Il aura fallu exactement 363 jours pour que la Rebellion R-One passe d’une feuille blanche à la piste. Deux R-One sont engagées aux 24 Heures du Mans en LM P1-L, une pour Beche/Heidfeld/Prost, l’autre pour Belicchi/Kraihamer/Leimer. Conçue par ORECA Technology dans le Var, les Rebellion R-One sont malheureusement les seules LM P1-L du plateau à l’heure actuelle. Le team suisse a prouvé ces dernières années sa fidélité à l’Endurance, et on espère que la réglementation va leur permettre de se rapprocher des LM P1-H car pour le moment les écarts tournent autour des dix secondes. On devrait même parler de gouffre et non pas d’écart.

Après un galop d’essais aux 6 Heures de Spa, les deux R-One vont fouler la piste mancelle avec l’envie de bien faire. David Floury, directeur technique d’ORECA, revient en détails sur la conception de ce prototype fermé, première LM P1-L à prendre la piste. Il évoque la philosophie générale, le look qui en découle et bien d’autres points.

Approche générale
« Le Bureau d’Etudes a entamé l’étude de ce prototype à partir d’une feuille blanche et a réalisé ce projet en un temps record. Douze mois à peine entre le premier coup de crayon et le premier roulage ! On s’appuie toujours sur les expériences précédentes afin d’atteindre nos objectifs. Bien évidemment, l’approche devait être pragmatique et « efficace » dans la même logique que le règlement technique écrit par la FIA/ACO. »

Look
« Nous n’avons pas eu de contrainte au niveau du design. Il n’y avait pas non plus une obligation d’avoir des pontons très bas par exemple. Ce sont le développement aéro et les résultats des simulations qui ont dicté cela. Après, il y a des détails où nous avons pu nous permettre quelques clin d’oeil, comme intégrer le logo REBELLION au-dessus des phares. Mais c’est toujours la performance qui a guidé nos choix. »

Paramètres
« Il y en a eu beaucoup à prendre en compte, au-delà de l’aéro. Nous avions un objectif en termes d’exploitation : avoir une vraie capacité à jouer sur les réglages, l’accessibilité aux pièces, le cycle de fatigue des pièces. Il faut également s’adapter à la nouvelle réglementation et à la gestion de l’énergie qui ont un fort impact sur le fonctionnement de l’auto. Nous avons donc cherché à réduire la traînée, à bien étudier la répartition des masses etc. »

Nez
« Il n’y avait pas de volonté d’avoir un nez fin ou large. La ORECA 01 avait un nez fin, mais nous partions d’une coque existante. Dans le cas de la R-One, nous avions plus de latitude. Honnêtement, nous avions des solutions de nez plus performantes et plus originales, mais elles n’étaient pas réalistes pour un constructeur privé et dans le timing qui était le nôtre. C’est un compromis qu’il faut savoir trouver et accepter. »

Sagesse
« L’innovation implique beaucoup de recherches et de développement. En parallèle, notre budget est sans commune mesure avec les grands constructeurs et notre cadre ne permet pas une prise de risques maximum. Chaque sujet doit pondérer l’innovation par le risque pris. C’est un juste équilibre à trouver entre le gain par rapport au risque. »

363 jours
« C’est la durée entre la première pièce conçue et le premier roulage. Ce sont douze mois très intenses pour le Bureau d’Etudes qui a mené ce projet ô combien passionnant. Il y a eu des périodes de réflexion, sûrement de l’interrogation parfois. Mais c’est commun à la vie de ce type de projet. Il faut sans cesse anticiper les problèmes potentiels pour trouver des solutions. Au niveau du planning, on savait que c’était chaud. Les tests d’homologation ne sont pas des moments faciles parce que les passer avec succès du premier coup, ce n’est pas donné à tout le monde. Nous y sommes parvenus. »

Poids plume
« Le poids a clairement été l’un des axes de travail important. Ce n’est pas une question de gagner du poids sur telle ou telle pièce, c’est une philosophie globale. Nous avons donc cherché à tout optimiser, à gagner le moindre gramme partout où c’était possible. A titre d’exemple, nous avons fait un gros travail sur la monocoque. Nous avons une certaine latitude au niveau du poids et de la gestion des lests. L’objectif initial a été plus qu’atteint. »

Magie
« La phase qui correspond à la fin de l’assemblage de la voiture est certainement la plus magique avec le tout premier roulage. C’est enfin le moment de matérialiser sur le terrain le travail effectué au cours des dernières semaines et mois. Il s’agit du premier résultat en quelque sorte. Parcourir les premiers mètres au Mans sera probablement un autre grand moment, mais le bébé aura déjà bien grandi. »

360°
« Le Mans va être intense pour ORECA. Intense et excitant avec TOYOTA Racing, avec la REBELLION R-One et les ORECA 03R. Notre démarche est pragmatique et structurée pour tout gérer en parallèle. C’est une même famille qui est sur place, mais les intervenants sont différents avec une équipe dédiée au niveau du support d’exploitation à TOYOTA, concernant le développement de la R-One ou encore le service client apporté aux teams LM P2. Les choses sont cloisonnées, avec une passion et des objectifs partagés : mener à bien les différents projets. »