Gianmaria Bruni et Toni Vilander forment un duo parfait. On dirait même un vieux couple tant les deux sont complices en dehors de la piste. Séparés l’année passée jusqu’à la finale FIA WEC de Bahrain où ils se sont imposés, le tandem a fait parler la poudre cette saison au volant de la Ferrari 458 GTE #51 alignée par AF Corse. Quatre pole et quatre victoires dont les 24 Heures du Mans (avec Giancarlo Fisichella). Malgré ces statistiques pour le moins flatteuses, on ne peut pas dire que Bruni/Vilander aient atomisé la concurrence sur une Ferrari qui s’est battue à armes égales face aux Porsche. Il aura fallu toute la pointe de vitesse des pilotes associée à une stratégie parfaite de AF Corse pour venir à bout de l’insolente domination des Aston Martin des deux classes GTE. « Si on te mettait dans l’Aston Martin, sûr que tu irais plus vite que nous » ironisait l’un des pilotes à Fuji. Au final, la #51 est tout de même venue à bout de ses adversaires.

 L’Italien et le Finlandais sont pleinement satisfaits de leur présence en FIA WEC. Si Gimmi Bruni a connu la Formule 1 (18 départs), la carrière de Toni Vilander en monoplace s’est arrêtée en GP2. Entre l’arrivée de pilotes de F1 en Endurance et leur plaisir de rouler en FIA WEC, les deux compères sont revenus avec nous sur le développement du Championnat du Monde d’Endurance de la FIA.

 Comment expliquez-vous cette arrivée soudaine de pilotes de F1 en Endurance ?

 Toni Vilander : « Il y a quelques années, j’ai discuté avec ma fédération nationale pour savoir vers quoi orienter les jeunes pilotes. Tout le monde rêve de Formule 1, mais les places sont comptées. Il fallait donc trouver une alternative. Avec une vingtaine de pilotes présents en F1, il faut bien trouver une autre discipline. Les courses d’endurance sont devenues aujourd’hui bien plus qu’une alternative. C’est terminé le plan B. On a maintenant Audi, Porsche et Toyota. Cela permet de vraies perspectives d’avenir pour les jeunes pilotes. Mark Webber a ouvert une nouvelle voie après celle de Giancarlo en GTE. Giancarlo aime vraiment l’Endurance. Après la victoire aux 24 Heures du Mans, il confiait jamais n’avoir pu imaginer une telle chose. »

 Gianmaria Bruni : « L’Endurance, c’est le « pure racing ». Je suis arrivé en 2007 où le niveau était déjà bon. Depuis quatre ans, c’est encore monté d’un cran. Non seulement on a des anciens pilotes de F1 qui viennent rouler, mais aussi des pilotes actuels. Le niveau du FIA WEC monte, aussi bien du côté des équipes que des pilotes. Même en GTE il faut se battre du premier au dernier tour. Les courses sont animées et serrées. C’est bon pour les jeunes comme on peut le voir avec James (Calado) et Davide (Rigon) sur la seconde Ferrari. En Endurance, on se bat au millième sur la piste avec quelques contacts, et le soir on se retrouve pour échanger autour d’un verre. Je n’avais jamais connu pareille situation dans ma carrière. C’est ça l’Endurance ! Ceux qui ne sont pas dans ce championnat ne peuvent pas comprendre. »

Vous gardez de bons moments de cette période GT ?

 Toni Vilander : « La victoire aux 24 Heures du Mans 2012 reste un grand moment pour moi après la sortie de piste des essais. Toute l’équipe AF Corse a reconstruit minutieusement l’auto et nous avons gagné. Deux ans après, nous avons réédité l’exploit avec le même équipage. Cette année, nous menions après 18 heures de course avec une avance inférieure à la seconde sur une Aston Martin. C’est un sentiment spécial de rouler en Endurance. Rien n’est joué jusqu’au damier. C’est du sprint sur une longue distance. »

 Gianmaria Bruni : « Nous avons vécu une année fantastique. Trois titres consécutifs pour AF Corse et trois titres pour Ferrari. C’est vraiment une saison incroyable. Le Mans reste la cerise sur le gâteau après une édition 2013 où nous avons perdu un ami en piste. »

Les regards sont maintenant tournés vers 2015 ?

 Toni Vilander : « On va voir ce que va donner la Balance de Performance, voir ce que l’on va être autorisé à faire. Je pense qu’il y a encore quelques domaines où l’on peut améliorer la voiture. On sera encore au rendez-vous en 2015, et certainement plus forts. Les essais débutent dans quelques jours. »

 Gianmaria Bruni : « Comme l’a précisé Toni, on peut encore faire mieux dans certains domaines, et c’est ce à quoi on va s’employer. On va aussi tout faire pour briller à Daytona en début d’année. »