Henri, en 2005, tu as été à deux doigts de toucher le Graal d’un patron d’écurie. Quels en sont tes souvenirs aujourd’hui ?
« Le règlement nous permettait cette année là de transformer nos anciennes voitures en LMP1 moyennant de grosses transformations. Mais celles-ci nous permettaient de bénéficier de gros avantages sur le plan technique. Avec Claude Galopin et toute mon équipe, nous avons donc conclu que c’était la meilleure chose à faire. Le Dr Ullrich, lui, confiant en son matériel, n’a pas cru bon d’en faire de même avec ses Audi R8. Nous nous sommes donc retrouvés dans la position de favori comme l’avait prouvé nos performances à Spa et lors de la Journée Test. Nous avons d’ailleurs pu placer nos deux voitures sur la première ligne et tout se présentait au mieux. Les deux premières heures se déroulent comme dans un rêve… »
Et puis les ennuis commencent…
« Hélas, Xtrac, avec toute la suffisance des anglais, ne nous a pas vraiment cru lorsque nous leur avons parlé des quelques grippages que nous remarquions sur la boite de temps à autre. Ils nous ont amené une pièce nouvelle qui ne l’était pas vraiment et la n°16, avec Erik Comas au volant, a bel et bien été touchée par ce problème. Nous avons alors commis une petite erreur en pensant que le mal n’était pas aussi profond que nous pouvions le craindre. Nous avons procédé à une courte intervention puis renvoyé Erik en piste. Mais le mal étant toujours là, nous avons du procéder à cette très longue réparation qui nous a repoussé à 7 tours… Nous sommes revenus à un tour, cela prouve le rythme dont nous pouvions faire preuve. D’ailleurs, le Dr Ullrich a du sentir le vent du boulet car il a maintenu Tom Kristensen au volant plus longtemps que prévu car il était le plus rapide des trois. Mais à moins de deux heures de l’arrivée, les températures moteur commençaient à monter et Judd nous a conseillé de calmer le jeu. Nous avons du nous contenter de la deuxième place. »
La n°17 n’était plus là pour prendre le relais…
« La n°17 était tout aussi rapide que la n°16 mais malheureusement, Soheil Ayari a été déstabilisé par la présence de Sébastien Loeb dans l’équipage et le tapage médiatique que cela a engendré alors qu’il était le pilote le plus rapide du trio, celui qui avait qualifié la voiture. Il est probable que cela lui ait mis trop de pression d’autant que Soheil avait déjà commis quelques grosses erreurs au Mans. Il a commis 3 fautes durant cette course dont la première avec la Panoz de Patrick Bourdais. Il a voulu doubler une voiture de trop à Arnage… Puis, il a eu un autre contact durant la nuit et enfin, la sortie de piste définitive dans la matinée. »
« Indiscutablement, 2005 est mon grand regret. C’est la seule année ou nous disposions d’un avantage mécanique sur Audi (dont ils auraient pu bénéficier aussi s’ils l’avaient voulu). Avec l’arrivée du diesel, plus jamais nous n’avons pu nous retrouver à nouveau dans cette situation. Nous avions une équipe de rêve, une voiture imbattable mais nous avons été battus… »