A l’issue d’une séance d’essais qualificatifs particulièrement animée et qui a vu chacun des trois constructeurs prendre successivement l’avantage, Toyota a échoué à 0″7 de Porsche. Pascal Vasselon, le directeur technique de TMG, est revenu pour nous sur ces essais, sur la course à venir et sur quelques autres sujets…
Pascal, que pensez du résultat de ces essais qualificatifs ?
« Si l’on s’en tient au résultat brut des essais, Porsche va gagner. Fin du débat. Mais en fait, les spécificités de leur système hybride leur apportent un avantage ici sur quelques tours. Avec les batteries, ils peuvent stocker de l’énergie jusqu’au maximum réglementaire puis décider de la libérer en une seule fois. Nous ne le pouvons tout simplement pas. Avec les super-condensateurs, nous ne pouvons pas stocker l’énergie longtemps, nous devons la libérer rapidement. Or ici, pas plus qu’à Silverstone, nous ne pouvons utiliser notre système hybride au maximum de ce que nous autorise le règlement. Nous ne pouvons pas récupérer suffisamment d’énergie sur les freinages contrairement à Bahrain par exemple. Les Porsche par contre, avec leur système hybride sur le turbo, peuvent même récupérer de l’énergie en ligne droite. Notre système sera pleinement efficient au Mans avec ses nombreux gros freinages mais pas ici. Cependant, en course, le système Porsche rentre dans le rang au bout de plusieurs tours. »
Avec le soleil revenu aujourd’hui samedi, vous allez trouver des conditions de piste bien différentes de celles rencontrées hier avec la pluie et une piste froide…
« Mais nous l’avons anticipé. La température extérieure ne sera pas très différente mais avec le soleil, la température de piste, elle, va grimper de 8 à 10° C. Nous avons donc fait un choix de pneumatiques qui n’était probablement le plus adapté à la qualif mais qui devrait être adapté aux conditions du début de course. »
Vous libérez désormais l’énergie électrique aussi bien sur l’essieu avant que sur l’essieu arrière. Mais à quel point avez-vous amélioré le rendement de votre système hybride par rapport à l’année dernière ?
« Ce qui est important pour un hybride, c’est la densité énergétique du système : c’est à dire la capacité de récupérer, restituer et stocker un maximum d’énergie pour un minimum de poids embarqué. De ce point de vue, notre système est 25 % plus efficace que celui de la TS030. »
La TS040 est-elle systématiquement en mode 4 roues motrices ou s’adapte t-elle aux conditions de piste ?
« Le système est totalement flexible et ne cesse de s’adapter à l’adhérence rencontrée. Il n’y a pas de règle établie une fois pour toute. »
Etes-vous surpris du très bon niveau déjà atteint par Porsche et ses 919 ?
« Il est évident qu’ils ont fait une très bonne voiture. Ici, nous sommes à peu près au même niveau en Vmax. Nous leur restons toutefois supérieurs sur le domaine du châssis et du freinage notamment. Mais il n’est pas surprenant de les voir déjà ce niveau. »
Un mot d’Audi qui semble mécontent de l’avantage offert aux gros systèmes hybrides ?
« Ils n’ont pas réussi à développer leur deuxième système hybride et j’en suis désolé pour eux. Ils sont également les seuls à insister avec leur système à roue d’inertie. Ils doivent assumer leur choix comme nous assumons ceux que nous avons faits, avec les avantages et inconvénients qu’ils offrent. De plus, Audi ne doit pas oublier qu’ils sont les seuls dans le clan du diesel. Avec l’EoT, système qui semble donner satisfaction pour le moment, ils pourraient presque s’offrir le luxe de ne plus développer leur V6 diesel que le règlement leur redonnerait suffisamment de gazole pour demeurer compétitif. Nous n’avons pas ce luxe car nous affrontons Porsche dans la catégorie des motoristes essence. »
Force est de constater que, dans le petit monde du LMP1, malgré ce nouveau règlement 2014, on ne cessera donc jamais de parler d’équivalences…