Pour sa deuxième année sous le nom de Team AKKA-ASP, l’équipe de Jérôme Policand va s’attaquer à une nouvelle monture en passant de la Ferrari 458 Italia GT3 à la nouvelle Mercedes-AMG GT3. 2016 doit passer par un programme complet en Blancpain GT Series avec en complément une Ferrari 458 GTE alignée en GT Sports Club.

Le programme 2016 est finalisé ?

« Nous bouclons notre présence en Blancpain GT Series qui comprend les championnats Endurance et Sprint avec à l’heure actuelle une auto complète dans chaque série. Le GT Sports Club fera également partie du programme avec la Ferrari 458 GTE que pilotera Anthony Pons. Rouler dans ce championnat qui semble promis à un bel avenir ne nous prend pas de Mercedes. Pour le nombre d’autos en Blancpain GT Series, le choix n’est pas encore fait. On pourrait voir les trois en Sprint et Endurance sachant que seulement deux ne rouleront aux 24 Heures de Spa. L’autre hypothèse est d’en avoir deux en Sprint en Endurance, plus deux en Michelin GT3 Le Mans Cup. Nous avons de la demande pour ce nouveau championnat même s’il faudra composer avec deux clashs, ce qui implique une grosse organisation sur le plan de la logistique. On peut dupliquer le personnel mais pas les autos. C’est pourquoi nous pourrions nous contenter d’un programme partiel. »

Qu’en est-il des pilotes ?

« J’espère mettre en place une trame pour l’Endurance et le Sprint. Je vais déjà en discuter avec nos pilotes 2015 afin de connaître leurs souhaits. Tous n’ont pas encore pris de décision. Nous devrions en savoir plus à partir du 15 janvier. Je laisse la porte ouverte à un équipage Pro aux 24 Heures de Spa et en Sprint. En Endurance, c’est un peu compliqué sur un plan budgétaire. C’est un vœu d’avoir une auto en Pro mais nous le ferons uniquement si l’équipage tient la route. »

Pourquoi avoir fait le choix de Mercedes ?

« Il y a deux facteurs. Le premier est d’ordre de l’investissement économique. La Ferrari 488 est un peu au-dessus du prix du marché et changer de modèle demande de gros investissements. En 2011, nous avons débuté avec deux Ferrari avant d’en avoir une troisième puis une quatrième en 2013. Tout s’est construit gentiment au fil du temps. On ne pouvait pas débuter qu’avec deux  Mercedes. Il fallait faire un calcul. Le deuxième facteur est que notre partenaire titre a une partie de ses activités avec Mercedes même si ce n’était pas une obligation pour nous. Cependant, il y avait une cohérence d’aller chez Mercedes. »

La confiance est de mise sur le potentiel des Mercedes-AMG GT3 ?

« Avoir une GT3 équipée d’un moteur atmosphérique a aussi penché dans la balance. Pour une équipe moyenne comme la notre, le moteur atmosphérique est plus facile à exploiter. L’avenir passera peut-être par le turbo mais pour une équipe c’est un paramètre supplémentaire à prendre en compte. La décision n’est pas facile, d’autant plus que nous avons une relation très forte avec Michelotto et Kessel qui dure depuis dix ans. Nous avons commencé à exploiter une Ferrari 430 GT2 en 2006. En dix ans, il s’en est passé des choses et la période Ferrari reste une page importante du team. On arrive face à des équipes qui peuvent profiter de leur connaissance de la SLS. Cependant, nous en avons une en exploitation pour un client. Des choses nous ont plu sur cette auto. »

La Balance de Performance va avoir une fois de plus son importance ?

« Je ne suis pas inquiet sur ce domaine car SRO a montré sa capacité à étalonner les différentes autos. Depuis deux ans, toutes les GT3 sont bonnes et aucune n’est à la traîne. Il y a une bonne maîtrise de la BOP par Claude Surmont et son équipe. C’est moins un paramètre à prendre en compte que par le passé. Il y avait nettement plus de réflexions sur ce sujet en 2011. »

Pas de Championnat de France GT au menu en 2016 ?

« Le team est assidu au GT Tour depuis cinq ans et le championnat a contribué à remplir notre palmarès avec plusieurs titres décrochés. Le Championnat de France GT reste compétitif mais la nouvelle orientation qui mélange LM P3 et GT3 est moins orientée sur ce que nous souhaitons. On continue exclusivement sur du GT car c’est ce que veulent nos pilotes. Rien ne dit que nous n’y retournons pas ponctuellement tout comme en VdeV Endurance Series. Même si les classements seront séparés et que chaque championnat sera bien distinct, la chance de gagner au général n’est plus la même. La motivation est différente pour une équipe qui investit dans de nouvelles autos. La saison 2015 a été très positive sachant que nos équipages avaient un sens budgétairement. C’est le seul championnat où on pouvait se battre au général. »

Alors pourquoi ne pas avoir fait le choix d’aller en LM P3 ?

« La catégorie LM P3 est un vrai succès et on ne peut pas rester insensible. Cela ne veut pas dire que nous n’irons pas à l’avenir, mais pas en 2016. On ne peut pas repartir d’une feuille blanche comme cela. Dès la mi-saison 2015, j’ai compris qu’il fallait investir dans de nouvelles GT3 pour rester en haut de l’affiche. Cela fait plusieurs années que nous avons les mêmes pilotes et ils ne souhaitaient pas se diriger vers le LM P3. La catégorie impose une approche plus professionnelle que le GT. Une LM P3 est une vraie auto de course avec de l’aéro. Pour être compétitif, il faut apprendre un nouveau mode et les acquis ne peuvent que servir de base. De plus, les jeunes pilotes vont élever le niveau. Pour nous, c’est juste une histoire de timing. Lorsque nous allions en GT Tour, c’était pour gagner au général, pas simplement la catégorie. En Blancpain Endurance Series, je n’ai pas l’excuse de la voiture car c’est forcément une GT3 qui va l’emporter. Ce n’est ni une LM P3, ni une LM P2, ni une LM P1. On en revient à la philosophie du Mans et le Championnat de France GT pourrait devenir un petit ELMS sans que ce soit péjoratif. En revanche, nous pourrions faire rouler la Ferrari 458 GTE en ELMS sur la deuxième partie de saison. »