Fidèle au team ASP depuis plus d’une décennie, Jean-Luc Beaubelique reste sur une belle saison en Championnat de France GT en compagnie de son compère Ludovic Badey. Le champion 2013 Blancpain Endurance Series (Gentlemen Trophy) s’est aussi essayé à l’European Le Mans Series, ce qui lui a permis de découvrir le partage de la piste avec les LM P2.
La Ferrari 458 Italia GT3 n’a plus de secret pour le Limougeaud si bien qu’il est le pilote qui a le plus d’expérience au volant de la GT3 italienne. Plus qu’un Bruni ou Vilander. Avant d’entamer une saison 2015 qui devrait le revoir sur un double programme sous la nouvelle entité Team AKKA-ASP, Jean-Luc Beaubelique revient sur l’année écoulée…
La saison en Championnat de France GT a été positive ?
« C’était celle des retrouvailles avec Ludo. Aussi bien sur le plan humain que sportif, la saison écoulée a été fabuleuse. Toute l’équipe est restée très soudée du début à la fin. Nous avons débuté l’année avec une auto neuve en nous cherchant jusqu’au Val de Vienne où on a trouvé la solution. L’auto a ensuite été performante jusqu’à la fin de saison. »
Les polémiques ont tout de même entaché la saison…
« Ces polémiques n’ont pas lieu d’être. Par gentleman agreement roulant dans la même catégorie, il aurait été préférable de se réunir pour en discuter. Ces réclamations discréditent le championnat et cela n’a rien apporté de positif. Apporter un éclaircissement aurait été préférable. Les années où les Porsche avaient des stickers sur les entrées d’air n’ont posé de problèmes à personne. Mon seul constat est que nous avons fait le doublé en qualifs au Paul Ricard lors de la finale. »
Chaque année sa polémique…
« La reprise en mains du championnat par la FFSA été bonne, notamment pour la gestion des courses. La preuve est qu’il y a eu moins d’accidents. Cependant, les excès de sévérité sont à tempérer. Si un pilote bouchonne, on ne peut quasiment plus dépasser sous peine de sanction. Ce championnat reste très compétitif .Une fois de plus, le championnat s’est joué lors de l’ultime course. C’est l’un des rares championnats où le dénouement se fait dans les derniers instants. La seule chose regrettable reste le nombre d’engagés. La qualité est là mais pas la quantité. Le championnat est comparable avec les standards européens. »
Pourtant, la qualité est bien là…
« Il faut déjà souligner la bonne couverture médiatique avec Eurosport. Le seul inconvénient est que le championnat est devenu trop cher. C’est dur d’attirer des sponsors dans l’hexagone qui subit la crise. Toutes les personnes de la FFSA qui sont de bonne volonté ne sont pas assez nombreuses pour résister au professionnalisme des équipes. L’approche professionnelle du Championnat de France GT est là. En face, on a des bénévoles qui font ce qu’ils peuvent. Dixit Oliver Panis, le niveau des équipes en termes de professionnalisme et de technicité est digne de la Formule 1 d’il y a quinze ans. »
Les décisions prises pour 2015 vont dans le bon sens ? (ndlr : équipages à trois et deux courses d’1h30)
« C’est la bonne direction pour redynamiser le championnat même s’il y a de petits couacs dans la réglementation. Même si avoir trois pilotes permet de partager les coûts, limiter à deux Bronze par auto aurait été préférable. »
Que retenir de tes débuts en ELMS ?
« En début d’année, j’étais déçu de ne pas prendre part à un programme complet en ELMS. Après avoir roulé au Red Bull Ring, mon avis a changé. Le championnat coûte cher en GTC comparé à du GTE ou LM P2. De plus, il faut passer une partie de son temps à regarder dans les rétroviseurs et peu de gens s’intéressent à la catégorie. Pourtant, les pilotes se donnent autant que ceux qui évoluent en GTE et LM P2. Si les GT3 roulaient en configuration Blancpain Endurance Series, elles seraient plus au rendez-vous mais ce serait un handicap pour les LM P2 en vitesse de pointe. J’ai conscience que l’équilibre n’est pas évident à trouver. Les GT3 n’ont plus rien à envier aux GTE et selon moi, elles ont leur place au Mans. »
Il faudrait donc supprimer les GTE ?
« Pas forcément ! On sait bien que les GTE restent les vitrines des constructeurs. Une Porsche 911 RSR coûte tout de même près d’un million d’euros. Combien de gentlemen roulent en 911 RSR ? Pourquoi ne pas laisser les GTE en GTE-Pro et mettre les GT3 en GTE-Am. La hiérarchie serait mieux établie. Tous les gentlemen se plaisent à dire que les GT3 sont parfaites. Tous les constructeurs sont présents, ce qui fait que le choix est vaste. »
Quel sera ton programme 2015 ?
« Il n’est pas encore finalisé à 100%. Le Championnat de France GT est assuré avec Morgan Moullin-Traffort et Philippe Giauque. Dans la mesure du possible, un retour en Blancpain Endurance Series est sérieusement à l’étude. J’ai un goût d’inachevé en Pro-Am Cup. »
A quand des débuts en LM P2 ?
« Il est possible que je teste une LM P2 dans le courant de l’année. Le fait de les avoir vu rouler en ELMS m’a donné envie. Ce qui est sûr, c’est que si je vais au Mans, ce sera en LM P2 et pas en GTE. »
Comment expliquer cette longévité avec Jérôme Policand et son équipe ?
« Nous allons entamer notre 12ème année de collaboration. On s’est rencontré en 2000 lors d’une course de Renault Clio Cup V6 à Magny-Cours. Pour être franc, la rencontre s’est faite à l’issue d’un contact en piste (rire). Il jouait le championnat et moi je débutais. J’estime être le plus bel ambassadeur du team. Jérôme m’a fait passer du rallye au circuit en me faisant jouer avec les meilleurs gentlemen. Le team écoute bien ses pilotes et Jérôme a su s’entourer des bonnes personnes. Chaque pilote qui a roulé pour le team ASP a apporté sa pierre à l’édifice et son point de vue.
« Lors du tout premier briefing de l’année, tout est analysé, expliqué et disséqué. Chaque nouveauté du règlement est passée en revue. Cela fait 12 ans que l’on travaille avec la vidéo et les acquisitions de données. A l’issue de chaque session, Jérôme donne son avis sur le comportement en piste de chacun de ses pilotes. Depuis que je roule pour l’équipe, Il n’y a pas eu une seule course où Jérôme n’a pas été là du début à la fin d’un meeting. »