Sur le papier, la catégorie LM P2 était sans aucun doute la plus fournie et la plus ouverte. Pour preuve, pas moins de six leaders différents avec une lutte à couteaux tirés durant 24 heures. Il est bien loin le temps où les LM P2 tombaient comme des mouches. Cette édition 2014 a permis de montrer que la grand-mère Zytek avait encore de beaux restes quand elle est bien préparée et bien pilotée. La victoire de la Z11SN du Jota Sport de Simon Dolan, Oliver Turvey et Harry Tincknell en est la preuve. On a aussi eu la confirmation qu’il fallait toujours compter sur les châssis ORECA, que les Morgan LM P2 étaient au rendez-vous et que les débutantes Ligier JS P2 étaient promises à un bel avenir. Que du beau monde…
Chaque équipe a eu à un moment ou un autre son mot à dire. Le début de course a été favorable aux Suisses de Race Performance avec un Franck Mailleux des grands jours. Le natif de Saint-Malo a tenu la dragée haute à la concurrence durant près de quatre heures d’affilée. Malheureusement, la suite a été plus compliquée avec un souci de pompe à essence puis de démarreur. Au final, Mailleux/Frey/Lancaster n’ont pu faire mieux que 8èmes. La suite des hostilités s’est jouée entre quatre équipes avec G-Drive Racing by OAK Racing, Signatech-Alpine, Thiriet by TDS Racing et Jota Sport.
Le Jota Sport a déroulé durant 24 heures. Le seul arrêt imprévu a fait perdre sept minutes pour réparer une partie de la carrosserie. Course parfaite pour l’équipage qui a fait preuve d’une efficacité à toute épreuve. Après avoir joué de malchance en ELMS à Silverstone, Jota Sport avait rectifié le tir en s’imposant à Spa en FIA WEC. La “vieille” Zytek vous salue bien. Quant à Oliver Turvey qui se morfondait chez lui jusqu’en milieu de semaine de ne pas faire Le Mans, le destin en a décidé autrement. Une belle récompense pour l’un des pilotes les plus vite du plateau.
La bonne surprise nous vient des débutantes Ligier JS P2. Trois autos au départ, trois à l’arrivée. La nouvelle arme conçue par Onroak Automotive brille dès ses débuts. La victoire tendait les bras à Mardenborough/Brundle/Shulzhitskiy quand le moteur en a décidé autrement. La #35 a aussi été retardée par un changement de freins à l’arrière. Le trio de la Ligier-Nissan doit se contenter de la 5ème place. Le Thiriet by TDS Racing pouvait lui aussi l’emporter. Tristan Gommendy avait donné le ton en essais avec une pole pour la #46. En course, les troupes de Jacques Morello et Xavier Combet ont fait le job avec une auto découverte il y a seulement quelques semaines. Deuxième pour ses débuts au Mans en 2012, le Thiriet by TDS Racing récidive grâce à Pierre Thiriet, Ludovic Badey et Tristan Gommendy. Une course rondement menée pour la #46. Cela promet pour les manches de 4 heures en ELMS. La concurrence est prévenue. On a de quoi être fier ce soir chez Onroak Automotive.
Décidément, les nostalgiques d’endurance en ont eu pour leur argent cette année avec deux marques françaises mythiques sur le podium. On trouve une Alpine derrière une Ligier. La A450b de Paul-Loup Chatin, Nelson Panciatici et Oliver Webb a mené à trois reprises. La troisième place finale récompense une équipe qui aurait dû avoir ses deux autos au Mans. Malgré la déception, Philippe Sinault a continué de travailler et ce travail a payé. L’équipage a été solide tout au long de la course. Signalons également la bonne tenue du Sébastien Loeb Racing qui pour ses débuts dans la Sarthe termine au pied du podium. L’équipage Capillaire/Rast/Charouz a respecté à la lettre le tableau de marche de Sébastien Loeb, Dominique Heintz et Léo Thomas.
Cinquième en 2013, le NewBlood by Morand Racing a fait une course sage pour finir au 6ème rang, devant la Ligier JS P2/OAK Racing Team Asia de l’équipage chinois. Avant le départ, on ne pensait pas que cette auto irait au bout compte tenu de son développement tardif avec le passage au moteur HPD et aux pneumatiques Michelin. Le seul vrai pépin mécanique a concerné les palettes au volant. Pour son premier Le Mans en LMP, Larbre Compétition rentre dans le top ten avec sa Morgan LM P2, de même que celle du Pegasus Racing avec un certain Léo Roussel dont on entendra parler à l’avenir. Moins de chance chez Greaves Motorsport et Caterham Racing.
Du côté des désillusions, on citera la ORECA 03R de KCMG qui a connu un bris de suspension en début de soirée alors que Alexandre Imperatori caracolait en tête de course. Une nouvelle prestation solide du pilote suisse que l’on aimerait bien voir sur un championnat complet. L’autre déception est pour la Morgan LM P2/G-Drive Racing de Pla/Canal/Rusinov, victorieuse des deux premières manches FIA WEC. Retardée par une crevaison lente, la #26 s’est définitivement arrêtée en début de nuit, après qu’Olivier Pla n’ait pu éviter une Ferrari en perdition au beau milieu de la piste. Dommage pour un équipage que l’on voyait bien dans le top 5 au général. On doit être aussi déçu chez SMP Racing qui a mis beaucoup d’effort pour briller mais une seule des deux ORECA 03R a rallié l’arrivée, relativement attardée. Manque de chance également chez Murphy Prototypes (problème de direction) malgré une très belle prestation de Nathanaël Berthon pour ses premiers pas sur 24 heures.
La catégorie LM P2 valait autant le déplacement qu’en LM P1. Au fil des années, la petite catégorie s’affirme comme de plus en plus relevée. Sur les quatre LM P2 inscrites en FIA WEC, seule une a marqué des points avec la ORECA 03R #27 du SMP Racing qui a terminé en queue de peloton. En revanche, il subsiste une question pour 2015. Si le Conseil Mondial de la FIA valide l’annulation la catégorisation de pilotes pour le FIA WEC, que va t-il en être des équipes ELMS qui viendront rouler au Mans ? Elles risquent d’être nettement désavantagées sur le plan de l’homogénéité. En attendant, on a hâte de voir la suite des évènements.
Le classement est ici