Quatre jours après avoir testé la Ligier JS 53 EVO du Graff, direction la Creuse et le Circuit de Mornay pour tester la Ligier JS 51B dans le cadre des OAK Racing Endurance Experience. Au menu une journée complète de roulage en Formule Renault puis en prototype CN.
Plusieurs fois par an, les OAK Racing Endurance Experience permettent de piloter de véritables voitures de course sous la houlette de Pierre Petit et son équipe. Creusois de naissance, Pierre Petit a gravi les échelons de la monoplace jusqu’aux portes de la Formule 1. Champion de France de Formule 3 en 1982, le natif de Guéret compte quatre participations aux 24 Heures du Mans, toutes chez Welter Racing. Reconverti dans l’école de pilotage sur le Circuit de Mornay depuis 1997, Pierre Petit est un homme au tempérament trempé, mais ô combien attachant et pédagogue. Nous reviendrons sous peu sur les activités du Circuit de Mornay.
Il n’est pas question d’aller rouler pour le simple fait de rouler. Rendez-vous était donc pris samedi à 18 heures à Bonnat, petit village de la Creuse, où rien n’indique qu’un circuit se trouve à proximité. Une fois le Circuit de Mornay trouvé, nous sommes accueillis par Béatrice, Hélène et Christophe du service marketing de Onroak Automotive pour le verre de l’amitié. Mes seules rencontres avec Pierre Petit datent d’il y a plusieurs années lors des soirées de présentation des programmes de Guillaume Moreau. La Haute-Vienne est limitrophe avec la Creuse… A peine terminé le verre d’accueil que Pierre arrive avec une feuille détaillant le Circuit de Mornay. “Voilà vos devoirs du soir” nous lance-t-il avec le sourire. “Il y a les noms des virages, les rapports de vitesses dans chacun d’eux. Interrogation demain matin.” Marc Rostan et Guillaume Moreau m’avaient prévenu, il va falloir écouter et travailler. Avec des virages tels que Indianapolis, Senna, Estoril, Monza, Monaco, Brands Hatch, Mornay et Spa, l’apprentissage devrait être rapide.
Pour ce run, nous sommes cinq à rouler, tous novices. Cinq à rouler et cinq à faire leurs devoirs du soir après un dîner à l’Orangerie. De quoi passer un bon moment à discuter Endurance autour d’une bonne table.
Le lendemain matin, rendez-vous au Circuit de Mornay où trônent les trois Ligier JS 51B et trois Formule Renault, toutes rutilantes et prêtes à prendre la piste. Pas question de mettre le casque avant le briefing. Et quel briefing ! L’interrogation a bien eu lieu et pas question d’emmener en bateau le maître des lieux : combien de virages, les noms, les rapports, à quel endroit passe-t-on la deuxième… Passage au tableau oblige pour expliquer aux petits camarades ce qu’est un point de corde. Tout est décomposé : freinage, freinage dégressif, zone de transition, accélération progressive, le tout avec un code couleur. On entendrait une mouche voler…
Bon, c’est bien gentil Pierre, mais on roule quand ? Les Formule Renault nous attendent. Une fois les dernières explications sur le mode d’emploi et les consignes de sécurité, place à la piste. Je suis chargé du premier roulage et je prends vite conscience de la complexité du tracé. Un, deux, trois tours et je vois quelqu’un en bord de piste qui me fait signe de m’arrêter. J’ai beau avoir la tête de Mako, les pieds et les mains de Guillaume Moreau, je ne pense pas que Pierre m’arrête pour me faire signer un contrat de pilote : “C’est quoi ton freinage ?” Ben quoi, il est top mon freinage. “Ah ça pour accélérer, là pas besoin d’explication, mais pour le freinage…” C’est reparti pour 5 minutes d’explication avant la mise en pratique. Pour le contrat, on va donc attendre encore un peu. Pierre a posté une partie de son équipe autour du circuit, ce qui rend plus facile les debriefings. Chacun y va de son roulage jusqu’à la pause déjeuner.
Place aux choses sérieuses dès le début d’après-midi avec une simulation d’endurance de trois heures au volant des Ligier JS 51B où Pierre Petit nous assigne la #24. Un signe pour Hélène, Luca et moi-même, la seconde Ligier étant partagée par Eric et Damien. Petite soeur de la JS 53 EVO, la JS 51B développe 250 chevaux, le proto CN étant équipé d’une boîte de vitesses séquentielle à 6 rapports sans paddle-shift. Ces autos sont un vrai régal à piloter : moteur coupleux, boîte précise, freinage mordant, direction souple. Chaque pilote roule environ 15 minutes avant de laisser son baquet à son coéquipier. De quoi se former à l’Endurance…
Comme le matin, Pierre vient donner ses conseils ou sermonner les pilotes d’un jour : “C’est pas parce que tu es pote avec Olivier Pla que t’es capable d’aller aussi vite que lui dans une Ligier. T’as des aptitudes mais faut pas exagérer.” Ah bon ? Moi qui pensait aligner les tours de qualif, c’est raté ! Au fil des relais, chacun prend ses aises en écoutant à la lettre les consignes de Pierre et son équipe. Personne n’a calé au démarrage, pas une seule frayeur sur la centaine de tours bouclés. Avec le recul, on comprend mieux pourquoi il fallait connaître par coeur le circuit avec un encadrement aux petits soins.
Croyez-le ou pas, des apprentis-pilotes ont prolongé l’expérience jusqu’à rouler cette saison en Trophée Tourisme Endurance avec ces mêmes Ligier JS 51B et de très belles performances à la clé. Comme quoi avec une bonne préparation et une écoute des conseils à la lettre, il est possible en quelques mois de passer à la compétition. Ces Ligier CN sont un régal à piloter et on comprend mieux pourquoi ces autos font le régal des gentlemen, d’autant plus que la JS 53 EVO est équipée de palettes au volant.
Vous pensez qu’une voiture de course n’est pas pour vous ? Allez rendre une visite à Pierre Petit et son équipe, et vous reviendrez conquis par la JS 51B qui n’a pas pris une ride. Monsieur Guy Ligier, vous avez fait rêver des millions de Français, et moi j’ai testé deux prototypes portant votre nom en quatre jours, sans être un pilote chevronné. Et j’espère que ce n’est que le début…
Un grand merci à Pierre, Maxime, Vincent, Johan, Sylvie, Béatrice, Christophe et mes compagnons du jour.
Plus d’infos sur les OAK Racing Endurance Experience ici et sur l’école de pilotage de Pierre Petit là.