Ouvrons notre avant-dernier chapitre de l’abécédaire des 24 Heures du Mans 2015 par un paragraphe consacré à l’un des vainqueurs.
T comme Tandy Nick
Comme ses coéquipiers, le britannique n’avait qu’une expérience limitée des prototypes. Il en avait pilote un en course pour la première fois cette année lors des Six Heures de Silverstone au volant de l’Oreca 05-Nissan du Team KCMG –la voiture victorieuse au Mans en LMP2 !- avant de piloter la 919 Hybrid à Spa-Francorchamps avec Hülkenberg et Bamber et de terminer sixième.
Il avait cependant, contrairement aux deux autres pilotes de la Porsche n°19, une expérience préalable des 24 Heures pour les avoir disputées à deux reprises en GT(des Porsche bien sûr, avec Felbermayr-Proton en 2011 et avec le Team Manthey en 2014).
Le britannique est officiel Porsche depuis 2013. Ancien vainqueur de la Porsche Carrera Cup allemande (2011), il ajoute cette victoire du Mans à son succès GTLM de 2014 dans les 24 Heures de Daytona. Alors que certains le trouvaient un peu « chaud bouillant », il a été irréprochable en course, ne commettant pas de fautes malgré un rythme de course impressionnant –en 3’18’’674, il a été presqu’aussi vite que Earl Bamber et a devancé de peu Nico Hülkenberg-.
Une très bonne pioche pour Porsche…
T comme Toyota
C’est peut-être la déception majeure des 24 Heures 2015, la performance plus que moyenne des Nissan étant prévisible. Impressionnantes en 2014, ce qui leur a valu le titre de Champion du Monde pour Anthony Davidson et Sebastian Buemi.
En retrait depuis le début de saison par rapport aux Audi et aux Porsche, elles ont encore été dominées au niveau des performances par les voitures allemandes. Le temps où la fiabilité prévalait sur la performance pure se répète rarement désormais au Mans où la course est un sprint de 24 Heures où la moindre défaillance se paie cash.
Fiables, les Toyota l’ont été, ne perdant qu’un minimum de temps au stand –le souci majeur fut le contact de la Toyota n°1 de Davidson avec une GT- mais elles n’ont jamais pu tenir la cadence des Porsche et des Audi.
Il est quand même surprenant d’avoir vu les TS040 moins rapides pendant les qualifications qu’en 2014 ou encore de voir Davidson et ses collègues descendre leurs chronos après la mi-course pour arriver à un 3’20’’896 pas ridicule du tout.
Pascal Vasselon et son équipe ont déjà tiré les leçons de cet échec et se tournent déjà vers l’avenir, avec un nouveau châssis –TS050- et un nouveau moteur. L’affrontement 2016 s’annonce donc déjà royal, avec un duel devenu bataille à trois et –qui sait, si Nissan…- peut-être à quatre.
T comme Turvey Oliver
Le jeune britannique était arrivé impromptu et in extremis au Mans en 2014 pour remplacer Marc Gené, réquisitionné par Audi après l’accident de Loïc Duval- à bord de la Zytek Z11SN du JOTA Sport. Le succès avait été au bout, avec une très belle victoire en LMP2.
Cette année, il est de nouveau venu au Mans avec JOTA en guest star, suppléant (comme Mitch Evans) Felipe Albuquerque, retenu par Audi, et Harry Tincknell, retenu par Nissan, aux côtés de Simon Dolan.
Turvey a une nouvelle fois démontré tout son talent en contribuant pour une large part à la deuxième place de la Gibson 015S-Nissan n°38, en étant le plus rapide de tous les pilotes LMP2 sur l’ensemble de la quinzaine mancelle, ayant réalisé son meilleur chrono pendant la course, en 3’36’’679, plus vite que Nicolas Lapierre ou Sam Bird qui n’ont pourtant pas amusé le terrain…
Oliver Turvey fait partie de ces pilotes, comme Sam Bird, Kevin Estre, Laurens Vanthoor et quelques autres, qu’on aimerait voir très vite au volant d’une LMP1, sans oublier bien sûr Nico Lapierre qu’on souhaite retrouver rapidement dans une telle situation.
U comme Ullrich Wolfgang
Le Dr Ullrich était ces dernières années un incontournable des abécédaires. Il est resté tout aussi élégant dans la défaite qu’il l’était dans la victoire. Il n’a pas cherché à minimiser la victoire de Porsche et se projette désormais sur la conquête du titre constructeurs en 2015. Un grand monsieur…
U comme USA
Plusieurs teams américains avaient fait le déplacement du Mans : Extreme Speed Motorsports, engagé cette année en World Endurance Championship et alignant dans la Sarthe une paire de Ligier JS P2-HPD, Krohn Racing, engagé en European Le Mans Series et qui engageait une Ligier JS P2-Judd, ainsi que deux équipes courant d’ordinaire exclusivement outre-Atlantique : Scuderia Corsa, sélectionné pour les 24 Heures 2015 par l’IMSA, qui faisait courir une Ferrari 458 Italia en catégorie GTE Am, et Riley Motorsports, initialement premier suppléant et dont la Viper GTS-R, engagée en GTE Am également, avait bénéficié du forfait d’une des Morgan du team SARD-Morand.
Toutes ont vu le drapeau à damiers –à l’exception de la Viper dont nous reviendrons sur la course-.
Extreme Speed Motorsports en était au Mans à son troisième châssis. Après avoir fait courir le Coupé HPD ARX-04b à Daytona et être revenu ensuite à la HPD ARX-03b, ESM avait fait débuter les deux Ligier JS P2 lors des Six Heures de Spa-Francorchamps. Au Mans, c’était donc la deuxième fois que les Ligier, aux couleurs de Rolling Stone, étaient en compétition. Pourtant, les deux voitures sont à l’arrivée, toutes deux dans le Top 10 (la septième pour la Ligier n°31 de Ed Brown/Johannes van Overbeek/Jon Fogarty et la dixième pour la n°30 de Ryan Dalziel/Scott Sharp/David Heinemeier Hansson), bien qu’ayant connu nombre de soucis (réservoir, sorties de piste, pression d’huile…) La prestation a été encourageante.
Krohn Racing : la course de la Ligier JS P2-Judd n°40 aux couleurs traditionnelles du team, vert etbleu, n’a pas été non plus exempte de problèmes. La voiture a été longuement affectée par des problèmes électriques qui l’ont tout d’abord clouée au stand pendant près d’une heure, problèmes électriques qui ont ensuite retardé sporadiquement la marche de la voiture qui finit par perdre l’usage du traction control, ce qui fut la cause de quelques excursions hors piste, notamment de la part de Tracy Krohn. Néanmoins, le milliardaire texan –ainsi que ses coéquipiers João Barbosa et Nic Jonsson, a vu une nouvelle fois le drapeau à damiers au Mans, douzième en LMP2.
Scuderia Corsa : Giacomo Mattioli, co-propriétaire de l’équipe, avait été d’emblée complet par la sélection par l’IMSA de la Ferrari 458. Il ne doit pas le regretter puisque la Ferrari n°62 de Jeff Segal/Townsend Bell/Bill Sweedler a terminé sur le podium, à la troisième place de la catégorie GTE Am.
Le trio a rondement mené sa barque et la troisième place n’est pas usurpée, malgré des problèmes de démarreur et en fin de course de surchauffe moteur . Le duel de dimanche matin entre la Ferrari n°62 de Townsend Bell et la Porsche 911 RSR Dempsey n°77 de Patrick Long pour la troisième place provisoire de la catégorie fut même un des jolis moments de la course.