Arrêter une course est toujours une décision difficile à prendre et les officiels du Tudor United SportsCar Championship l’ont bien compris lors du Petit Le Mans. Après dix neutralisations, des sorties de piste à répétition, un drapeau rouge et 7h51 de course, la décision a été prise de mettre un terme à l’édition 2015 deux heures avant son terme sur un circuit de Road Atlanta dont on ne peut pas dire qu’il soit prêt à recevoir autant d’eau en si peu de temps. Les pilotes n’ont pas piloté, ils ont surnagé. Chaque tour s’est déroulé en mode commando survie et à ce petit jeu les GTLM ont été bien plus véloces que les autos des autres catégories. Les gommes Michelin ont fait des merveilles face au manufacturier unique.
Entre la pluie, l’arrivée de la nuit, l’aquaplaning et les commentaires avisés des pilotes, l’IMSA a préféré jeter l’éponge. Beaux Barfield, directeur de course de l’IMSA, a expliqué que de multiples facteurs avaient conduit à cette décision. Le directeur de course a pris le volant à plusieurs reprises pour une reconnaissance de la piste. La question à se poser était de savoir à quel moment interrompre la course. Il fallait avoir des c**** pour partir en piste surtout que pas mal de pilotes ont frôlé la correctionnelle. Par chance, personne n’a été blessé.
« La météo attendue s’annonçait mauvaise et nous en avons pris compte » a confié Beaux Barfield à l’issue de la course. « Lors du dernier restart, les problèmes de visibilité ont produit deux problèmes. Le premier est le manque de grip ou l’aquaplanage, peu importe le terme employé. Il y a des moments où les pilotes ont moins le contrôle. L’autre souci majeur concerne la visibilité. Les voitures qui ont de l’appui renvoient un spray qui empêche de voir tout autour.
« La question du grip a été traitée même si cela a pris un peu de temps. La visibilité était un problème, mais cela s’est accentué avec le manque de luminosité en fin de journée. La lumière avec les conditions de piste n’ont pas donné le niveau de confort nécessaire. La décision a donc été prise de donner le drapeau à damier. »
Les pilotes ont tous abondé dans le sens de la direction de course, à commencer par Joao Barbosa, titré une deuxième fois à l’issue du Petit Le Mans : « J’ai été surpris lorsqu’ils ont annoncé le damier, et surtout surpris de voir comment c’est arrivé tardivement. Tout s’est vite détérioré. La visibilité était quasiment nulle compte tenu de l’obscurité. Par chance, nous avions la bonne stratégie sans avoir l’obligation de faire un arrêt contrairement à d’autres. Nous avons eu de la chance car le dernier arrêt a été fait sous le drapeau jaune précédent. Je pense qu’il fallait mettre fin à la course car il y avait tellement d’eau stagnante. »
Scott Dixon, champion IndyCar, et pilote de la Riley-Ford du Chip Ganassi Racing est du même avis : « Ce sont les conditions les pires de ma carrière. Je n’ai jamais connu cela avant, même sous régime de drapeau jaune, les conditions étaient difficiles. Vous n’étiez pas en course mais bien en survie. »
Townsend Bell, champion GTD avec Bill Sweedler, s’est réjouit de cette fin anticipée : « Pauvre Jeff (Segal) qui a dû passer par deux ou trois restart assez compliqués. Je ne suis pas certain que les officiels aient constaté combien la visibilité était difficile. Mais j’étais prêt à aller dans l’auto. Je pensais que je devais tout faire pour rester en piste. Lorsque le drapeau à damier a été abaissé, j’ai cru que je rêvais. »
Bobby Rahal, team principal du BMW Team RLL qui a pris la deuxième place, reste plus tempéré sur le moment choisi de mettre un terme à la course : « C’est décevant, spécialement si nous avions pu avoir quelques tours en plus, qui sait ce qui serait arrivé. Bien entendu, les conditions étaient très difficiles pour tout le monde. C’est assez frustrant de devoir se battre contre mère nature. Pour nous, l’année a été bonne avec trois victoires et une deuxième place au championnat. Je pense que nous pouvons être satisfaits de notre année, même si c’est toujours décevant de passer aussi près de remporter un championnat, mais nous serons de retour l’année prochaine. »