Lorsque Rémy Brouard et Sagcom ont décidé de mettre au départ des 24 Heures de la Distribution un kart média, vous pensez bien que l’on s’est mis de suite sur les rangs. Pourtant, plus l’échéance arrivait, plus on se demandait si c’était bien raisonnable. Avec 38 équipages au départ de la 20ème édition, il était écrit que la course serait disputée et fatigante. D’ordinaire, on suit les courses d’endurance avec le crayon et la carnet à la main. Ce coup-ci, casque, combinaison, bottines et gants. Un sacré challenge ! Récit d’un week-end passionnant et enrichissant…

L’équipage du Kart Média, qui portait le dossard 24, était composé de deux fines gâchettes de la discipline avec Fabrice Connen (DPPI) et Jacky Foulatier (Kart Mag). Pour le reste, Greg Jongerlynck (DPPI), Dominique Breugnot (Ouest France) et Thibaut Villemant (Auto Hebdo). Aussi bien Auto Hebdo qu’Endurance-Info, nous passons nos week-ends sur les circuits, mais nous partions tout de même avec la plus faible expérience en karting. Guère plus de cinq fois dans un kart. Alors de là à disputer une course de 24 heures… Histoire d’aller plus vite, on a décidé de rouler avec un équipement de pro : combinaison d’Olivier Pla, casque de Fred Mako, bottines et gants de Guillaume Moreau. Bien entendu, l’habit ne fait pas le moine mais on se rassure comme on peut.

Comme les pros, un tour à pied du tracé long de 1384 mètres du Circuit International de Karting du Mans s’est imposé en compagnie de Fabrice, notre team manager, histoire de repérer les lieux. Lors d’une course de kart pilotes/journalistes organisée la veille de la Journée Test des 24 Heures du Mans, je partageais un kart avec Dodo Kraihamer et j’avais déjà pu prendre conscience de la difficulté du tracé anti-horaire.

Chacun y est allé de son roulage lors des essais libres du samedi matin avec un trafic de folie en piste. 38 karts avec des niveaux très différents. Il n’est pas question de se la jouer pilote de LM P1-H. Nos deux pilotes de pointe n’ont pas besoin de longtemps pour se mettre dans le bon rythme avec des chronos de toute première facture. Pour ma part, c’est le mode apprentissage avec le respect des consignes passées par le team manager. A la fin des essais libres, le Kart Média est dans la première partie de tableau.

J’explique alors à mes coéquipiers ma difficulté à passer le “haricot” où à la sortie j’ai l’impression que le kart est planté. Avec Jacky, pas de compromis : “tu restes à fond et tu soulages avec le frein. Tout le circuit se passe quasiment à fond, il faut juste gérer avec le frein.” Décidément, les pilotes sont tous les mêmes. Fabrice se colle ensuite à la qualification avec un très beau deuxième temps à la clé et la pole en Pro. Chez Sagcom, on a inscrit le Kart Média en Pro malgré deux Gentlemen dans l’équipage. La chaleur est bien présente et il faut s’attendre à souffrir en piste avec des relais de 45 minutes par pilote. Avant le départ, il faut mettre en place la stratégie de course avec un temps de conduite à respecter, un temps d’arrêt imparti et savoir à quel moment ravitailler (une pompe pour les 38 karts). En plus de leur rôle de pilote, Fabrice et Greg sont mis à contribution pour les photos officielles de l’épreuve. C’est donc Dom qui est chargé de s’élancer de la 1ère ligne avec un départ type Le Mans à 15 heures. On passera sur le fait qu’une bonne partie des pilotes ont volé le départ, si bien que les deux karts partis de la 1ère ligne se sont vite retrouvés au milieu du paquet. Relais sans faille pour le local de l’étape qui nous ramène le kart en milieu de classement. Les relais s’enchaînent sans la moindre fausse note avec une remontée dans la première partie de tableau. Greg, Jacky et Thibaut ont déroulé en piste. Pour ma part, j’ai bien retenu les conseils de Jacky en restant “flat” sur tout le circuit avec un bon dosage du frein.

Il est l’heure de ravitailler au moment où sort le safety kart pour nettoyer la piste. L’idée est de rentrer au bon moment pour perdre le moins de temps possible. On réfléchit, on calcule et on anticipe le ravitaillement. Pari gagné car personne n’est à la pompe. On se dit que l’on a fait la bonne opération mais Fabrice qui part en piste se retrouve bloqué par le commissaire à la sortie des stands alors que le safety kart est à l’autre bout du circuit. Ce qui était une stratégie parfaite nous fait finalement perdre le contact avec les leaders.

Il va donc falloir cravacher pour remonter et la nuit est propice à de beaux relais de tous les pilotes du kart #24. Chacun respecte le tableau de marche malgré une grosse frayeur pour Thibaut qui se fait harponner violemment au bout de la longue ligne droite. On a trouvé quelques pilotes qui n’ont pas dû comprendre qu’il n’y avait pas un volant d’usine à pourvoir à l’issue de la course. Dom en a d’ailleurs fait les frais avec une pénalité discutable. Comme aux 24 Heures du Mans, il n’y a aucun souci à se faire dépasser par les pilotes de pointe. Vous l’aurez compris, pas de rétroviseurs sur un karting, donc pas évident d’anticiper les pilotes les plus rapides.

Au petit matin, une place dans le top ten est envisageable et je suis chargé du relais où le soleil se lève. Une bien belle expérience qui va tourner court lorsque je vois à plusieurs reprises sur le côté de la piste un panneau “24 Box”. Je m’exécute alors que le panneau n’est finalement pas pour moi. Le #24 redescend au classement mais on ne lâche rien. On sait qu’une place dans les dix premiers est toujours à notre portée car nous sommes toujours dans une stratégie décalée. Tout se jouera en fin de course. Je suis chargé du relais final mais Fabrice étant plus rapide, c’est lui qui s’y colle pour tenter d’aller chercher une place dans les dix alors que nos deux poursuivants sont à quelques secondes. En quelques tours, Fabrice fait le trou pour assurer une 11ème place finale. Pas d’accroc sur 24 heures avec une course rondement menée par les six pilotes du kart #24.

Bravo au Dream Team 2 qui a remporté cette 20ème édition des 24 Heures de la Distribution avec 1115 tours couverts. De notre côté, on compte bien revenir en 2015 avec le même équipage pour faire mieux. Une vraie équipe d’endurance !

Fabrice et Greg ont parfaitement combiné photos et pilotage, Dom a dû composer avec une blessure, Jacky a déroulé en piste et Thibaut s’est découvert une vocation de pilote. Quant à moi, plaisir total avec des chronos qui se sont améliorés avec un tour de la mort en 1.12.097 (meilleur tour en course bouclé en 1.11.255). Avec plus de quatre heures passées au volant, la présence indispensable des kinés a permis de remettre les muscles en état.

Les 24 Heures de la Distribution organisées par Sagcom ont régalé les 38 équipages avec une organisation sans faille. 38 karts au départ, 38 à l’arrivée. Avant la 21ème édition attendue en septembre 2015, Sagcom organisera le 1er Grand Prix d’Endurance Food and Furious sur le Circuit Club de Magny-Cours où des Fun Boost seront en piste pour trois courses d’une heure chacune. Plus d’infos ici