ORECA font du très bon travail en dynamisant un championnat qui se rapproche de la Carrera Cup Deutschland, qui est jusqu’à présent la plus réputée. La France n’a pas à rougir. C’est un bon tremplin pour beaucoup de pilotes. Anthony Beltoise en est l’exemple parfait, tout comme Jean-Karl Vernay. Fred Mako et moi-même sommes pilotes officiels après avoir remporté la Porsche Carrera Cup France. Les primes sont intéressantes et la Cup est maintenant devenue un plan A pour beaucoup de pilotes, et non plus comme un programme de repli. Les coûts sont bien moindres que la monoplace. Il ne faut pas se leurrer, les pilotes qui vont en Formule 1 sont rares. »

La Cup est une discipline où le pilote joue un rôle essentiel. C’est cela aussi la recette ?

 « C’est une formule où le pilote fait la différence. Entre le haut et le bas de tableau durant les essais, il y a généralement quelques dixièmes. La 991 Cup permet encore plus de mettre le pilote en avant. Je suis très optimiste sur la saison à venir qui va permettre de faire éclore de nouveaux talents. Il faut toujours surveiller l’escalade des coûts, notamment au niveau des pneumatiques. Le contraire ne servirait pas le championnat. »

Le Porsche Scholarship International est un atout supplémentaire pour intéresser les jeunes…

 « J’espère que d’autres connaîtront le même succès que Jean-Karl. L’année passée, Max (Jousse) a fait du très bon travail même si Earl Bamber a été choisi. Lui aussi peut aller loin. Durant les deux jours, j’ai discuté avec les pilotes pour mieux les connaître, et on sent une grosse envie de bien faire. Tous les voyants sont au vert. De plus, c’est fabuleux d’avoir un meeting en ouverture des 24 Heures du Mans. Tout le monde va regarder de près cette course. »

 Tu arrives de Sebring. Après le succès rencontré à Daytona, la #911 a connu une course plus compliquée suite à un contact où tu as été passager du choc. Que retenir de cette édition ?

 « C’est la course ! Une PC est partie en tête-à-queue juste devant moi et j’ai juste eu le réflexe de l’éviter à gauche. J’ai essayé de tourner mais on ne peut pas tout calculer. Nous étions revenus au contact de la tête mais ce choc nous a fait perdre six tours. L’équipe a parfaitement travaillé pour remettre l’auto en piste. On aurait pu faire une réparation de fortune mais il a été décidé de faire une vraie réparation au niveau du bouclier avant et du passage de roue. On pensait revenir en fonction des neutralisations et avoir des « pass around », mais nous n’avons pu en avoir qu’un seul. C’est dommage car nous étions bien en rythme. Sur le papier, les Corvette et Viper étaient un peu mieux. Tout le travail effectué lors du Winter Test a bien aidé. La BOP a été revue pour nos adversaires. »

Ces trois lettres BOP sont devenues le cauchemar des constructeurs. C’est aussi ton avis ?

 « Chez Porsche, le maître mot est de rouler et de ne pas cacher son jeu. Porsche veut être honnête en Tudor United SportsCar Championship et FIA WEC. Nous aurons la même approche en fin de semaine lors du Prologue. On ne doit pas se battre contre les organisateurs mais être avec eux. Le nouveau modèle nous a fait gagner en fiabilité. »

 Tu t’attends à une saison disputée en GTE-Pro ?

 « Le FIA WEC est un championnat très relevé avec trois constructeurs de premier plan. La Ferrari est une très bonne auto et l’Aston Martin a certainement été la plus avantagée en 2013, au contraire de la Ferrari. Porsche travaille dans son coin pour nous donner la meilleure auto possible. Avant le Prologue, nous allons boucler une séance d’essais afin d’être prêts. »

Pour en revenir au TUSC, après deux courses, quel est ton sentiment sur cette fusion ALMS/GRAND-AM ?

 « On ne peut pas nier qu’à Sebring les neutralisations ont été trop nombreuses et les Prototype Challenge ont posé des problèmes. Trois virages après mon accrochage, j’ai failli harponner une autre PC en travers. Le championnat est vraiment bon et je pense que la balance P2/DP est assez bonne, tout comme entre GTLM et GTD. Sur les circuits rapides, la vitesse max des GTD est vraiment importante. En GTLM, le plateau est magnifique. Le paddock est très beau et l’ambiance parfaite. »