Fidèle à Jérôme Policand depuis plus d’une décennie, Jean-Luc Beaubelique est passé à la vitesse supérieure cette année. Devant un Championnat de France GT qui voyait l’arrivée des LM P3, le Limougeaud a relevé le défi d’un programme Blancpain GT Series au complet. Force est de constater que le pari est réussi avec une place de vice-champion en Blancpain Endurance Cup (Am) mais aussi en Sprint Cup (Pro-Am). L’absence aux 24 Heures de Spa a sans aucun doute coûté le titre au trio de la #87. Le passage de la Ferrari à la Mercedes s’est donc passé en douceur pour le pilote du Team AKKA-ASP. Retour sur une saison européenne bien garnie…
Rouler en Blancpain Sprint Cup a permis de découvrir un nouvel univers ?
“Misano m’a un peu secoué (rire). La Blancpain Sprint Cup regroupe le gratin du GT3 et il n’est pas facile de s’y faire une place, d’autant plus que la première course a eu lieu en nocturne. Pour moi, ce championnat est une belle découverte. C’est en Sprint Cup que je garde mes meilleurs souvenirs de pilotage et de performance. Le mix Pro/Am a parfaitement fonctionné. Les professionnels repèrent facilement qui est dans l’auto. Il n’y a jamais eu le moindre souci en piste. En Hongrie, j’ai réussi à rester dans le peloton de tête. Durant toute la saison, on a senti comme un gentleman agreement entre les pilotes avec très peu de contacts. Peut-être le permis à points a aidé à ce que les choses se passent bien. La BOP du début de saison m’a bien aidé car la Mercedes-AMG GT3 est assez exigeante en pilotage.”
Disputer les deux championnats a donc été positif ?
“Sans aucun doute. Cela fait un maximum de roulage. Certes, il a manqué quelques concurrents en Pro-Am en Sprint, mais les écarts étaient très proches. C’était comme un Championnat de France ‘++’. Les circuits empruntés étaient vraiment sympas. Pour un gentleman, le championnat est motivant, d’autant plus que l’accueil et l’ambiance chez SRO restent un vrai plus. Mon plan initial était de rempiler en GT Tour, mais l’arrivée des LM P3 n’était pas ce qu’on voulait. Je n’ai pas le moindre regret d’avoir fait le choix de la Blancpain GT Series. Les primes sont alléchantes et la compétition y est rude. Il faut des Bronze avec un esprit de compétition et qui respectent la classe. Il n’y a aucune raison d’avoir des problèmes en respectant les Pros. Il faut tout de même un certain niveau pour y rouler. Les circuits sont étroits et les dépassements sont peu évidents.”
En revanche, toute l’équipe était rodée en Blancpain Endurance Cup…
“Disons qu’on savait où on mettait les pieds. L’équipage que je formais avec Maurice Ricci et Gilles Vannelet a toujours été serein et personne n’avait le moindre ego. Chacun a vite trouvé sa place. C’est un peu de notre faute si nous n’avons pas décroché le titre. Sans disputer les 24 Heures de Spa, on termine à 4 points sachant qu’on loupe la victoire de peu au Paul Ricard. C’est aussi là que le titre s’est joué. Nous avions un vrai équipage dans la philosophie gentleman.”
Le Team AKKA-ASP a encore franchi une nouvelle étape cette année ?
“Disputer les deux championnats a aidé l’équipe et le programme usine a tiré tout le monde vers le haut. Felix (Rosenqvist) et Tristan (Vautier) ont amené un gros plus au team. Ils ont été là tout le temps, tout comme Morgan à mes côtés. Jérôme (Policand) a fait franchir un vrai cap à son équipe. Avoir le même ingénieur dans les deux championnats était une chance et l’apport d’AMG a été positif pour tout le monde. Je connais l’équipe depuis 15 ans, donc ce n’est pas une révélation. Je sais de quoi Jérôme est capable. Il a montré la capacité à se battre face aux meilleurs.”
Les nouvelles règles établies par SRO ont été positives ?
“Elles font partie de la BOP. Déjà, on peut constater que l’équilibre sur la piste est bon. C’est dur d’équilibrer les changements de pneus et le remplissage du réservoir. Il faut à tout prix éviter la course à l’armement, ce qui apporte aussi un plus au niveau de la sécurité. Avec les nouvelles règles, tout le monde repart attaché et personne n’a perdu une roue. C’est sécuritaire pour tout le monde. Ce qui a été apporté va dans le bon sens. Pourquoi pas maintenant faire la même chose en Sprint ? Je ne pense que la course perdrait de son charme. Peut-être faudrait-il revoir le poids des autos. Un pilote de 90 kg rajoute 20 kg par rapport à un de 70. Là aussi, ça joue sur la sécurité.”
Le programme 2017 est connu ?
“Si les partenaires suivent, l’idée est de disputer un programme identique avec si possible le même équipage en Endurance. Gilles a amené la sérénité et on voit le résultat.”
Pas de LM P3 à l’étude ?
“J’ai eu plusieurs propositions, mais je ne suis pas attiré par le prototype. Je pense que ces autos sont plutôt destinées aux jeunes qui arrivent de la F4 ou de la F3. Je suis plus partisan de refaire les 24 Heures de Spa que d’aller au Mans. Le GT3 est un produit qui me convient parfaitement. Le mix GT/Proto est compliqué. A Spa, on peut terminer dans le top 10, ce qui est impossible au Mans.”
Quid du GT4 ?
“C’est en réflexion. J’ai été approché par des équipes et des pilotes. Je vais attendre de voir ce que va décider le Team AKKA-ASP pour le GT3. Si je devais aller en GT4, je pense que ce serait sur un programme complémentaire. Le Championnat de France est relancé de zéro avec l’arrivée des GT4. Selon moi, la dernière année avec les trois pilotes était la solution pour pérenniser les choses. Intégrer les prototypes a donné ce qu’on a vu. La seule course qui a eu lieu a permis de voir uniquement les LM P3 à l’image.”