La catégorie LMP2, la plus dense et la plus diversifiée des 24 Heures du Mans 2015, avec 19 voitures sélectionnées dont 11 packages différents, est évidemment sous les feux de l’actualité mais cette diversité pourrait se raréfier dans un avenir proche, selon les perspectives évoquées mais non encore confirmées de voir quatre constructeurs retenus seulement ainsi qu’un seul fournisseur moteur.

Alors que les teams courent en WEC, en ELMS ou en TUSC cette année et l’année prochaine encore avec leur matériel existant, leur choix pourrait donc être beaucoup plus restreint à l’horizon 2017.

Nos confrères de Sportscar365 ont recueilli l’avis de plusieurs parties prenantes.

Cette année, Onroak Automotive  assure presque la moitié du  plateau LMP2, avec sept Ligier JS P2 et deux Morgan, sept Coupés et deux prototypes ouverts donc.

La logique voudrait donc que Onroak Automotive soit l’un des quatre constructeurs retenus, même si Philippe Dumas, le Team Principal, ne veut pas tirer de plans sur la comète.

Philippe Dumas : « Je ne sais pas si nous sommes confiants ou non mais pour  être honnête, quand vous avez neuf châssis dans les 24 Heures du Mans, il n’est pas prétentieux de dire que nous serions dans le Top 4, c’est sûr. Donc, nous ressayons de nous préparer du mieux que nous pouvons. »

Chez Extreme Speed Motorsports, on sait ce que diversité veut dire puisque le team a déjà mis en piste cette année quatre châssis : une HPD ARX-04b Coupé, la nouvelle arme de Honda Performance Development, que ESM a fait courir à Daytona seulement, le Coupé étant en proie à des problèmes de jeunesse et étant d’un poids trop élévé, une HPD ARX-03b, la voiture précédente, utilisée à Sebring et dans la première manche du WEC à Silverstone, et les deux Ligier JS P2 Honda que ESM  a fait débuter à Spa-Francorchamps.  

Scott Sharp, pilote et propriétaire de ESM, s’inscrit dans la même ligne que Philippe Dumas et précise qu’il n’aurait pas investi dans l’achat de deux Ligier s’il ne pensait pas que Onroak Automotive était partie prenante dans le futur du LM P2, tout en estimant qu’une moindre diversité dans la catégorie pourrait  obérer l’intérêt pour la catégorie.

Scott Sharp : « Pour moi, pour être précis, quand on parle avec beaucoup de gens, on aime voir des innovations techniques comme la grille LMP2 de cette année. Nous avons toutes ces différentes voitures, au look différent. Je comprends bien, d’un point de vue de constructeur ; qu’il est difficile de joindre les deux bouts si on ne vend pas un bon nombre de voitures. Si cela s’étend à 10 ou 11 constructeurs, c’est dur d’y arriver. »   

Philippe Dumas : « Pour le business plan, en ce moment, c’est assez difficile avec la limitation des coûts. Globalement, c’est important pour nous de gagner de l’argent avec le P2 et le P3 et d’avoir un vrai modèle financier. C’est tout à fait important. »

Sam Hignett, le Team Principal de Jota Sport –tenant du titre au Mans en LMP2 avec la Zytek Z11 SN-Nissan devenue cette année la Gibson 015S-Nissan- pense que les équipes doivent avoir confiance dans les directions qui seront prises par l’ACO.

Sam Hignett : « Est-ce décevant ? Nous devons seulement avoir confiance dans le fait que l’ACO agit pour les bonnes raisons, qu’ils ont pensé à l’avenir et qu’ils savent ce qui doit se produire. Je pense qu’ils ont bien saisi la situation. Ils vont savoir ce qui va se passer. L’épaisseur de la grille est  celle qui résulte des décisions qu’ils ont prises. Même si cette décision en hérisse quelques-uns, nous devons croire que c’était la bonne décision à prendre. »   

Scott Sharp et Sam Hignett sont d’un avis divergent en ce qui concerne le ou les moteurs.

Sam Hignett : “En toute franchise, ça ne va faire  aucune différence. Le Nissan est virtuellement le moteur de la catégorie, il y a deux moteurs Judd seulement ici. Je ne pense pas que cela fasse une grosse différence. Si tout cela va dans le sens d’une diminution des coûts, alors oui, cela aidera à augmenter la taille du plateau, ce qui serait super. »  

Scott Sharp : “J’aimerais penser qu’ils souhaitent garder le choix des moteurs plus ouvert, je ne vois pas le bénéfice d’avoir un seul fournisseur. Cela ressemble trop à une formule monotype, franchement. Regardez Honda. Honda ne va pas devenir un constructeur de LM P1. S’ils ne parviennent pas à décrocher la fourniture du moteur, ils ne seront plus du tout impliqués. Je ne comprends pas du tout pourquoi on ne voudrait pas que Honda ou d’autres constructeurs soient concernés. »