Le Team Extrême Limite est un habitué du Challenge Protos de la VdeV Endurance Series depuis maintenant plusieurs années. On a vu également l’équipe en European Le Mans Series ainsi qu’au Mans en 2011 et 2012. Cette année en VdeV le team a délaissé ses Norma pour engager deux Tatuus PY012 qui ont progressé tout au long de la saison, Léo Roussel et Jean-Claude Poirier décrochant même la victoire lors des Six Heures de Magny-Cours, avant-dernière manche de la saison 2013.
Marc Graillot, le Directeur Sportif de l’équipe nantaise, est revenu sur cette saison 2013 et a évoqué l’avenir de l’équipe.
Marc, que peux-tu nous dire sur la saison 2013 de Extrême Limite ?
« Ecoute, c’est une année qui a été un petit peu en deux tons. On a eu un début d’année un peu difficile, parce qu’on avait des voitures, les nouvelles Tatuus PY012, qui étaient en quelque sorte brut de fonderie, donc il a fallu qu’on fasse beaucoup de développement. Je dois dire qu’on a trouvé en Tatuus un partenaire tout à fait exceptionnel qui a travaillé de son côté, qui a tout mis en commun et on a réussi à faire marcher les voitures. A partir de la moitié de la saison, ça a commencé à être bien, on a gagné à Magny-Cours, on a fait la pole position et le meilleur tour à Estoril où s’il n’y avait pas eu une bêtise avec la pompe à essence, on aurait pu récidiver. Enfin, ce n’est pas grave, l’essentiel était de voir qu’on était dans le coup. »
TFT a aussi changé cette année trois des ses Norma pour des Tatuus, est-ce que vous avez fait du développement en commun ?
« Pas vraiment. On a beaucoup discuté avec Tony Pereira, qui dirige l’équipe et qui est un ami. Ils ont plutôt travaillé sur le moteur, alors que nous avons préféré travailler sur le châssis. C’est peut-être ce qui a fait la différence, puisque leur Norma a fait des meilleurs résultats que les trois Tatuus. Il faut dire qu’avec Vincent Capillaire et William Cavailhes, la Norma était très bien pilotée. »
Côté pilotes, vous avez été aussi bien lotis avec le jeune Léo Roussel, qui a fait une belle saison…
« Oui, le petit gamin, il est bien !! Il sort du karting, il a fait un peu de Formule Renault Eurocup 2 litres avec Arta entre autres ; ça s’est bien passé parce que bien qu’il n’ait que 18 ans, il est capable de régler une voiture et à son âge c’est assez rare…Il comprend bien la dynamique de la voiture.
Cette année, on a aussi un très bon ingénieur, qui est également pour beaucoup dans notre bonne saison. Depuis le début d’année, Bernard Freneix a fait de l’excellent travail et nous a beaucoup aidés. Un bon pilote, un bon ingénieur, une bonne voiture, c’est essentiel… »
Leo, c’est le neveu de Patrice Roussel, le Team Manager d’Extrême Limite ?
« Oui, c’est un peu le travail en famille… On a voulu voir comment Leo allait marcher, et on n’a pas été déçus. Je crois aussi que la qualité de la voiture a été primordiale aussi. »
Jean-Claude Poirier s’est également bien habitué à la Tatuus..
« Oui, au début, il a été un peu dérouté. C’est une voiture qui ressemble un peu au niveau de la conduite à une Formule Renault. Le pilote est installé très bas, le nez de la voiture est en l’air… Il s’y est quand même bien fait. Il avait une grosse expérience de la Norma mais il a bien travaillé. Ce n’est jamais très facile pour un gentleman driver. Il aime bien les voitures réglées comme le fait Leo donc ça a été. »
La Tatuus est peut-être un peu plus pointue à conduire que la Norma M20 FC ?
« Je pense qu’elle est peut-être effectivement un peu plus pointue, à conduire ainsi qu’à mettre au point. . »
Leo n’était pas pilote « A », c’est lui qui qualifiait la voiture ?
« Il n’est pas pilote « A », c’est normal vu son âge. Il a donc ainsi pu montrer ce qu’il fallait faire en quaifs. Ceci dit, cette règle qui interdit aux pilotes « A » de ne pas faire les qualifs, ce n’est pas une bonne règle. De plus, le pilote « A » n’a pas le même temps de conduite que les autres, ce n’est pas bien. Tout le monde est frustré. Les gentlemen drivers savent bien que de toute façon, ils sont moins rapides. Mais pour les « A », c’est dur. Chez nous Stéphane Daoudi court avec Philippe Papin ,qui est un pur gentleman driver. Stéphane ne peut faire les qualifs et c’est toujours Philippe qui s’en chargeait. Donc, à chaque fois la voiture partait en fond de peloton, et ce n’est pas bon pour personne, pour les pilotes, pour l’équipe, pour les sponsors. Pour Stéphane, ce n’est pas valorisant, car il passe totalement inaperçu, pour Philippe non plus…Ceux qui ne sont pas tout à fait au courant de la course ont vraiment l’impression que la voiture n’est pas dans le coup, alors que Stéphane va toujours aussi vite et que mieux placée sur la grille au départ le duo aurait de meilleures chances. Que le temps de conduite soit différent pour les « A » et les « B », d’accord, mais il faudrait que les « A » puissent faire les qualifs.»
Marc, en 2014, Extrême Limite va repartir avec deux voitures ?
« Pour nous, l’objectif en 2014, c’est de repartir avec la même continuité qu’en fin d’année. En VdeV, on va capitaliser sur ce qu’on a fait. L’objectif, ce sera le haut du tableau, et, si on peut la première place.»
Vous allez garder les deux Tatuus ?
« Oui, on en changera peut-être une, mais si ça se fait ce sera pour reprendre une autre Tatuus. Le partenariat avec Tatuus est intéressant car il est vivant et marche dans les deux sens, c’est agréable de travailler avec eux. L’arrivée de Tatuus a permis de diversifier le plateau et de renforcer encore le niveau, c’est profitable pour tout le monde. Même pour Norma, c’est plus valorisant de gagner à Estoril devant des Tatuus, des Wolf, des Ligier que s’il n’y avait que des Norma… »
Côté pilotes, vous gardez les mêmes ? C’est peut-être un peu tôt pour en parler ?
« Non, rien n’est encore décidé. On est en train de regarder. Moi, je voudrais avoir au moins un équipage performant, il n’y a que comme ça qu’on se met en évidence. »
En dehors de la VdeV Endurance Series, Extrême Limite a-t-il d’autres ambitions ?
« Des ambitions, on en a toujours. On est avant tout une écurie de LMP2, et cette année si ça a aussi bien marché, c’est parce qu’on a pratiquement la même équipe que quand on courait en LMP2. On a vraiment fait un bond avec le P2, dans l’organisation, etc…On est prêt à faire feu pour repartir, et on regarde aussi ce qui arrive avec le LMP3. On ne connaît pas encore le règlement pour les P3, mais il faut voir…On nous dit mécanique unique, mais laquelle ? Voiture ouverte, voiture fermée, il y a encore beaucoup d’incertitudes. Nous sommes structurés pour faire dès demain du LMP2 ou du LMP3. »
Si je comprends bien, vous prendriez en charge l’exploitation d’une voiture ?
« Ce que l’on souhaite, c’est clair : en 2014, ce sera à la base une année de transition. On va refaire du VdeV avec deux voitures pour capitaliser sur ce qu’on a fait et puis on va regarder ce qui se passe pour l’avenir. Ceci dit, s’il y avait une bonne opportunité se présentant, quelqu’un qui vient en disant, « j’ai une LMP2, est-ce que vous pouvez la faire courir ? », on sera intéressés, car on peut être opérationnel demain, on a tout le matériel et on a l’équipe. Je n’y crois pas trop pour 2014, mais en 2015, c’est très possible «
L’Asian Le Mans Series, ça pourrait t’intéresser ?
« L’Asian, on a des sollicitations. Les CN peuvent courir en 2014, mais on ne sait pas encore comment on peut faire. Les CN vont de plus en vite, on se rapproche des LMP2. Bon, on regarde un peu tout ça, mais la saison vient tout juste de se finir. ».