A près de 26 ans, Kévin Estre fait partie des pointures des pilotes GT. On l’attendait comme pilote officiel Porsche mais son salut est finalement venu de McLaren qui l’a enrôlé dans ses rangs après une très belle performance dans les rues de Kabu chez Hexis Racing. C’est donc tout logiquement qu’on le retrouve en Blancpain Endurance Series sur une McLaren MP4-12C GT3, et pas dans n’importe quelle équipe. En seulement trois meetings, Kévin Estre a fait étalage de son talent chez ART Grand Prix mais aussi aux 24 Heures du Nürburgring chez Dörr Motorsport où il a décroché la pole. Pilote éclectique s’il en est, le Lyonnais est aussi bon en GT3 qu’au volant d’une Porsche 911 GT America en Tudor United SportsCar Championship ou dans une Porsche 991 Cup. Il l’a encore prouvé le week-end dernier en Porsche Mobil 1 Supercup avec un podium à la clé.

Malchanceux en ouverture des 24 Heures du Mans où il a mené la course jusque dans le dernier tour, on espère que ses prestations ne resteront pas sans lendemain et qu’en 2015 on le verra bien au départ de la grande course. En attendant, le champion 2011 de la Porsche Carrera Cup France débute aux 24 Heures de Spa avec l’envie de bien faire.

 Que retenir de tes débuts à Spa ?

 « La première séance d’essais libres a été compliquée du fait des drapeaux rouges. Je n’ai pas pu rouler en pneus neufs contrairement à la session suivante où j’ai décroché le meilleur temps. La McLaren est très bien sur un tour mais il nous reste encore à travailler sur le set-up de course. McLaren a beaucoup travaillé et l’expérience des 24 Heures du Nürburgring a servi. Il n’y a pas de crainte sur la fiabilité. »

 La McLaren MP4-12C GT3 est devenue une arme redoutable sur 24 heures ?

 « McLaren tient  à accrocher une course de 24 heures d’envergure internationale. Tout est mis en œuvre pour briller mais la course reste la course. Le team a magnifiquement préparé les deux autos. Cependant, il faudra passer à travers les embûches. La Balance de Performance a évolué depuis le Paul Ricard avec une nouvelle pression de turbo sachant que le circuit de Spa demande beaucoup de moteur. On savait que ce serait dur d’aller chercher la pole mais une place dans le top 10 nous convient. Audi a gagné en poids et en brides et de notre côté on a perdu en pression de turbo. En rythme de course, on devrait être dans le match contre Audi sans sous-estimer la concurrence. Mercedes, BMW et Bentley seront là. Les autos turbocompressées sont assez sensibles à la température et à la pression atmosphérique. »

 Tu prends du plaisir ?

 « C’est fantastique ! Le plateau est fabuleux. Ce sont mes débuts à Spa et je suis vraiment impressionné. Il y a des pilotes qui viennent du Mans, du Nürburgring et du DTM. Tous les pilotes professionnels sont de vrais « tueurs » en piste. Chez ART Grand Prix, on a deux équipages de premier plan. »

Vous avez une course à gagner mais aussi un championnat…

 « Ce week-end, on se concentre sur la course car on veut aller la gagner mais c’est le cas de tout le monde. En interne, tout a été pensé et repensé pour bien figurer à Spa. Il faudra être bien à 6 heures et à 12 heures afin de marquer un maximum de points. Après Spa, il ne restera que le Blancpain 1000. »

 Ton intégration chez ART Grand Prix s’est bien passée ?

 « Je savais avant de venir que c’était un très bon team. C’est la meilleure équipe avec laquelle j’ai travaillé. Je retrouve ce que j’ai connu chez Hexis même si je n’ai disputé qu’une course avec eux. ART Grand prix est une très grosse équipe avec un passé incroyable. Je ne me pose aucune question. Tout est parfait et il n’y a rien à dire. ART Grand Prix est un team de GT3 mais on peut le comparer à une usine. »

 Place ensuite à la 650S GT3 ?

 « La nouvelle auto arrive. J’ai pu en prendre le volant il y a peu à Silverstone. La 650S GT3 a beaucoup de pièces nouvelles. Ses débuts en compétition sont prévus pour 2015. »

Il y a des envies de 24 Heures du Mans chez McLaren ?

 « McLaren n’a jamais caché son envie de revenir au Mans mais pour cela il faut une auto qui entre dans le règlement GT, ce qui n’est pas le cas avec la 650S GT3. Il faudra faire des choix stratégiques car le GTE coûte beaucoup d’argent mais l’auto a été pensée dans l’optique du Mans. »

 Ta saison en TUSC est positive ?

 « Je suis vraiment au sein d’une super équipe. Park Place Motorsports fait du très bon travail dans une catégorie très concurrentielle. La victoire devait être pour nous sur le Canadian Tire Motorsport Park mais nous sommes enfin récompensés par un podium. Ce podium concrétise la performance du début d’année. Mon coéquipier (ndlr : Patrick Lindsey) est un vrai Silver qui roule très fort à moins d’une seconde des meilleurs. La Porsche 911 GT America est issue de la Cup et nous devons faire face aux autos basées sur des GT3. »

 Ton année est bien remplie…

 « Je pense avoir un planning de 25 courses durant l’année entre Blancpain Endurance Series, Tudor United SportsCar Championship, VLN et des piges dans différents championnats. Le VLN me plait beaucoup. La gestion du trafic est compliquée mais je n’ai jamais eu autant d’adrénaline sur un circuit. Il y a tellement de virages à 10 mètres du rail. »

 Le Mans sera la prochaine étape ?

 « Je l’espère bien ! Pour rouler en prototype, il faut de l’argent si tu n’as pas d’expérience. En GTE-Pro, il faut qu’un constructeur pousse et pour le GTE-Am, il faut qu’un gentleman paie. C’est compliqué mais je vais tout faire pour être au départ en 2015. J’espère que ma prestation en Cup en juin dernier va m’aider. »