Poursuivons notre tour d’horizon du TUDOR United SportsCar Championship 2015 en revenant aujourd’hui sur la catégorie GTD ou GT Daytona.
Le classement final est quelque peu inattendu, ainsi par exemple qu’aucun pilote de Porsche 911 GT America ne figure dans le tiercé de tête.
Les champions 2015, Bill Sweedler et Townsend Bell, ne sont pas non plus forcément ceux qu’on imaginait décrocher le titre en début de saison, mais les deux pilotes de la Ferrari 458 Italia n°63 de la Scuderia Corsa ont déjoué tous les pronostics. En décrochant le titre à Road Atlanta, Bell et Sweedler ont également permis à la Scuderia Corsa d’empocher le titre teams et à Ferrari de remporter le titre constructeurs. En 2014, Sweedler et Bell avaient été en tête du classement GTD une bonne partie de la saison avant de céder du terrain en fin de parcours à Austin et au Petit Le Mans, ne prenant finalement que la troisième place alors que cette année, c’est à Road Atlanta qu’ils ont conquis la couronne en prenant la quatrième place du Petit Le Mans. Townsend Bell, champion Indy Lights 2001 (également 4ème des 500 Miles d’Indianapolis 2009) et Bill Sweedler enrichissent leur palmarès; ce titre GTD 2015 s’ajoutant au titre GTD 2014 en North American Endurance Cup conquis au volant d’une Ferrari 458 Italia.du team AIM Autorsport. Giacomo Mattioli, le patron de la Scuderia Corsa, ne doit pas regretter l’arrivée de Sweedler et Bell dans l’équipe, puisque ces titres pilotes et team s’ajoutent à la troisième place en GTE Am des 24 Heures du Mans 2015 lors où les deux hommes avaient Jeff Segal pour coéquipier. Pour la Scuderia Corsa, c’est un titre qui s’ajoute également au succès de Alessandro Balzan et du team en Grand-Am en 2013.
Sweedlet et Bell n’ont pas été forcément les plus brillants cette année, ne remportant qu’une seule course (Virginia International Raceway) et ne montant sur le podium que deux fois (Sebring et donc VIR), mais ils ont été très réguliers, avec deux petites faiblesses à Detroit et Lime Rock. Cette régularité leur a donc permis de décrocher le titre sur le fil, alors qu’ils n’étaient que troisièmes avant Road Atlanta.
Christina Nielsen a bien failli être la première pilote féminine à remporter un titre majeur en endurance. Elle était arrivée en leader à Road Atlanta avec l’Aston Martin Vantage TRG/AMR n°007 et il s’en est fallu de deux petits points pour qu’elle soit sacrée.
La jeune pilote danoise -23 ans- n’a pas remporté de course, mais elle a fait une très belle saison, ponctuée de cinq podiums (quatre deuxièmes places –Sebring, Detroit, Road America et VIR- et une troisième place à Lime Rock). Elle avait eu James Davison pour coéquipier en début de saison, Kuno Wittmer lui succédant dans le baquet de la Vantage à mi-saison. Pour sa première année dans un championnat majeur, Christina Nielsen –fille de Lars Erik Nielsen, deux fois sur le podium en GT2 aux 24 Heures du Mans, bon sang ne saurait mentir…- a été convaincante et a bien failli donner à Aston Martin et à TRG le titre. L’avenir lui appartient.
Christopher Haase et Dion von Moltke étaient arrivés à Road Atlanta en dauphins de Christina Nielsen qu’ils talonnaient à un petit point seulement, et avaient donc des visées légitimes sur le titre avec l’Audi R8 LMS Ultra n°48 du Paul Miller Racing. Cependant, le package s’est avéré inadapté à la pluie abondante tombant sur le circuit et l’Audi a fait une course difficile, terminant huitième de la catégorie, juste derrière l’Aston Martin TRG/AMR de Christina Nielsen. Comme cette dernière, Haase et von Moltke n’ont gagné aucune course, mais ils ont été très réguliers, avec quatre podiums (2èmes à Laguna Seca, 3èmes à Detroit, Watkins Glen et Austin).
Sur dix courses du calendrier 2015, curieusement, les trois premiers du classement final ne l’ont emporté qu’une seule fois à eux trois, profitant de l’inconstance des uns, malgré quelques coups d’éclat, et de l’intermittence des autres mais aussi profitant de leur régularité propre, ce qui dans un championnat d’endurance est après tout une qualité majeure.
Il n’est pas exagéré de dire que la déception de l’année a été le comportement des Porsche 911 GT America qu’on aurait pensé voir plus haut dans le classement, avec des équipes de pointe (Alex Job Racing, Magnus Racing et Park Place Motorsports), toutes pourvues de pilotes de talent.
Les mieux placés sont Mario Farnbacher et Ian James (Porsche Alex Job/Team Seattle n°23), qui ont gagné deux fois, à Sebring et à Detroit, et sont montés deux fois sur le podium, à Laguna Seca et sur le VIR, mais leur saison a été plombée par leur abandon dans les 24 Heures de Daytona qui leur a peut-être coûté le titre.
Patrick Lindsey et Spencer Pumpelly se sont aussi imposés à deux reprises, à Laguna Seca et au Petit Le Mans. Ils ont fait une saison assez régulière, mais ils ont manqué le coche en début de saison, avec des résultats médiocres à Daytona et à Sebring.
Les Dodge Viper GT3-R du Riley Motorsports ont été sans nul doute les plus flamboyantes et les plus performantes de la catégorie GTD cette saison, au cours de laquelle elles ont été quatre fois victorieuses (deux fois pour la n°33, deux fois pour la n°93). Comme la Porsche du Park Place Motorsports, la saison a été mal engagée pour la Viper n°33 à Daytona, Sebring, Laguna Seca et Detroit où Jeroen Bleekemolen et Ben Keating ont laissé échapper des points précieux. La suite de la saison a été brillante mais le temps perdu ne se rattrape guère…
Il est dommage que la Viper n°93 n’ait pas disputé l’intégralité de la saison car elle aurait pu fort bien décrocher le titre, mais cinq courses sur dix seulement, mêmes ponctuées par deux succès à Daytona et à Watkins Glen et une troisième place à Road Atlanta, c’était insuffisant pour marquer les points nécessaires. Il n’en reste pas moins qu’avec les très bons résultats dans les courses d’endurance, Al Carter et Cameron Lawrence se sont attribués le titre pilotes de la North American Endurance Cup (épaulés par Kuno Wittmer à Daytona et par Marc Goossens à Watkins Glen lors de leurs victoires), titre qui reflète bien le potentiel de la Viper GT3-R.
La BMW Z4 GT3 du Turner Motorsport avait également le potentiel, mais elle a pêché par une fiabilité insuffisante que sa victoire à Lime Rock n’a pas masquée.
Au classement constructeurs, Ferrari remporte la couronne avec 307 points, d’extrême justesse devant Audi, 306, Porsche, 304, et BMW, 298
Classement pilotes
1 Bill Sweedler/Townsend Bell (Ferrari 458 Italia Scuderia Corsa n°63) 281
2 Christina Nielsen (Aston Martin Vantage TRG/AMR n°007) 279
3 Christopher Haase/Dion von Moltke Miller (Audi R8 LMS ultra Paul Miller Racing n°48) 277
4 Mario Farnbacher/Ian James (Porsche 911 GT America AJR/Team Seattle n°23) 267
5 Patrick Lindsey/Spencer Pumpelly (Porsche 911 GT3 America Park Place Motorsports n°73) 266,
6 Jeroen Bleekemolen/Ben Keating (Dodge Viper GT3-R Riley Motorsports n°33) 265