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La catégorisation de pilotes a-t-elle trouvé ses limites ?

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Bronze, Silver, Gold, Platinum. Quatre mots « copyright FIA » qui veulent dire beaucoup dans la carrière d’un pilote. Depuis quelques années, les pilotes doivent faire face à une catégorisation mise en place par la FIA. Si on remonte quelques années en arrière, chaque série faisait sa propre popote dans son coin. A titre d’exemple, Guillaume Moreau n’avait pas la même classification selon qu’il roulait en GT ou en LMP. Depuis peu, la FIA a mis en place une catégorisation unique où chacun est mis dans une case pour la saison à venir, le tout sous la coupe du Comité de Catégorisation FIA des pilotes.

Il est du devoir d’un pilote de soumettre une nouvelle demande de catégorisation avant le début de saison s’il juge que sa carrière pourrait occasionner un changement de catégorie. Les frais pour une catégorisation, voire une re-catégorisation sont de 150 euros. Une révision (250 euros) est possible avant la publication de la liste définitive.

Critères d’évaluation : âge, carrière, moyenne durant les courses. Le Comité examine la compilation des données reçues, notamment les dix meilleurs tours en course. Tout est examiné : championnat, circuit, météo, incidents de course, etc..

Pour les non initiés, untel ne peut pas forcément rouler avec untel. Exemple : il est impossible de voir une association Lapierre/Pla/Tincknell en LM P2 puisque les trois sont classés Platinum. Pour faire simple, un équipage LM P2 doit être composé d’au minimum d’un pilote Silver ou Bronze. Seule la classe GTE-Pro accepte toute association de pilote. En LM P1, les Bronze sont interdits tandis qu’en GTE-Am il faut au moins un Bronze et un Bronze ou Silver. Des critères d’âge entrent également en compte avec la possibilité d’être « dégradé » après 50 ans puis à 55 ans passé.

Comme tout système, la catégorisation de pilotes a trouvé ses limites. Pour tout sportif, l’objectif est d’atteindre les sommets. On passera sur les Platinum qui ont un palmarès conséquent et qui sont généralement payés par un constructeur pour effectuer leur métier.

On commence à rencontrer des dérives avec les Gold qui peuvent être aussi bien des pilotes professionnels que des amateurs. Pour être Gold, il faut tout de même avoir un certain palmarès, comme avoir terminé dans le tiercé de tête de championnats tels que A1 GP, GP3, FR 2.0, Porsche Supercup, DTM, BTCC, Porsche Cup. Ceux qui ont été titrés en FIA GT, Blancpain GT, FIA GT1, ADAC GT Masters, British GT, ELMS sont eux aussi Gold. Il convient de noter qu’au-delà de 50 ans, un Platinum devient Gold et même Silver après 55 ans. Les dérives sont les mêmes avec les Silver  dont certains n’ont de Silver que le statut.

« Chaque année, on scrute la liste » nous a confié un team manager. « C’est ensuite que les équipes font leur marché pour avoir un pilote rapide qui amène de l’argent. Pour avoir une chance de bien figurer, il faut avoir l’équipage le plus homogène possible tout en faisant rentrer du budget. Tout le monde a bien conscience que certains équipages sont un peu « borderline ». La catégorisation a trouvé ses limites mais il faut s’en accommoder. Trouver un Gold qui va amener 1 million d’euros pour un programme LM P2 en FIA WEC ne se trouve pas tous les jours. C’est la même chose pour les Silver. » La règle générale veut qu’un Silver ait une activité professionnelle en parallèle à son rôle de pilote. Sauf que l’on peut travailler la semaine, être affûté en piste le week-end et faire la nique à des Gold. Il n’est pas rare que certains pilotes tentent le lobbying, soit pour faire changer leur propre catégorisation, soit pour se plaindre de tel ou tel pilote (ndlr : on a les noms).

« J’ai toujours milité pour la suppression de la catégorisation » nous a indiqué un autre team manager. « Au fil du temps, les gentlemen roulent quasiment tous les week-ends et il devient de plus en plus compliqué de les classer. Pourquoi lui est Silver et pas Gold, pourquoi lui est Gold et pas Silver. Certes, il y a des critères bien établis mais il suffit de regarder la liste pour se rendre compte que plusieurs incohérences. »

Les pilotes ne font que subir le système et l’idée n’est pas de les faire passer pour des vilains petits canards. Chacun se fera sa propre appréciation en étudiant de près la liste publiée par la FIA. On sait que certains équipages n’ont pas pu se finaliser car au dernier moment un des pilotes a été reclassé. On a des pilotes qui ont dépassé les 50 ans et qui de fait ont perdu un grade alors qu’ils sont toujours en lice pour aller chercher le dernier millième durant une qualification. Cherchez l’erreur…

La solution miracle n’existe pas et l’arrivée de jeunes pilotes venant de la monoplace n’a rien arrangé avec des classifications assez étranges. Le British GT a bien compris le principe de la catégorisation en n’hésitant pas à refuser des équipages hors du cadre. Nissan en a fait  l’expérience à ses dépens il y a quelques années. Le VdeV Endurance Series a mis en place un système qui semble ravir les concurrents où en fonction des équipages, les pilotes ont l’obligation d’emprunter la voie des stands à plusieurs reprises, certains devant le faire jusqu’à huit fois. Ce système a le mérite de rajouter de la stratégie dans les équipes.

Prenons maintenant un cas concret avec Sébastien Dumez. Retiré des circuits durant plusieurs années pour des raisons professionnelles, le néo-Bordelais est revenu aux affaires cette saison au volant de la Porsche 911 GT3-R/IMSA Performance Matmut qu’il partageait avec Raymond Narac et Olivier Pernaut. A 41 ans, son retour sur les circuits s’est transformé par le titre en Championnat de France GT. Classé Silver avant le début de saison, Seb Dumez est désormais Gold. De quoi peut-être lui plomber sa saison 2016. Certes, un titre est un titre. Si on s’en tient à ses qualifications : 14ème à Lédenon, 14ème au Mans, 13ème à Spa, 10ème au Val de Vienne, 15ème à Magny-Cours, 3ème à Navarra et 14ème au Paul Ricard. Tout cela au sein d’un championnat qui a peiné à dépasser la quinzaine d’autos.

A contrario, Scott Pruett, quintuple vainqueur des 24 Heures de Daytona et quintuple champion GRAND-AM passe Silver eu égard à son âge (56 ans en mars 2016). On jugera son niveau de compétitivité le mois prochain aux 24 Heures de Daytona. On ne prendra que ces deux exemples mais on pourrait vous en donner bien plus.

La catégorisation de pilotes a trouvé ses limites au même titre que la Balance de Performance. Le but de tout sportif est d’aller le plus haut possible comme le but de tout constructeur est que sa monture aille le plus vite possible. La réalité est bien différente. Attention aux dérives car le sport automobile doit rester un vrai sport à part entière…

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