En dépit d’une crevaison, Benoît Tréluyer et ses équipiers Marcel Fässler et André Lotterer offrent au championnat son plus beau spectacle pyrotechnique de l’année, et s’imposent dans la dernière heure après une remontée à couper le souffle. Dans l’Empire du Milieu, à qui l’on doit l’invention des explosifs, le trio a fait parler la poudre…
Tréluyer a tenu ses promesses chinoises ! Arrivé à Shanghai avec la ferme intention d’allumer les mèches, le Français a dynamité le peloton avant de faire sauter le verrou Toyota dans la dernière heure de course et de se porter en tête.
« Et dire que nous avions pratiquement un tour de retard suite à la crevaison dont André (Lotterer) avait été victime en première partie de course, exultait-il en s’extrayant de l’habitacle de son Audi R18 e-tron quattro. Quand André a effectué son dernier relais, nous sommes entrés lentement dans une fenêtre d’exploitation des pneus qui nous convenait mieux. Puis il a commencé à regagner du terrain. Cela m’a mis en confiance ! Je me suis dit que nous entrions dans la bonne fenêtre et quand j’ai pris mon relais, j’étais sur-motivé… »
Benoît s’est élancé pour trois relais d’affilée et a signé d’entrée des chronos incroyables qui lui ont permis de remonter vers la tête de la course. Il a ensuite passé le volant à Marcel (Fässler) qui a maintenu le rythme même s’il ne se sentait pas aussi à l’aise que le Français dans la voiture. Leena, leur ingénieur piste, a donc choisi de renvoyer Benoît en course.
« Marcel aurait pu finir le travail, mais je suis reparti malgré tout, poursuit le natif d’Alençon. Lors des derniers ravitaillements, Alexander Wurz est ressorti devant moi. Je l’ai observé pendant quelques tours et j’ai vu qu’il allait rencontrer du trafic au virage 1. Je me suis rapproché au maximum pour avoir une opportunité de dépassement. Je ne sais pas si c’est à cause de la pression exercée, mais il s’est légèrement loupé et s’est retrouvé à l’extérieur de la trajectoire. Il ne me restait plus qu’à le cueillir par l’intérieur… »
Après cette manœuvre des plus académiques, qui trouverait sa place dans les meilleurs manuels de dépassements, Tréluyer s’envolait vers sa troisième victoire de la saison, la quatrième avec les 12 Heures de Sebring disputées hors championnat.
« Nous avons rempli notre contrat, soufflait-il encore. Avec Marcel (Fässler) et André (Lotterer), nous avons toujours affirmé que nous nous battrions jusqu’à la fin, et c’est que nous avons fait. Nous perdons certes notre titre de Champion du Monde, mais avec les honneurs ! Je suis très heureux pour nos équipiers de la n°2. Tom (Kristensen) et Allan (McNish) sont des piliers de l’aventure Audi en Sport-Proto, et ce titre vient couronner leur très belle carrière. Quant à mon pote Loïc (Duval), il a été absolument magique durant toute la saison. Savoir que c’est lui qui hérite de notre n°1 rend plus douce la déception ! En plus, je suis content d’apporter ma petite pierre à l’édifice de la première victoire d’Audi en Chine ! »
A peine avaient-ils abandonné leur couronne de Champion du Monde, que Benoît, Marcel et André coiffaient celle d’Empereur de Chine devant un parterre bien plus fourni que l’année dernière.
« Il y a encore beaucoup de spectateurs, se réjouissait-il samedi soir en constatant que la tribune principale était bien remplie. Qu’ils soient restés jusqu’à la fin montre que l’intérêt est là. Bravo aux promoteurs du championnat WEC qui ont fait du bon boulot et su organiser de belles activités sur le site. »
Alors que le ciel de Shanghai brillait encore de mille feux, Benoît regardait déjà en direction du Royaume de Bahreïn où se disputera la dernière manche du championnat WEC 2013 le 30 novembre prochain.
« Une épreuve de clôture que nous allons mettre un point d’honneur à remporter, annonçait-il. Nous n’avons pas connu une année facile puisque nous avons rencontré pas mal de malchance. Il est donc important de terminer sur une bonne note afin de bien préparer 2014 ! »