A près de 23 ans, Harry Tincknell est une valeur montante de l’Endurance. Pour ses débuts dans la discipline, le natif de Exeter compte déjà deux pole en trois manches European Le Mans Series au volant de la Zytek Z11SN du Jota Sport, sans oublier une belle victoire aux 24 Heures du Mans sur la Zytek partagée avec Simon Dolan et Oliver Turvey. Dans quelques jours, Harry Tincknell, Filipe Albuquerque et Simon Dolan seront à pied d’œuvre au Paul Ricard pour la reprise du championnat avec un handicap de 4 points à remonter sur les pilotes Signatech-Alpine.
Fidèle à la monoplace depuis 2008 où il a pris part à la British Formula Renault 2.0 Winter Series avec un titre deux ans plus tard, Harry Tincknell a gravi les échelons jusqu’en FIA European Formula 3 où il s’est classé 5ème en 2013 chez Carlin. Sentant la filière monoplace bouchée, c’est en Endurance qu’il a réorienté sa carrière avec un coach nommé Allan McNish. Avant de rejoindre le Paul Ricard pour le pénultième meeting de la saison, le Britannique fait le point avec nous sur son année découverte d’un nouveau monde.
Pourquoi avoir fait le choix de l’Endurance ?
« Je pense avoir beaucoup appris en Formule 3 et dans les différents championnats de monoplace où j’ai roulé, avec un certain succès. Je tiens à être un pilote de course professionnel avec une longue carrière en prototype et les possibilités y sont de plus en plus présentes. Je pense maintenant avoir le niveau et l’âge pour être en mesure d’opérer ce changement dans ma carrière, de me faire un nom et de piloter une voiture de course à un haut niveau. »
C’était donc le bon choix ?
« Oui ! J’ai déjà remporté la plus grande course du monde avec les 24 Heures du Mans dès mes débuts en LM P2 et j’ai jusqu’à présent connu le succès en European Le Mans Series. Il aurait été difficile de faire mieux. »
L’adaptation a été rapide ?
« Oui car nous avons eu la chance d’avoir un bon programme hivernal. Je me suis senti de suite à l’aise dans la LM P2. Finalement, c’est assez similaire à une Formule 3, même si les autos sont différentes. J’ai une très grande équipe autour de moi afin de s’assurer que j’ai appris et que je vais continuer à apprendre aussi vite que je peux. »
Avoir un coach comme Allan McNish est un avantage ?
« C’est carrément un énorme avantage. Il a vécu tout ce que je vis, ce qui fait qu’il sait exactement quels conseils me donner. En monoplace, il était déjà d’une grande aide, mais ses conseils sont inestimables en prototype : faire face au trafic, la course de nuit, le travail sur la consommation de carburant et la préparation du Mans. Sans lui, les 24 Heures du Mans n’auraient pas eu la même saveur. »
Le Mans était un rêve, spécialement avec cette victoire ?
« Bien sûr que c’était un rêve pour moi de gagner Le Mans. Je regarde la course depuis que je suis tout petit. Y rouler devant une foule aussi immense est quelque chose d’incroyable, d’autant plus que j’y ai gagné dès mes débuts. C’est une expérience que je n’oublierai jamais. »
Surpris par la victoire avec une Zytek que l’on peut qualifier de « grand-mère » ?
« Je sentais que tout allait bien durant la semaine du Mans que nous avions une bonne chance de monter sur le podium. La performance était là dès le début comme c’était le cas en ELMS mais aussi en FIA WEC à Spa. Je savais que si nous passions le moins de temps possible dans les stands, il y avait la possibilité de gagner. Certes, la voiture est plus ancienne que la Ligier et la ORECA récemment mise à jour, mais la Zytek est toujours une voiture très rapide et surtout fiable. Nous étions assez rapides pour mettre la pression sur nos adversaires et ils ont tous craqué. »
Quel est ton meilleur souvenir ?
« La dernière fois que je suis passé dans les Virages Porsche dans mon ultime relais. J’avais rattrapé du temps en comblant les 2mn30 pour une avance de 20s. Je savais que je devais passer mon volant à Oliver pour les deux dernières heures et que beaucoup de choses pouvaient arriver. Mais j’avais le sentiment que tout allait bien se passer. Bien sûr, le podium avec les milliers de fans juste en dessous restera un grand moment. »
Quelques mots sur tes coéquipiers…
« Oliver a fait un travail fantastique au Mans en venant si tard pour être dans le rythme si vite. Marc est quelqu’un de fantastique avec qui il est très facile de travailler. Son expérience du Spa et du Mans a été primordiale sans oublier son retour d’informations. J’ai beaucoup appris de lui. Filipe est aussi un personnage à part entière. On passe de très bons moments ensemble et c’est un bon coéquipier. Nous nous poussons l’un l’autre. Quant à Simon avec qui je roule sur chaque course, il fait un travail incroyable. Il a connu un sérieux accident avec une GT en début d’année à Silverstone, mais depuis notre plus mauvais résultat a été une deuxième place (ndlr : Spa en FIA WEC). Pour un pilote de sa trempe, il est très rapide. Il roule 2,5 heures, soit plus de la moitié de chaque course et nous sommes deuxièmes au championnat, ce qui parle pour lui-même. C’est très spécial pour lui de réaliser son rêve de gagner Le Mans, mais je suis sûr qu’il sera encore plus rapide l’année prochaine. Jota est l’équipe parfaite pour moi. L’équipe est très professionnelle et chaque membre travaille très dur pour y arriver. C’est une grande famille et nous passons du bon temps ensemble. »
Maintenant, l’objectif est le titre ELMS…
« Je sens que nous pouvons le faire. Nous comptons seulement quatre points de retard et nous restons sur trois pole en trois courses. La manche du Paul Ricard sera la plus dure pour nous en raison des grandes lignes droites, mais nous allons tout donner pour arriver à Estoril, sur les terres de Filipe, avec l’intention de gagner le championnat. »
Une idée de ton programme 2015 ?
« Pour le moment, je reste concentré sur les deux dernières courses de la saison. Je vais faire de mon mieux comme lors des autres courses. Il sera ensuite temps de parler de 2015 avec Allan et mon entourage. »