Qui n’a pas eu mal de tête à plancher sur ce bon vieux théorème de Pythagore à mettre en relation les longueurs d’un côté dans un triangle rectangle… Ce temps là est révolu mais on peut vous dire que gérer la catégorisation des pilotes a de quoi donner autant de maux de tête que Phythagore dont le carré de la longueur de l’hypoténuse, qui est le côté opposé à l’angle droit, est égal à la somme des carrés des longueurs des deux autres côtés.
Cette catégorisation fait des heureux et des malheureux. C’est comme si chaque pilote attendait en fin d’année le résultat de son bulletin scolaire. Les Platinum passent haut la main mais les Bronze qui vont devoir payer pour rouler. Les statuts Silver et Gold sont attendus impatiemment afin de pouvoir monter un équipage. Depuis peu, une alliance entre SRO, ACO et IMSA permet d’uniformiser cette catégorisation rendue indispensable depuis l’arrivée des associations Pro-Am. Mais ne croyez surtout pas que le travail est facile. Jacquie Groom, en charge de cette catégorisation pour SRO, nous a détaillé le processus.
Pour demander à être catégorisé, rien de plus simple, il suffit de s’inscrire sur le site de la FIA et de remplir le formulaire : date de naissance, date de la 1ère licence, l’ASN. Le pilote peut également remplir la case qui permet de savoir quel sera son coéquipier l’année suivante et le nom de l’équipe même si ces renseignements sont facultatifs car beaucoup de programmes se finalisent une fois la catégorisation connue.
“Le premier système date de 2006 lors du lancement du FIA-GT3″ nous a déclaré Jacquie Groom. “A cette époque, c’était une simple division selon la renommée des pilotes. Le FIA-GT3 débutait et dès 2006, nous avions remarqué que cela clochait pour quelques pilotes. Le système a évolué avec une catégorisation pour chaque pilote : Bronze, Silver, Gold, Platinum. D’autres championnats ont repris le même système mais avec des modifications.” C’est le cas des championnats FIA WEC, IMSA, FFSA GT pour ne citer qu’eux. Des pilotes pouvaient alors recevoir une classification différente en fonction des championnats. C’était le cas notamment d’Harold Primat ou Guillaume Moreau. “Chaque règle était différente” poursuit Jacquie Groom. “En 2013/2014, tout le monde s’est regroupé pour ne présenter qu’une seule liste FIA. Il y a eu beaucoup de réunions pour harmoniser le tout et dévoiler une première liste pour la saison 2015. Cependant, des ajustements peuvent être apportés en fonction des championnats. Les séries décident d’appliquer la liste à 100% ou d’avoir des variations. Chez SRO, cela peut nous arriver de mettre des étoiles pour une dérogation qui peut vite être ôtée en fonction d’un changement de coéquipier ou d’équipe.” C’est arrivé à Riccardo Ragazzi qui était Bronze* pour rouler avec Moissev et Kondakov.
La catégorisation ne peut pas évoluer en cours d’année sauf si une erreur devait être constatée ou si un pilote devait signer un contrat avec un constructeur.
Lorsqu’il remplit sa demande, le pilote doit renseigner s’il a eu une Superlicence, s’il a pris part aux 24 Heures du Mans, au FIA WEC, s’il a été pilote d’usine, s’il a terminé dans le top 5 d’un championnat majeur, etc… Pour se faire catégoriser, chaque pilote doit payer un droit d’entrée sachant qu’il peut porter réclamation (en payant un nouveau droit). “On peut être amené à se faire aider” souligne Jacquie Groom. “C’est le cas pour les pilotes venant d’Asie ou d’Australie qu’on ne connaît pas trop en Europe. Les promoteurs locaux peuvent nous aider. On reçoit toutes les demandes qui sont épluchées une par une.”
Tous les championnats font des calculs sur les dix meilleurs tours en course pour chaque pilote sur chaque épreuve. Une moyenne est ensuite appliquée. Des cas particuliers peuvent se présenter. A titre d’exemple, Enzo Ide, récent champion Blancpain Sprint Cup, pourrait bien passer Gold car il a décroché seul le titre. Si le Belge avait raflé le titre avec Christopher Mies (son coéquipier sur toutes les manches sauf la finale), il aurait pu demander à rester Silver. Le Comité débat des cas particuliers. Passé 50 ans, un pilote est automatiquement rétrogradé sauf s’il est toujours pilote d’usine. “Un champion ne passe pas forcément à la catégorisation supérieure” note Jacquie Groom. “Il faut regarder le championnat en général et ses temps au tour. La première année, on regarde la carrière et l’expérience. La suivante, on étudie les résultats. Le système évolue au fil des années. Un jeune pilote qui a brillé en karting sera Silver dès sa première classification et non plus Bronze.”
La base de données fait état d’environ 3000 noms. Le Comité se réunit avant la parution de la liste finale. Une quarantaine de pilotes seulement ont fait part d’un souci sur leur classification. On attend maintenant la liste 2017…