Julien Piguet a fait récemment briller les couleurs françaises lors de Le Mans Classic, en remportant la course du Group C Racing avec sa Spice SE89C, une « petite » Groupe C2, qui a devancé les puissantes C1 comme les Porsche 962, Nissan, Peugeot et autres Mercedes, dans un plateau très étoffé et dans une discipline dominée habituellement par les anglo-saxons.
Julien Piguet, après avoir couru dans de nombreuses disciplines, a ensuite donné un tour nouveau à sa carrière professionnelle en fondant une agence évènementielle d’essais automobiles – Driving Evolution ici – tout en continuant à exercer sa passion de cascadeur.
Le Mans Classic était en quelque sorte un retour à la compétition et Julien Piguet a accepté de répondre à quelques questions pour Endurance-Info :
Julien, pouvez-vous résumer en quelques lignes votre carrière (et palmarès) de pilote avant la création d société Driving Evolution ?
”J’ai commencé en karting comme de nombreux pilotes puis monoplace (FR et F3) avant de rouler en GT, Super Tourisme et en Coupe de marques comme la Lamborghini Super Trofeo. J’ai souvent brillé mais je n’ai pas réussi à concrétiser un vrai plan de carrière pour devenir pro chez un constructeur ce qui était l’objectif et le rêve ultime. La F1 m’a toujours paru trop éloigné et « intouchable », j’ai toujours été beaucoup plus intéressé par Le Mans.
Mes plus beaux souvenirs en sport automobile : mes premières 24h du Nürburgring sur un circuit juste incroyable et une ambiance magique, et ma victoire en karting aux Masters de Paris Bercy, c’était une course hyper fun que j’ai eu la chance de gagner une année (l’année précédente j’avais fait un podium derrière Hamilton himself qui était juste intouchable !)”
Pourquoi avoir mis un peu de côté cette carrière de pilote pour fonder Driving Evolution ?
”J’ai vite vu que devenir pilote pro serait très difficile pour plusieurs raisons : à la fois un manque de moyens, de réseau, d’encadrement et de management mais aussi un manque de talent, il ne faut pas se voiler la face, alors j’ai décidé de créer de monter un projet en créant ma petite entreprise d’essais automobiles que je développe depuis maintenant 8 ans.”
Pouvez-vous présenter Driving Evolution et ses activités ?
”Nous sommes une agence évènementielle spécialisée dans les essais automobiles. Le client historique c’est Renault Sport car j’étais pilote de développement pour RST, l’aventure est partie de là avec des années incroyables sur les Roadshow F1, les World Series, le succès mondial de la Megane RS et son record au Nürburgring… Aujourd’hui, nous avons bien développé notre expertise sur le sport de haut de gamme avec des clients comme Porsche, Ferrari, BMW, mais aussi nous nous projetons vers l’avenir avec l’électrique et les nouvelles mobilités. L’automobile va changer et il faudra s’adapter et être innovant.”
Vous avez également fait beaucoup de cascades automobiles. Dans combien de films ? Quels sont les principaux ?
”Le cinéma, ce n’est que du plaisir ! et c’est hyper fun de doubler les Jean Dujardin, Guillaume Canet, Jude Law ou encore Jean Reno (et je ne parle pas des comédiennes ;-)
Au mot « action » on retrouve l’adrénaline du départ arrêté de la course, avec le passage du feu rouge au feu vert, c’est très excitant et ça demande des grandes qualités de pilote de précision : s’adapter, être vite en action, rentrer vite les prises, bien comprendre les axes caméras. J’ai démarré chez Ciné Cascade avec mes potes Jean Claude Lagniez et Seb Seveau rencontrés sur les circuits et nous venons de finir le film américain ”Overdrive” avec Scott Eastwood, le fils de Clint, les poursuites et cascades vont vraiment être spectaculaires. Sortie l’année prochaine au cinéma.
Filmographie : Intouchables – Les Chti – Rien à déclarer – Ne le dis à Personne – Braquo – Engrenages – Supercondriaque … Voir là
Peut être un jour un James Bond, c’est le rêve ultime …”
Comment s’est fait cette année le passage au Group C Racing ?
”Le Groupe C c’est une belle opportunité. Nous avons acheté et restauré cette Spice avec mon pote Franck Metzger avec qui je roule depuis quelques années. Nous adorons Le Mans Classic et on a cherché une auto capable de rouler vite au Mans tout en respectant un budget d’exploitation très raisonnable. Cette Spice c’est le meilleur rapport perfo/plaisir/prix/fiabilité sur le marché. C’est une auto rapide (un chrono de 3’56 ” en course) mais aussi très facile à conduire pour les gentlemen drivers.”
Quel est le pedigree et le palmarès de la Spice SE89C ?
”C’est le châssis N°1, elle a fait 3 fois Le Mans en 1991/1992/1993 avec le double programme en championnat du monde sport proto. Ses couleurs sont d’origines avec son sponsor d’époque « Financial Times ».”
Quel est son moteur ?
”Un Ford V8 Cosworth de 550ch preparé par Geoff Richardson, un vrai « gourou » des moteurs V8 Ford de cette époque.”
Est-ce que le résultat de Le Mans Classic vous a un peu surpris ou aviez-vous quelques ambitions avant la course ?
”Très honnêtement, on venait sans prétention et sans pression avec l’objectif de se faire plaisir. Avec Romain Dumas dans une 962 d’usine sur la liste des pilotes engagés, on ne peut que de rester humble niveau ambition et performance. Mais des les premiers essais, on a vu que l’auto marchait super fort et que on avait une belle carte à jouer.”
Traditionnellement, le Group C Racing -même si c’est un peu moins vrai depuis cette année, avec la gestion par Peter Auto- est un milieu britannique avec une moyenne d’âge assez élevée, aussi comment as-tu été accueilli dans ce petit monde ?
”L’ambiance est super cool et on a affaire a de vrais compétiteurs. Déjà, je ne suis plus tout jeune ;-) et Dumas, Kelleners, Kubota… ils sont un peu vieux mais ça roule encore très vite et ils connaissent ce grand Le Mans par cœur. On s’est tiré une bourre d’enfer avec Michael Lyons, un jeune pilote anglais qui roule en Blancpain Endurance Cup sur une Mercedes AMG-GT3. Après, c’est sûr il y a deux rythmes dans le peloton avec des gentlemen drivers « débutants » mais tout le monde se respecte en piste. Le plateau était incroyable avec la Peugeot 905 ou la Mercedes C11, plus d’une quinzaine de 962, franchement Peter Auto a fait un job impressionnant pour mettre au point cette épreuve.”
Le Mans Classic était-il un one-shot ?
”Le Mans Classic était l’objectif Numéro 1 c’est sur mais nous avons aussi très envie de rouler au Castellet, l’épreuve est super, là encore sur le grand circuit, terrain de jeu idéal pour le Groupe C.”
Quels sont vos projets pour 2017 ? Vous reverra-t-on sur les circuits en 2017 ?
”Je travaille dur pour remonter un programme complet en 2017. Le nouveau championnat de France GT4 peut être une belle surprise avec un engagement des constructeurs pour cette nouvelle formule. Et puis dommage que Le Mans Classic n’ait lieu que tous les deux ans mais nous reviendrons en 2018 pour briller avec j’espère une nouvelle voiture en Groupe C.”