ORECA est actuellement le seul constructeur à proposer une LM P2 éligible au règlement 2017 même si le châssis actuel devra tout de même recevoir un kit d’adaptation. Comme son principal concurrent Onroak Automotive, les châssis ORECA seront bien représentés cette année en FIA WEC et ELMS. G-Drive Racing a déjà confirmé sa présence sur la scène mondiale, Signatech-Alpine est aussi attendu avec un châssis conçu par ORECA Technology, et potentiellement quelques autres équipes pourraient rejoindre le championnat. Du côté de l’ELMS, DragonSpeed, Eurasia Motorsport et Thiriet by TDS Racing défendront les intérêts d’ORECA avec de sérieux atouts. A l’aube d’une saison qui s’annonce disputée comme jamais en LM P2, Hugues de Chaunac, président d’ORECA Group, a fait le point avec nous sur le dossier LM P2.
ORECA Technology travaille sur le kit d’adaptation pour 2017 ? Le choix de quatre constructeurs est positif ?
« Le marché LM P2 n’est pas extensible. Finalement, il n’y a jamais vraiment eu plus de quatre constructeurs. Entre l’Europe et les Etats-Unis, on doit arriver à une vingtaine d’autos et il faut diviser le chiffre par quatre. C’est compliqué à amortir et dur de rentrer dans ses frais. C’est positif d’avoir un règlement figé pour quatre ans sauf si la voiture est un vrai loupé. Il faut une très bonne auto dès 2017. Si elle est bonne dès le début, alors nous aurons quatre ans pour en vendre et assurer le service client. La confiance est de mise car comme Onroak Automotive, nous avons l’expérience du LM P2. On avance sur les évolutions. Les règles ne sont pas encore totalement figées et on reste prudent. On en connaît les grandes lignes et l’objectif est de faire rouler l’auto en septembre ou octobre. Le temps presse. »
La partie américaine d’ORECA se développe toujours ?
« L’antenne américaine est d’une grande aide. On ne pouvait pas ne pas y être. Il n’y avait pas d’autres choix. Renaud (Chevalier) est au contact des clients. Nous aurons déjà une ORECA 05 aux 12 Heures de Sebring avec DragonSpeed. Pour le reste, ce sera juste des apparitions épisodiques cette année. L’objectif est d’être présent à plein temps en 2017. Ce qui serait positif, c’est d’avoir un team américain, soit avec le moteur utilisé en FIA WEC, et/ou avec un accord passé avec un constructeur pour la carrosserie et le moteur. Le kit d’adaptation est développé en conséquence. On discute avec les teams actuels qui sont en DP. Des contacts sont en cours avec des constructeurs majeurs ou de grosses équipes telles que Penske. On a discuté avec eux comme avec d’autres en essayant de mettre tous les ingrédients sur la table. Aujourd’hui, c’est assez compliqué pour une LM P2 face aux DP, en dépit de la victoire à Daytona. Un team ne prend beaucoup de risque à acheter une 05. On part d’une bonne base qui ne peut qu’être meilleure avec le modèle 2017. »
Combien d’ORECA 05 sont attendues cette saison ?
« Pour être juste, on va dire entre huit et dix. Aujourd’hui, seul ORECA propose à la vente une auto éligible au nouveau règlement. Les autres constructeurs ne débuteront qu’en 2017. L’ORECA 07 sera un tout nouveau modèle, d’où un nom différent. Avoir un moteur commun est une bonne chose du moment que cela va dans le sens de la réduction des coûts. Si le niveau de compétitivité monte, c’est bien grâce aux teams. »
L’ORECA 03R a encore un bon coup à jouer ?
« La grosse qualité de l’auto est qu’elle ne vieillit pas. On l’a encore vu en Asian Le Mans Series avec le titre de Race Performance. On le voit aussi en Prototype Challenge aux Etats-Unis avec des autos qui durent dans le temps. L’Asie est un marché à prendre en compte pour les anciennes autos. »
ORECA a autorisé que la 03 puisse s’appeler une Alpine. On peut voir la même chose avec la 05 ?
« Si nous avons le bon interlocuteur, pourquoi pas rebadger un châssis sachant que nous ne sommes pas les seuls à décider. On a pleinement conscience de la finalité du projet Alpine et c’est pourquoi nous avons accepté ce changement. Tout se fait au cas par cas. »
Qu’en est-il de la catégorie Prototype Challenge aux Etats-Unis ?
« Les autos actuelles sont reconduites jusqu’à fin 2017. Si les Etats-Unis passent à la LM P3, l’IMSA pourrait autoriser un groupe motopropulseur différent. Aucune décision n’a encore été prise. Pour parler de l’Europe, si on avait su que la catégorie allait se développer de la sorte, alors nous aurions fait faire les pièces en grande quantité afin de réduire les coûts. »
La Rebellion R-One va encore évoluer durant l’hiver ? Vous êtes confiant sur l’avenir du LM P1 privé ?
« Des évolutions réglementaires ont été demandées par la FIA, ce qui oblige notamment à changer les portes. Les changements concernent la sécurité. Il faut une catégorie P1 privée attractive pour quelques constructeurs LM P2 qui veulent passer en LM P1 avec un règlement simple, libéral, sans contrôle de la consommation et qui ne soit pas très onéreux. En Formule 1, il y a des écarts de temps entre les équipes de pointe et les autres, mais ces écarts ne sont pas aussi importants. Les pilotes ne se prennent pas un tour tous les dix tours. C’est le moment de se mettre à l’abri du départ d’un constructeur. Il faut que ce soit les techniciens qui imposent le règlement. Ce n’est pas une question de technique mais de marché. »
Le contrat avec Toyota Gazoo Racing reste identique aux années passées ?
« Rien ne change dans l’organisation. La course reste l’ADN d’ORECA et on espère bien revenir un jour avec une équipe d’exploitation. »