Pilote officiel Porsche depuis 2008, Patrick Pilet est de tous les combats avec le constructeur allemand. S’il en est un qui est capable de vous expliquer le fonctionnement d’une Porsche dans les moindres détails, c’est bien lui. Entre Championnat du Monde d’Endurance de la FIA et quelques piges en Tudor United SportsCar Championship et VLN, la saison 2014 du Parrain de la Porsche Carrera Cup France est bien remplie. Si les 24 Heures de Daytona ont été pour lui l’occasion de ramener à la maison une Rolex (victoire en GTLM), la suite a été plus compliquée aussi bien en FIA WEC qu’en TUSC, la faute notamment à une BOP revue en cours de saison pour les 911 RSR. Depuis la rentrée FIA WEC à Austin, Patrick fait cause commune avec Fred Mako, soit un tandem français capable d’affoler la concurrence. Si Austin s’est traduit par un podium, Fuji s’est terminé à la dernière place suite à un accrochage dès le premier tour. Une semaine plus tôt, le Petit Le Mans s’était soldé une course agitée dans la voie des stands. Il reste encore trois manches FIA WEC au tandem français pour briller sur la scène mondiale.
Que retenir de Fuji ? Un rendez-vous raté ?
« Notre course s’est terminée au premier virage. Deux Aston Martin sont entrées en contact, un pilote de l’une d’elles restant accéléré en voulant passer à l’intérieur. Il a heurté le côté de ma voiture. Je n’avais aucune chance d’éviter le contact. Notre auto était salement endommagée, ce qui m’a obligé à rentrer et mis fin à nos espoirs. C’est simplement de la malchance. Maintenant, nous sommes tournés vers Shanghai en espérant avoir plus de chance. A Fuji, on savait que la clé était d’avoir une auto constante et que la dégradation serait à prendre en compte. On ne pouvait rien faire contre Aston Martin avec des Vantage GTE qui atteigne leur vitesse maximale bien plus vite que la concurrence. Le FIA WEC ne regarde que la vitesse maximale. Nous avons une “vmax” quasiment similaire mais les Vantage y arrivent bien plus vite. »
On sent un peu de frustration…
« Comment ne pas être frustré… »
La « french association » se passe pour le mieux ?
« L’association est parfaite. On s’est découvert à Austin où l’on s’est réparti les tâches. La communication est plus facile. J’ai plus d’expérience que Fred avec l’équipe et l’auto, ce qui fait que je peux apporter mon aide sur ces points. La confiance de l’un envers l’autre est réciproque. J’espère que l’on décrochera un maximum de succès ensemble. Jusqu’à présent, les deux autos ont des réglages assez proches avant les meetings. Chaque équipage travaille ensuite de son côté. Peut-être faudrait-il débuter avec des réglages un peu plus extrêmes, ce qui pourrait nous permettre de prendre des décisions plus rapidement et d’affiner les réglages. »
Une semaine avant Fuji, tu étais au Petit Le Mans avec un fait de course assez inédit…
« Aux Etats-Unis, les ravitaillements sont très rapides. La concurrence est rude et il faut perdre le moins de temps possible. J’ai relayé Jörg (Bergmeister) et ma gourde n’a pas été installée dans son emplacement, si bien qu’au moment de partir, elle est tombée à proximité de l’accélérateur. J’ai baissé les yeux quelques dixièmes pour la récupérer avant de freiner et percuter la Ferrari arrêtée un peu tôt au feu rouge. Contrairement à ce que j’ai pu lire ici et là j’étais bien attaché en repartant. »
Selon toi, la BOP en Tudor United SportsCar Championship est bonne ?
« Elle était plus équilibrée en fin de saison avec des chronos très proches. En revanche, le nombre d’autos est trop important avec trop de GTD. De plus, le niveau en Prototype Challenge a nettement diminué comme on a pu le voir notamment à Sebring. On est obligé de rouler très près d’eux, ce qui occasionne des contacts. J’ai pu en faire la triste expérience à Sebring. »
L’idée de réunir ALMS et GRAND-AM était ce qu’il fallait faire ?
« Sans aucun doute, mais on a réuni des autos qui ne sont pas faites pour rouler ensemble. On ne peut pas dépasser les GTD en ligne droite. Il faut réorganiser les catégories en termes de chronos. L’idée est bien de faire du qualitatif plus que du quantitatif. Pourquoi pas mettre en place une sélection sur les courses importantes. »
Malgré un emploi du temps bien chargé, tu t’occupes toujours de suivre les jeunes en Porsche Carrera Cup France. La satisfaction est de mise sur le cru 2014 ?
« Le niveau est montré d’un cran en A et au niveau des Jeunes Talents. On a pu voir que ce n’est pas facile pour eux d’aller se mesurer à la Porsche Carrera Cup Deutschland où la gestion des meetings est différente. Il faudrait peut-être que l’on réfléchisse à ce que tout le monde roule ensemble en qualifications. Ce changement pourrait aider à franchir le pas de la Cup allemande. Je suis satisfait du niveau en Cup France. Côme (Ledogar) s’est épanoui cette saison. Sa performance est une surprise sans l’être. On savait qu’il allait être vite. Max (Jousse) a été plus irrégulier mais il est toujours là pour le titre. En B, le niveau est très relevé même si c’est regrettable que Laurent Pasquali n’ait pu terminer la saison. Le meeting en ouverture des 24 Heures du Mans a été un franc succès. »