Dans le cadre de la première venue au Mans de l’Historic Tour, Jacques Furet, la cheville ouvrière de HVM Racing, organisateur du meeting, a bien voulu nous accorder quelques précisions :
Jacques, à quand remonte la création de HVM Racing ?
« On va dire à peu près cinq ans. A l’origine, c’est un team, celui de Laurent Vallery-Masson et Bernard Honnorat, et l’organisation, ça remonte à cinq ans , c’est assez récent. »
Bernard Honnorat et Laurent Vallery-Masson courent encore…
“Tout à fait, ils sont dans le plateau de GT Classic avec la Marcos Mantis. Ils ont d’abord été pilotes, ils le sont toujours. Ils avaient commencé à organiser le Trophée F3 Classic et après ils sont passés de l’organisation d’un Trophée à l’organisation d’un meeting complet tout en restant pilotes. »
Combien de personnes au sein de HVM Racing ?
« Dans le staff, nous sommes à peu près une dizaine. Il y a quatre permanents, moi,je m’occupe des relations avec la presse, je ne suis même pas permanent, Bernard Honnorat travaillé également, mais n’est pas pas salarié, nous avons des CDD, c’est une petite structure. »
HVM Racing n’organise pas seulement les meetings de l’Historic Tour ?
« Effectivement, nous avons les six meetings de l’Historic Tour : le Castellet, Val de Vienne, Charade, Nogaro, Le Mans et Lédenon, et nous organisons en plus le Grand Prix de Pau Historique et la Dijon Motors Cup, deux meetings historiques très importants. La Dijon Motors Cup – les 7 et 8 octobre-, ce sont des plateaux internationaux, avec des F1 de la GPCA (Grand Prix Championship Association), nous avons eu aussi les Masters avec des F1 et des Sport-Protos des années 1970, il y a aussi les 200 Km de Dijon, dans l’esprit des 1000 Km de Dijon passés, pour les Sports-Protos. L’an dernier, nous avions la Boss GP Series et l’Historic F1 FIA avec les F1 ( des F1 des années 70-80, alors que les F1 GPCA vont jusqu’à 1965).”
Sur les carrosseries des voitures dans le paddock, on peut voir quelques noms célèbres : Derek Bell, Elio De Angelis, Emanuele Pirro, Philippe Alliot, Olivier Grouillard, et bien d’autres…
« Oui, c’est vraiment sympa de retrouver ces noms et ces voitures qui font partie de l’histoire du sport automobile.”
Qu’est-ce qui fait le succès des meetings de HVM Racing ?
« C’est d’abord un phénomène général, il y a un intérêt général pour l’historique que l’on retrouve à tous les niveaux. L’intérêt particulier de l’Historic Tour, c’est qu’il y a douze plateaux, donc ça brasse très large, de celui qui a une AC Cobra très, très chère, à celui qui a une Simca Rallye 2 ou une petite Formule Ford. En Groupe 1, il y a une 309 qui a été achetée 4000 Euros, donc on peut courir pour pas très cher , chacun y trouve son compte…De plus, jusqu’à l’an dernier, chacun des Trophées vivait un peu sa vie indépendamment, ,c’était davantage un rassemblement, maintenant il y a des Championnats de France, il y a des classements qui, au-delà des Trophées, intéressent tout le monde, ça crée une dynamique, avec la promotion qui va avec. Les concurrents ont l’impression de participer à quelque chose d’important dont on parle de plus en plus. »
Ce n’est pas un peu compliqué d’avoir un seul Championnat de France pour les protos et les monoplaces, et la même chose pour les GT et les Tourisme?
« C’est vrai qu’on aurait pu faire un titre par plateau, mais ça aurait fait douze Champions de France, ça faisait beaucoup… »
Le danger, c’est que quelqu’un domine sa discipline…
« C’est vrai, Hugo Carini remporte tout en F3 Classic, Franck Morel et sa Viper font pareil en GT, Lionel Robert aussi en Formule Renault Classic, mais c’est la course…Morel fait même deux plateaux différents et il gagne souvent les deux… »
C’est difficile de définir le profil moyen du concurrent de l’Historic Tour ?
« C’est de plus en plus vrai. Au niveau des âges par exemple, nous avons de plus en plus de jeunes qui arrivent. C’est encore plus vrai en monoplace, car pour un jeune qui veut faire de la monoplace en France, il n’y a plus rien d’accessible. Une petite Formule Ford, ça coûte moins de 10000 Euros, une Formule Renault Turbo, ça ne coûte pas très cher non plus, donc il y a quand même des moyens de rouler en monoplace chez nous, et en plus ça peut ouvrir des portes. Nelson Lukes, qui a remporté le titre 2015 en F3 Classic, court maintenant en SEAT Eurocup. Il avait fait de la Formule Renault auparavant, s’était rabattu vers le Rallye et le fait de remporter le titre 2015 lui a permis de retrouver un volant.
Hugo Carini, qui domine cette année la F3 Classic, n’a que 20 ans, Antoine Robert, le fils de Lionel, n’en a que 16…
“A côté des jeunes, il y a bien sûr des « anciens » qui ont couru à un très bon niveau, il y en a qui ont un très beau pedigree.Pour prendre un exemple, en HTCC Groupe 1, Denis Gillet, qui court avec une Peugeot 508 Turbo, a remporté le Rallye Jeanne d’Arc, en Normandie, sur une Ferrari, en 1966, avec comme co-pilote…Jean Todt, l’actuel Président de la FIA !!, Rob Lamplough, qui court en FR Classic, a disputé le Championnat d’Europe F2 à la fin des années 60, il y en a qui ont fait les 24 Heures du Mans, comme Lionel Robert, Gérard Cuynet ou Frédéric Da Rocha…On retrouve aussi bien sûr plein de passionnés, des simples amateurs qui courent pour le plaisir. »
Beaucoup de public sur les meetings de HVM Racing ?
« Cela dépend, ça n’est pas facile, car nous n’avons pas trop les moyens de faire de la promotion, il faudrait plus de moyens pour avoir un vrai plan media ; ça dépend aussi des circuits. A Nogaro, il y a vraiment une culture locale et on arrive à avoir 10 000 personnes. A Charade, quand le meeting est gratuit, on attire aussi pas mal de monde. A titre personnel, je pense que les gens qui se déplacent pour des meetings comme les nôtres sont peut-être plus intéressés par tourner autour et voir de près les voitures dans le paddock que par les courses elles-mêmes. Ce week-end, le paddock était payant, mais ce n’est pas le cas habituellement, la plupart du temps l’accès au circuit est gratuit comme ce week-end, ça revient parfois d’ailleurs plus cher de faire payer les entrées car dans ce cas-là il faut de la billetterie, etc. »
Vous avez de bons rapports avec la Fédération ?
« Oui, on a un soutien moral ; le Président de la Fédération nous soutient, il vient au moins sur un meeting chaque année. »
Vous aviez quelques invités particuliers au Mans, comme Gérard Holtz…
« Gérard, il vient de temps en temps, ce n’est pas exceptionnel, Tomer Sisley est là aussi. Pour parler un peu plus en général, ce que nous voudrions développer davantage, c’est l’aspect Village, l’aspect Club. On le fait déjà, puisque le dimanche midi, il y a la possibilité de rouler avec sa voiture sur le circuit en parade, on le fait systématiquement, car on essaie d’ouvrir à une clientèle de clubs, mais le problème qu’on a, c’est notre timing qui est extrêmement serré, avec 24 courses qui s’enchaînent sans arrêt plus les essais, ça ne laisse pas beaucoup de temps pour la parade. »
Il faut souhaiter qu’il n’y ait pas trop d’incidents pour perturber ce timing ?
« On a la chance de garder les mêmes officiels, donc c’est assez bien rodé, mais c’est vrai qu’on ne peut pas faire à côté tout ce qu’on voudrait. »
Vous avez déjà des perspectives pour l’année prochaine ?
« Oui, il y aura de nouveau six meetings pour l’Historic Tour. On va peut-être essayer d’ouvrir un nouveau plateau, un plateau “Youngtimer”, avec des voitures des années 80-90, comme des Golf GTI, des 205 GTI, peut-être pas sur l’ensemble de la saison, mais partiellement pour un avoir un plateau complet en 2018. »
Les britanniques sont en force ce week-end…C’est l’effet Le Mans ?
« D’habitude, on a quand même des étrangers, donc des britanniques dans tous les plateaux, mais c’est vrai que là, exceptionnellement, on en a beaucoup car la course de Sports Protos Cup compte pour le Championnat britannique de Sports 2000, c’est une manche de ce championnat, donc avec beaucoup de concurrents et avec des protos performants tels que ceux avec un moteur Duratec, et qui sont des protos plus récents que ceux de notre plateau traditionnel, qui accueille également des protos de la Coupe de l’Avenir, donc moins puissants que les protos 2 litres. Le plateau Protos, on ne l’a lancé que l’année dernière, et c’est une belle réussite. Il y avait eu avant des tentatives de faire des plateaux protos, et ça ne marchait jamais, il y avait quatre voitures, cinq, bref ça ne tenait pas. Et là, les gens de Sports Protos Cup, qui ont lancé en 2015 le championnat, s’en sont très bien occupé, ont beaucoup démarché et il y a toujours 30-35 voitures au départ. Le championnat est ouvert aux protos antérieurs à 1995. »
Vous avez une idée plus précise du calendrier 2017 ?
« C’est en cours de discussions. On aimerait bien revenir au Mans, les concurrents aussi, mais ça a un coût, peut-être qu’on fera comme LM Story, venir tous les deux ans, mais il n’y a rien de décidé. »