Discret depuis le début de saison FIA WEC, le Toyota Gazoo Racing compte bien rafler les 24 Heures du Mans cette année après avoir été titré en 2014 en FIA WEC. L’équipe attend beaucoup de son kit Le Mans, guère visible à l’oeil nu, pour retrouver le haut de l’affiche et ne pas se laisser distancer par Audi et Porsche. Il ne faut surtout pas enterrer trop vite les TS040 HYBRID. Pascal Vasselon, directeur technique du Toyota Gazoo Racing, a fait le point avec nous sur le potentiel de la TS040 HYBRID à la veille de la Journée Test.

La confiance est de mise avant d’aborder le début des hostilités ? Le kit Le Mans doit permettre de réduire l’écart avec la concurrence ?

” Nous avons testé récemment le package Le Mans qui est optimisé pour des ratios de piste différents. C’est le ratio idéal entre appui et traînée. A Spa, on est un peu entre les deux contrairement à Silverstone où la question ne pose pas. C’est toujours difficile de choisir le kit “low downforce” à Spa. Sur le plan visuel, il n’y a pas grand-chose de visible contrairement à 2014 où la différence était plus notable. Cette année, l’avant est différent, de même que la canalisation des flux sur les côtés.”

On voit des technologies différentes selon les constructeurs avec des écarts réduits. C’est ce qui fait la force du LM P1 ?

” La LM P1 la plus différente est sans conteste la Nissan.C’est toujours intéressant de voir l’arrivée d’un nouveau constructeur. Entre les autos plus conventionnelles, la différence se fait principalement au niveau du groupe propulseur avec des solutions qui sont aux antipodes les unes des autres. On a des systèmes hybrides différents qui emploient une technologie très récente. On a vu ces derniers temps que chacun avait son lot de pépins. La température joue un rôle important car le stockage chimique est assez sensible à l’air ambiant. De plus, la gestion du moteur à combustion est importante. En conditions optimales, l’écart entre atmo et turbo n’est pas très important. Le moteur turbo a une meilleure capacité d’adaptation que l’atmo. On le voit à Fuji par exemple où la pression atmosphérique est plus basse. Le moteur atmo est dimensionné pour Le Mans. On espère que l’on sera mieux qu’à Spa où nous avons pris un coup bas en termes de performance. Au Mans, l’effet de l’altitude ne joue pas.”

Le Mans manque encore au tableau de chasse de Toyota…

” Les 24 Heures du Mans ne se gèrent pas comme un championnat. Sur un championnat, le classement final reflète la valeur de la saison. Au Mans, tout peut arriver. L’an passé, nous sommes arrivés en favori justifié mais cela n’a pas suffi pour gagner. Cette année, nous ne sommes pas les plus rapides mais nous sommes bien au niveau fiabilité. Audi et Porsche semblent avoir pris un peu plus de risques. Sur une course comme Le Mans, la fiabilité prime. En 2014, l’Audi victorieuse a passé 25 minutes à son stand. La #8 était pourtant l’auto la plus fiable et la plus rapide. Nous étions au mauvais endroit au mauvais moment lorsque la pluie est arrivée.”

Malgré la volonté de passer en 8MJ, Toyota Gazoo Racing est resté à 6MJ…

“On travaille constamment sur le système hybride et nous avons chercher à améliorer encore plus la fiabilité. On aurait préféré passer à 8MJ mais nos ressources n’ont pas permis ce changement de classe d’hybridation. On a rencontré cette année nos limites en termes de ressources. Les progrès sur l’auto ont été énormes dans le domaine du châssis. Nous avons gagné de suite environ 2,5s et cela s’est confirmé en course. Cependant, les autres ont juste fait des progrès stratosphériques à réglementation stabilisée. Il fallait gagner 20 kg pour passer à 8MJ.”