Le sport automobile n’est qu’une question de contrôle. Chaque élément d’une course est analysé et réglé dans les moindres détails. Bien sûr le seul élément qui ne peut pas être maitrisé est la météo. Cependant, la meilleure solution est d’avoir un expert à portée de main qui peut pronostiquer et identifier ce que la météo peut réserver comme surprise.
C’est exactement ce que fait Météo-France pour le Championnat du Monde d’Endurance FIA WEC en tant que partenaire officiel de la saison 2016. Qu’il pleuve, qu’il vente, ou comme à Silverstone, qu’il neige, Météo-France fournit à l’organisation du championnat et aux concurrents autant d’informations que possible sur les prévisions météorologiques.
Paul Abeillé, météorologue expérimenté pour Météo-France est en charge de récolter, analyser et communiquer toutes les données.
« Sur chaque course du Championnat du Monde, nous avons quatre personnes présentes. Une personne, moi-même, est en charge de communiquer les données à l’organisation et les trois autres sont dédiés aux 3 écuries LM P1. »
« Environ une semaine avant la course j’écris des prévisions météo basées sur nos données, que j’actualise ensuite au fil des jours jusqu’au jour de la course. Je fais cela environ 3 fois par jour. Durant les roulages, je peux envoyer de courts messages sur l’écran des chronos si de la pluie approche et préciser quand elle sera là. »
Paul Abeillé a à sa disposition des technologies de pointe incluant des stations radars situées dans des lieux bien précis.
« Nous utilisons un radar particulier installé au sein même du circuit » décrit Paul Abeillé. « Le radar va nous fournir des données très précises ainsi que des images. Avec cette procédure nous pouvons savoir exactement s’il y aura de la pluie et quand elle arrivera sur le circuit. Nous pouvons également mesurer l’intensité des averses et à quel endroit de la piste elles arriveront en premier. »
Météo-France calibre son radar et choisi le meilleur emplacement en fonction de la topographie autour du circuit. Elle compare également ses réglages avec d’autres informations fournis par des systèmes installés dans un aéroport local afin de s’assurer une plus grand fiabilité.
En avril, à Silverstone, la célèbre météo britannique imprévisible a réservé un large éventail de conditions météos ce qui a été un vrai challenge pour les pilotes mais également pour Météo-France.
Paul Abeillé : « A Silverstone nous étions très occupés ! Nous faisions des prévisions minute par minute car il y a avait beaucoup d’activité. Des averses, un peu de neige, cela changeait toutes les minutes mais nous savions que cela ne durerait pas. Donc, même si nous voyions la neige tomber, il n’y avait pas de grande inquiétude car nous pouvions heureusement voir que la perturbation passait rapidement au-dessus du circuit. »
Le département météo et Paul Abeillé travaillent en constante coordination avec le Directeur de Course du Championnat du Monde d’Endurance FIA (WEC), Eduardo Freitas. Cette collaboration a débuté lors du Prologue en France en mars dernier.
« Eduardo veut que je sois très réactif car c’est dans l’intérêt de tous de savoir si la pluie va tomber sur le circuit et quand. Il souhaite avoir des messages courts pendant les sessions de roulage afin de lui donner les informations rapidement et précisément. J’apprécie sa façon de travailler et comment il fait pour gérer une course avec toutes les informations qu’il reçoit » ajoute Paul Abeillé.
Aussi importantes que la météo, les températures sont un élément clé dans une course d’endurance ; pour la préparation des voitures, des pneus mais également sur un aspect humain.
« Les températures de l’air et de la piste sont très importantes pour les concurrents. Nous donnons aux équipes ces informations car elles sont cruciales pour leur préparation et leur stratégie de course. Les pilotes ont également besoin de ces données pour pouvoir se préparer et s’hydrater en conséquence. »
Ce qui est également décisif pour les équipes est de connaitre la pression atmosphérique. Certaines voitures ont des moteurs turbo qui sont affectés par la pression atmosphérique. Le responsable technique dispose de cette information avant le weekend de course afin de contrôler le niveau d’alimentation de la voiture pendant la course.
« Les outils que nous avons sont vraiment très performants. Le système de mesure est fabriqué dans nos locaux de Météo-France. Avec notre programme, nous pouvons faire des prévisions météo partout dans le monde grâce à nos stations d’observation et notre propre logiciel. »
Les évènements météos n’ont jamais été aussi extrêmes qu’en 2013 à Fuji où un typhon est venu perturber la course qui a d’ailleurs dû être stoppé après seulement 16 tours sous Safety Car.
« Nous pouvons prévoir un typhon environ une semaine avant d’arriver sur un circuit. Le problème avec les tempêtes tropicales est qu’elles sont imprévisibles. J’ai étudié pendant 10 ans les tempêtes tropicales et je connais donc bien leurs spécificités. Si elles arrivent, tout ce que vous pouvez essayer de prévoir est quand et où elles arriveront sur le circuit. Forcément, le facteur chance est important lorsque l’on parle de ce type de tempête. »
Alors qu’il pleuve ou qu’il vente, Paul Abeillé et son équipe fournissent des informations vitales qui affectent tous les aspects des courses du Championnat du Monde d’Endurance FIA (WEC). Que nous réserve Le Mans cette année ? Quel que soit le temps, l’équipe de Météo-France sera la première à le savoir.