Journée Test, Pesage, Grande Parade des Pilotes ou bien encore le folklore précédant le départ, Le Mans reste vraiment une épreuve à part ; un événement splendide, unique ; assurément l’un des plus grands rendez-vous sportifs de l’année. Après en avoir été privé l’an dernier, je suis vraiment ravi d’avoir pu goûter de nouveau à toutes ces émotions que seule cette course peut nous offrir.
Notre semaine de préparation a été excellente. La hiérarchie entrevue à Silverstone, à Spa et durant la Journée Test devait être respectée en qualifications. C’est pourquoi nous n’avons jamais essayé de décrocher la pole position et avons préféré nous concentrer sur la course. Pour preuve, le samedi, nous sommes d’emblée allés plus vite. Après, c’est toujours satisfaisant d’être l’Audi la plus rapide en qualifications !
J’ai eu la chance de prendre le départ. Un moment toujours sympa, et ce d’autant plus qu’il y a eu plusieurs dépassements durant le premier tour et que nous nous sommes rapidement installés en troisième position. Notre rythme était très intéressant, puisque je suis resté au contact des Porsche durant mes trois premiers relais. Lors du dernier, malheureusement, Le Mans nous a rappelé à quel point cette épreuve peut être aussi magique que cruelle.
Entre la radio, les panneaux lumineux et les drapeaux agités par les commissaires, le pilote dispose de trois sources d’informations concernant l’état de la piste. Au début de mon tour, mon ingénieur m’informe d’une « Slow Zone » (portion considérée comme dangereuse donc limitée à 80 km/h) à l’abord du virage d’Indianapolis. Après avoir passé la deuxième chicane des Hunaudières, il m’annonce que la direction de course vient de lui faire savoir que la piste est désormais libre. En arrivant aux abords d’Indianapolis, si les panneaux lumineux clignotent en jaune, les drapeaux brandis par les commissaires sont verts.
Or on nous a prévenus que ces derniers avaient priorité sur n’importe quelle autre information. J’apprendrai plus tard que la direction de course a fait savoir à la radio qu’il fallait d’ailleurs ne pas tenir compte des panneaux lumineux à ce moment là. Entre le drapeau vert et l’information que m’a transmise mon ingénieur, je reste sur mon élan. Dans ma voiture, la piste étant déclarée claire, rien n’est indiqué.
Mais là, en l’espace de quelques dixièmes de secondes, je me retrouve avec un mur de cinq voitures devant moi, certaines au ralenti malgré les drapeaux verts. Un pilote, au moins, a dû s’emmêler les pinceaux. Pour moi, l’incompréhension est là. Kévin Estre (Ligier JS P2 n°34), Marco Bonanomi (Audi R18 e-tron quattro n°9) et moi-même sommes restés à fond. J’ai essayé de passer à droite, dans un trou de souris, mais un contact à l’arrière gauche avec une Ferrari m’a envoyé dans le rail. Si, dans notre malheur, nous avons eu la chance de ne pas subir trop de dégâts, nous y avons perdu un tour et laissé nos espoirs de victoire.
Les mécanos, comme d’habitude, ont accompli un boulot incroyable. La cadence que nous avons imprimée par la suite s’est révélée prometteuse. L’équipe a été irréprochable, tout comme Lucas [di Grassi] et Olly [Oliver Jarvis], et malgré quelques petits soucis, nous terminons au pied du podium. Sans cet incident, nous aurions, au minimum, terminé dans le tiercé de tête.
Mais voilà, le niveau était tel cette année que pour l’emporter, il fallait effectuer une course parfaite. Cela n’a pas été notre cas, au contraire de Porsche. Alors bravo à eux, il faut leur tirer un coup de chapeau. La bagarre a été belle et Audi peut être fier du travail accompli. Les trois voitures étaient dans le coup, mais nous avons manqué de réussite, notamment lors des interventions de la Voiture de Sécurité.
Une chose est sûre, nous allons tout mettre en œuvre pour revenir plus forts encore en 2016. Mais également pour briller sur les cinq dernières manches du FIA WEC cette saison, et aider Audi à aller chercher une troisième couronne mondiale. C’est important, et l’un des objectifs fixés en début de saison. Nous allons donc nous atteler à livrer de belles courses.
Quant à nous, sur l’Audi R18 e-tron quattro n°8, nous allons en profiter pour continuer à renforcer l’osmose qui nous unit tous les trois, car seul le temps peut le faire. La semaine prochaine, je serai à Londres pour la finale du championnat de Formule E et puis ce sera repos jusqu’aux 6 Heures du Nürburgring (30 août) où, je vous le promets, nous nous battrons pour la victoire.
Sportivement,
Loïc