Dire que le FIA WEC est à un tournant de son histoire est exagéré. Cependant, la FIA et l’ACO vont devoir trouver des solutions pour séduire de nouveaux constructeurs en LM P1, même si avoir un duel Porsche/Toyota peut s’avérer très intéressant. Le départ précipité de Peugeot puis d’Audi donne tout de même matière à réfléchir sachant que les états majors des grandes marques n’ont que faire des programmes sportifs. Une fois de plus, un constructeur met un terme à son engagement alors que la voiture de l’année suivante est quasiment terminée et qu’une partie du budget a été consommée.
« Le départ d’Audi Sport n’était pas prévu » nous a déclaré Gérard Neveu, directeur général du FIA WEC, lors d’un point presse en petit comité. « La mission du promoteur et de l’organisateur est de trouver des solutions pour continuer à grandir. Je sais que les discussions vont bon train au sein du paddock, mais le label Championnat du Monde n’est pas remis en cause avec deux constructeurs confirmés. Charge maintenant aux différentes parties de travailler pour en attirer de nouveaux dans les meilleures conditions possibles. Aujourd’hui, aucune annonce en LM P1 n’a été faite et quand une marque sera prête, elle l’annoncera. »
« La nouvelle du retrait d’Audi est encore fraîche » a indiqué Sir Lindsey Owen-Jones, en charge du Comité Endurance à la FIA. « Ce n’est pas une surprise totale. Le travail de la Commission est d’anticiper les choses et de préparer l’avenir. Cependant, il est trop tôt pour donner un quelconque timing sur le futur. »
« Le FIA WEC ne se limite pas à quatre LM P1 » a tenu à rappeler Gérard Neveu. « Il ne faut surtout pas mettre de côté le LM P2 et les deux classes GTE. Le plan est de garder de 30 à 32 autos en 2017 comme on le fait depuis le début du championnat. L’objectif principal reste le contrôle des coûts en trouvant le meilleur compromis entre les différents acteurs. Le temps est au travail, pas à la communication. »
« Il faut réfléchir sur la façon d’ouvrir encore plus le championnat » a précisé Sir Lindsey Owen-Jones. « C’est un travail en commun avec les constructeurs. Certains ont déjà montré de l’intérêt si nous devions aller dans telle ou telle direction. Il y a le court terme, mais aussi le long terme. On ne doit pas tirer une conclusion trop hâtive au départ d’un constructeur. » Le discours de Gérard Neveu va dans la même direction : « Il faut explorer les pistes pour voir quelle dans quelle direction va aller la grille prototype et comment garantir un bon futur. On ne peut pas réagir sur l’émotion et on se doit d’explorer les différentes possibilités. Le championnat se porte bien car la grille est stable. »
« Les plus belles histoires de l’Endurance se sont faites à deux » souligne le président du Comité Endurance de la FIA. « Bien entendu, c’est toujours mieux d’en avoir plus. N’oublions pas la grille LM P2 qui s’annonce très intéressante, alors qu’on nous prédisait encore il y a quelques mois que l’avenir n’était pas brillant. » La FIA planche également sur le sujet du GTE avec la possibilité de voir enfin un vrai titre mondial.
Pierre Fillon, président de l’ACO, s’est montré lui aussi rassurant : « On verra combien d’autos aligneront Porsche et Toyota au Mans. On espère aussi attirer plus de LM P1 privées à court terme ».
« Ce n’est pas un secret que Peugeot regarde ce qui peut être fait à l’avenir » a confié Gérard Neveu. « On perd un fantastique compétiteur avec le départ d’Audi, mais n’oublions pas le facteur humain. Notre rôle n’est pas de contester le départ d’une marque, mais bien de travailler pour en attirer d’autres. Certes, il est vrai que ce n’est pas le meilleur jour pour le championnat, mais ce n’est pas une catastrophe. Les perspectives d’avenir sont positives. Nous avons un très bon calendrier, de nouvelles LM P2. Le plus dur va être de poursuivre sans le Dr Ullrich, Ralf Jüttner et toute l’équipe. Les 24 Heures du Mans auront lieu en juin 2017 avec 60 autos sur la grille. Je n’ai aucun doute sur le fait que la course sera belle et disputée. Le départ d’Audi ne remet aucunement en cause le calendrier et cette situation nous donne l’opportunité de travailler pour toujours améliorer le championnat. »
L’hiver devrait être studieux, aussi bien à l’ACO qu’à la FIA : réduction des coûts, attirer de nouvelles marques, développer le LM P1 privé, mise en place d’une BOP la plus stable possible en GTE.