Fidèle à Ferrari durant tout le cycle de la 458 Italia GT3, Jérôme Policand et le Team AKKA-ASP sont passés dans le giron Mercedes l’hiver dernier avec un programme international en Blancpain GT Series à la clé. Entre Pro, Pro-Am et Am, l’écurie toulousaine est sur tous les fronts, à chaque fois aux avant-postes. Dans quelques jours, le Team AKKA-ASP alignera une Mercedes-AMG GT3 pour la gagne avec la bienveillance du constructeur allemand qui appuie cet engagement. A cette occasion, la Mercedes-AMG GT3 #88 recevra une livrée particulière. Avant d’affronter la classique spadoise, Jérôme Policand est revenu avec nous sur le début de saison et sur ses ambitions belges…
Quel est le premier bilan en Blancpain Endurance Cup ?
« Sur un plan purement sportif, on confirme les gênes du team où nous avons amené nos pilotes Am à un niveau très intéressant car nous sommes en tête du championnat. On maîtrise bien le sujet et la bonne surprise est que le changement d’auto n’a pas causé le moindre problème. Nous sortons de cinq années en Ferrari avec une auto réputée facile pour les gentlemen. Les résultats suivent et c’est un point vraiment positif. Cependant, nous n’irons pas chercher le titre car notre équipage Am ne disputera pas les 24 Heures de Spa où les points sont doublés. Je n’ai pas envie d’improviser quelque chose à Spa même si c’est un peu frustrant. Il y a donc très peu de chance que l’on ramène le titre en fin d’année. Disputer Spa avec cet équipage n’était de toute façon pas dans les plans du début d’année. On reste une petite structure et exploiter trois autos sur une course comme Spa n’est pas simple. Le noyau composé de Maurice Ricci et Jean-Luc Beaubelique n’avait pas cet objectif. Pour eux, la course reste un plaisir. Nos fondamentaux sont toujours là en démontrant que l’on pouvait toujours gagner.
« En Pro-Am, nous sommes à notre place entre la 4ème et 6ème position. Notre équipage répond présent sachant qu’il faut reconnaître que le niveau généra est très élevé. La classe Pro-Am est certainement la plus difficile à équilibrer en termes d’équipage. Sur la vingtaine d’autos, on se place entre la 4ème et la 6ème place. Daniele (Perfetti) est un pur gentleman qui découvre le championnat. Laurent (Cazenave) et Michael (Lyons) sont plus aguerris. Nous faisons face à des équipages relevés. A Spa-Francorchamps, ils seront épaulés par Morgan Moullin-Traffort. J’espère que nous passerons un nouveau cap.
« En arrivant au Paul Ricard, nous fondions beaucoup d’espoir sur notre Mercedes-AMG GT3 alignée en Pro, ce qui pour nous était une nouveauté. Il y a eu un contact dès la fin du deuxième tour qui a endommagé le radiateur. La voiture est revenue en piste dans la dernière heure pour préparer Spa. »
Il y aun soutien plus appuyé de Mercedes à Spa ?
« Nous serons AMG-Team et non pas AMG Customer Sports. Il y a un soutien en matériel, engineering et finance mais le montage est consolidé par les partenaires de l’équipe. Le potentiel de l’auto reste identique tout comme le service général. Nous disposerons de trois ingénieurs supplémentaires : datas, châssis, stratégie. Notre exploitation sera donc renforcée avec en prime un pilote AMG et HWA. C’est une vraie étape pour l’équipe. En une demi-saison, nous allons représenter la marque aux 24 Heures de Spa. Globalement, il nous en manque encore face à HTP et Black Falcon. En Pro, aucun compromis n’est possible. Nous venons à Spa pour démontrer le sérieux de l’équipe avec l’objectif de faire briller les couleurs AMG, et pas seulement pour rallier l’arrivée. »
Le bilan est aussi positif en Blancpain Sprint Cup ?
« Là aussi c’est pour nous un nouveau challenge puisque nous étions habitués jusque-là au Championnat de France GT. Nos ravitaillements sont corrects mais pas encore au niveau des meilleurs. Il nous faut maintenant rentrer dans le détail de la performance. Avoir Felix Rosenqvist est positif. C’est un pilote en pleine réussite qui a un avenir brillant devant lui. C’est une vraie marque de confiance et un vrai boost pour Tristan (Vautier) et Morgan (Moullin-Traffort) qui font du très bon travail. Jean-Luc (Beaubelique) apporte sa pierre à l’édifice en faisant partie des meilleurs gentlemen. Nous avions jusque-là la réputation d’être une équipe franco-française. Là, nous avons plusieurs nationalités avec Suède, Pays-Bas, Italie, Suisse. Tous les briefings se font maintenant en Anglais. C’est un nouveau challenge sur le plan personnel mais je reste avant tout un compétiteur. Nous avons mis en place de nouvelles méthodes de travail. »
Avoir trois Mercedes-AMG GT3 pour deux championnats n’est pas trop compliqué à gérer ?
« Nous aurons un châssis neuf pour les 24 Heures de Spa et c’est une auto que nous garderons. C’est indispensable pour 2017. Je veux pouvoir faire deux championnats différents et des séances d’essais. Plutôt que de réviser complètement une auto pour Spa, la voiture sera neuve. Dès 2013, nous avions quatre Ferrari. La structure est faite pour cela. Il n’y a aucun regret à être passé chez Mercedes. »
Avoir AKKA renforce le team ?
« AKKA n’est pas seulement le partenaire titre de l’équipe même si le lien avec Maurice (Ricci) a été déclencheur. Il y a une vraie cohérence avec le cœur de métier d’AKKA. Il fallait juste voir si la mayonnaise allait prendre et c’est le cas. Nous avions 150 invités au Paul Ricard et nous avons dépassé les 400 depuis le début de saison. Nous sommes sur des compétences qui se rejoignent, ce qui suscite de l’intérêt. AKKA est une société française qui travaille à l’international dans un domaine très concurrentiel. Il y a une aventure humaine, de la convivialité et de la jeunesse. »
L’arrivée de la fenêtre de ravitaillement en Blancpain Endurance Cup est une bonne chose ?
« Elle est plutôt bien gérée même si c’est une contrainte supplémentaire pour nous. Bravo à WRT d’avoir exploité au mieux cette fenêtre à Silverstone. Les arrêts prennent maintenant une part prépondérante dans le résultat final. C’est devenu une activité à part entière dans une équipe, si bien que les ravitaillements sont à inclure dans le coût d’exploitation. Le facteur humain n’est surtout pas à négliger. Le coût d’exploitation n’a pas explosé. Le prix des pièces est en augmentation car certaines sont devenues du consommable. »
Déçu de voir la fin du Championnat de France GT ?
« Depuis trois ou quatre ans, le plateau oscillait entre 16 et 20 autos. Nous étions à la limite. Les LM P3 sont arrivées mais pas les nouvelles équipes. Avec 12 LM P3 et 9 GT3, ça passait. J’ai toujours prôné pour un championnat simple. Ces deux dernières années, il fallait quasiment le même personnel pour la France et le championnat Blancpain. »
Le GT4 est l’avenir ?
« Pour que ça marche, il faut trois personnes pour une voiture de course, soit entre sept et neuf pour trois autos. Est-ce que le produit va plaire aux pilotes ? Je pense que oui… Il faut fixer des règles et que le coût soit maîtrisé. En 2006, on pouvait faire rouler trois GT3 avec sept personnes. On a besoin d’un championnat GT national et le GT4 est un nouveau produit. Nous ne sommes pas partis à cause d’un ras le bol. Le championnat était bien organisé et médiatisé. Personnellement, je n’étais pas favorable à l’arrivée des prototypes. C’est aussi un choix de société. La base de l’entreprise est le GT mais cela ne veut pas dire que l’on n’y viendra pas un jour… »