Le titre résume en quelques mots ce que l’on a pu lire ici et là dans la presse. Il est vrai que la victoire de Nico Hülkenberg, le podium de Patrick Dempsey et la visite de François Hollande ont contribué à élargir la couverture médiatique des 24 Heures du Mans.
Pour Le Figaro, “Formule 1. Porsche remporte les 24 Heures du Mans.” Pour la BBC, “Nico Hülkenberg gagne Le Mans devant Mark Webber.” C’est un peu raccourci mais on va se consoler en se disant qu’on parle des 24 Heures du Mans.
La venue du Président de la République a surtout été critiquée et sifflée. La presse a fait ses choux gras en écrivant tout et n’importe quoi. La palme à iTélé qui a précisé que compte tenu des sifflets et du retard dans le planning (déjeuner trop long), François Hollande n’a pu effectuer un tour de piste. Oui, sauf qu’il n’a jamais été prévu qu’il fasse un tour de piste. En même temps, c’est cette même chaîne qui a indiqué que Patrick Dempsey était pilote de rallye au Mans.
Le site de Jean-Marc Morandini a tenu à rappeler que les sifflets ont rendu inaudible le micro. Morandini ? Ah oui le présentateur de “Tout est Possible” au début des années 90. D’autres ont raillé (vidéo à l’appui) le fait que François Hollande n’ait pas reconnu Patrick Dempsey. Un peu facile quand même. A part les passionnés d’endurance, les fans de lotion capillaire, les inconditionnels de Grey’s Anatomy et la gent féminine (non chérie, je ne t’ai pas ramené un autographe), qui connaît Patrick Dempsey ? Personnellement, je sais qu’il était docteur, mais docteur en quoi, j’en sais foutre rien. Si vous faites du sport, vous devez connaître le nom et le visage du ministre des Sports. Désolé mais moi pas… Oui Patrick Dempsey est monté sur le podium des 24 Heures du Mans. Et alors ? A écouter certains commentaires, c’est comme si il avait gagné l’épreuve. Patrick Long et Marco Seefried ont fait le job en piste sur la Porsche et Patrick Dempsey a fait ce qu’il fallait. N’oublions pas que lorsque vous demandez une interview de Patriiiiick, il ne faut pas aborder Grey’s Anatomy ou sa vie privée. Aucun problème car nous sommes là pour parler sport. Donc de grâce prenons-le pour un pilote automobile. Le constat est le même avec François Hollande. On est sur une compétition sportive, pas sur un meeting électoral.
On l’a déjà dit dans ces colonnes, on devrait se réjouir de la venue de la plus haute personnalité de l’Etat français sur la grille des 24 Heures du Mans. Les abrutis (désolé si le terme peut choquer) qui ont sifflé n’ont rien compris. Vous croyez vraiment que François Hollande est venu au Mans dans une course où il y a plus d’étrangers que de français pour redorer son blason et retrouver des voix ? Ne vous trompez pas, il est le Président de la France, rien à voir avec Mr Sylvestre de la World Company. Imaginez s’il avait plu… Toyota qui attendait la pluie aurait donc pu gagner grâce à Hollande. Quand on pense qu’il y a une dizaine d’années, les spectateurs des 24 Heures du Mans ont adulé sur la pitlane les lofteurs qui étaient juste bons à se toucher dans une piscine, et que là on siffle celui qui nous gouverne pour quelque chose d’extra-sportif, il y a deux poids deux mesures. Le Président actuel aura certainement du mal à redresser le pays comme le précédent n’a rien fait et comme ceux avant lui n’ont rien fait non plus, à part se faire élire et réélire. La fonction plaît mais sauver la France, c’est autre chose… Oui, mais un seul est venu au Mans depuis 1972.
“Je suis venu pour saluer un grand évènement sportif avec les 24 Heures du Mans” a confié François Hollande. “Le Mans, c’est un grand évènement technologique et industriel, car la ville du Mans a une tradition industrielle et automobile. On pourrait me reprocher de venir faire la promotion d’une course automobile à quelques mois de la conférence sur le climat. Il convient de saluer les efforts menés par les constructeurs, sans oublier la volonté des organisateurs à faire justement la conversion avec des moteurs qui aujourd’hui sont hybrides. C’est cette mutation là que je veux encourager sans que ça puisse altérer les règles de la compétition. Il y a 250 000 spectateurs avec des retransmissions dans le monde entier, ce qui fait que Le Mans est aujourd’hui le centre du monde automobile et sportif. On se doit de mesurer ce que cela peut représenter en termes d’attractivité pour le territoire. Depuis Georges Pompidou, aucun président n’était venu pour les 24 Heures, alors j’ai voulu rattraper ce retard. Je veux que les Français comprennent bien le sens de ce déplacement et la place du sport automobile. Les 24 Heures du Mans, au-delà de ce qu’a pu être l’avenir des circuits de F1, est une constante dans notre pays. Il n’y a jamais eu de débat sur les 24 Heures. Le Mans fait partie de notre patrimoine.”
Voilà ce qu’on aurait aimé lire dans la presse : “Le Mans fait partie de notre patrimoine”. Le temps passé chez Toyota, Audi ou Alpine n’aura pas sauvé la France, mais si au moins il a servi à faire comprendre ce qu’était réellement Le mans, c’est toujours ça de pris…
Et maintenant on a un pilote actif en Formule 1 qui gagne Le Mans dès sa première participation. De quoi faire pester Bernie car Nico Hülkenberg a certainement pris plus de plaisir dans la Porsche 919 Hybrid que dans sa “chariotte” de fond de grille du dimanche. Webber est ravi de rouler en LM P1, Fisichella se plaît en GT et Hülkenberg gagne Le Mans avec Tandy et Bamber (il convient de ne pas oublier ses coéquipiers). Fernando Alonso et Jenson Button, pour ne citer qu’eux, ont dû suivre la course avec intérêt.
Le développement d’Internet permet de traiter l’information d’une façon différente (et c’est un média numérique qui vous en parle). Pas de limite dans le nombre de signes et une diffusion instantanée. Cela n’empêche en rien de vérifier les infos. On va laisser le buzz à Morandini & co. Le message n’est pas encore passé chez tous les constructeurs. Ne pas être un média papier peut encore s’avérer être un handicap. Par chance, tous les pilotes, eux, l’ont compris…
* Le nom du ministre des Sports est Patrick Kanner